Il me semble que l'on ne lit plus guère Pierre DANINOS, lequel, même de son vivant, avait, vu sa longévité, pris un petit côté posthume. Oublié aussi le major W. Marmaduke THOMPSON, qui assura la gloire de l'auteur, mais aussi l'enferma dans le carcan de son succès d'auteur humoriste.
C'est bien dommage.
C'est en vue de mettre à profit, si j'ose dire, un récent ouragan matrimonial, lequel avait échappé aux météorologues de l'affect, et a fortiori à l'auteur de ces lignes, que j'ai eu envie, une fois le calme revenu et mes hontes bues, de relire ce recueil de courts textes sur les mœurs conjugales des Français du milieu de vingtième siècle, et qui n'ont, tant s'en faut, pas si changé qu'on aimerait à le croire, et plus particulièrement celui qui s'intitule Le typhon des mers conjugales.
Il faut bien en rire, et, poussant la lecture plus avant, j'ai pu constater l'immense finesse du fin observateur du monde qu'était DANINOS. Mais c'est un style qu'on ne voit plus, on est plus habitué s'agissant d'esprit -- d'humour -- au marqueur qu'à la pointe sèche et, à cet égard, le modèle 1950 est plus près de MOLIÈRE que de nous.
« J'ai toujours voulu croire -- et je crois encore volontiers -- qu'il y a dans l'univers des maris qui placent les objets là où leurs femmes souhaitent les voir. Je n'appartiens pas, hélas ! à cette race de privilégiés. Il suffit en vérité que je range quelque chose quelque part pour que j'apprenne quelques instants plus tard que sa place est partout ailleurs, sauf là. J'ai longtemps essayé, en luttant avec opiniâtreté contre moi-même, de ranger les choses partout ailleurs -- avec le secret espoir de les voir bientôt remises là où je les désirais (tant l'esprit de contradiction est développé chez Sonia). Mais cette gymnastique est épuisante. Si le caractère d'une femme qui ne vous contredit jamais doit être aussi monotone qu'un autostrade saharienne, celui d'une compagne qui vous contredit toujours est aussi exténuant qu'une petite route de sierra espagnole. »En l'espèce, j'avouerai que Sonia, c'est moi. Je vous laisse sur la formule de Philippe MEYER: « que le ciel vous garde en joie. »