La France a bouclé son budget in extremis, cette année des moyens originaux ont été mis en oeuvre comme le dîner de gala en Alsace ou la vente de couteaux siglés auxquels nous avons contribué mais force est de reconnaître que cela devient chaque année plus difficile. Dans certains pays les candidats sont livrés à eux-mêmes, les comités nationaux se débrouillent tant bien que mal pour trouver des sponsors. La France, dont la gastronomie a été inscrite au patrimoine mondial de l’ UNESCO, n’a pas de comité de soutien officiel, toutes les initiatives sont privées. Les ministères français ne se sentent pas concernés par cette épreuve reine, un peu comme si on envoyait nos sportifs aux Jeux olympiques mais qu’ils doivent payer leur équipement. Cette année le candidat français n’a même pas reçu le soutien de sa région d’adoption. Dans les pays scandinaves par contre les politiques s’impliquent, le prince de Suède est ainsi le Président du comité national.
L’Allemagne, grand pays, laisse son candidat régler ses frais de route pour rejoindre l’épreuve, l’Angleterre a appelé au secours dernièrement pour son financement, on ignore si cet appel a été entendu il a en tout cas été relayé par John Penrose, le ministre du tourisme. En attendant les écarts de budget entre grosses et petites écuries augmentent d’année en année (nous l’estimons au minimum à un rapport de 1 à 10), cette dérive inquiète et cela complique la tâche des petits pays. Certains abandonnent la compétition, le Luxembourg s’est ainsi désisté. Pour la 1ère fois une sélection nationale (l’Espagne) a déclaré forfait en septembre dernier à cause de leur manque de moyens et le candidat, qui a toute notre estime pour ce panache, se présente en free lance. Le chef andalou Juan Andrés Rodríguez Morilla qu’on voit ici en action lors de la sélection européenne à Genève marquera les annales en tant que premier chef à participer pour son propre compte à la finale mondiale du Bocuse d’Or.