Sur
Dimanche soir, le film « L’ennemi intime » de Florent Emilio Siri montrait l’horreur de la guerre, quelques fois avec lourdeur, sans aucune concession et surtout pas celle de l’emploi de la torture d’un côté et des massacres aveugles de l’autre.
Puis, mercredi soir, le film « Harkis » d’Alain Tasma (2006). L’histoire d’une jeune fille prenant conscience que la vie de sa famille, des harkis dans un camp de réfugiés, n’est que successions de mensonges, craintes, humiliations et mépris, sur fond de misère.
Ce film est tiré d’un récit de Dalila Kerchouche « Mon père, ce harki » publié aux Editions du Seuil en 2003. Dalila Kerchouche, qui participa d’ailleurs à l’écriture du scénario est une journaliste et écrivain française, née dans le camp de Bias - une ancienne caserne désaffectée près de Villeneuve sur Lot, dans le Lot et Garonne. Il s’agit donc d’une œuvre autobiographique, dont le sujet était la relation des conditions de vie dont ont été victimes les harkis, anciens supplétifs de l’armée française, rejetés par les français, méprisés par les pieds-noirs et, le pire, haïs des émigrés algériens car coupables de traîtrise envers leur pays. Pauvreté, mépris, injustice, culpabilité… s’en sortir devient un challenge impossible, qu’elle a pourtant réussi. Voir l’interview qu’elle donna à Thierry Ardisson en 2003 dans l’émission “Tout le monde en parle “.
Elle soulevait aussi l’injustice faite aux femmes dans la mentalité arabe et la culture musulmane au travers du personnage de Leïla, L’héroïne du film, luttant pour refuser un mariage arrangé et poursuivre ses études. Dalila Kerchouche n’a d’ailleurs jamais oublié le sort des femmes musulmanes. Elle continue toujours son combat. Elle a ainsi publié un article, “Être féministe en Iran“, dans “Madame Figaro”.
Dalila Kerchouche au publié d’autres livres, tous plus ou moins liés à son expérience : notamment ” Leïla, avoir dix-sept ans dans un camp de harkis” aux Editions Du Seuil, et “Destins de harkis, aux racines d’un exil” en collaboration avec le photographe Stéphan Gladieu, aux Editions Autrement.
Dans le film, la jeune Leïla - jouée par la merveilleuse Leïla Bekhti, se révolte contre son père lorsqu’il décide de la marier. Mariage imposé, bien évidemment et, de fait, cessation de la scolarité.
Sur le même thème, de l’autre côté de la méditerranée, le cinéaste Ali Benkirane a réalisé une court-métrage « Amal » (qui est d’ailleurs je crois, une suite à « Amal al badiya », merci de me le confirmer) dans lequel le réalisateur s’attache également au sort des jeunes filles privées de leur liberté dont le seul destin est de travailler comme bonne ou soumise au mariage arrangé.
Amal, que vous pouvez visionner ci-dessous,
est l’un des 7 courts-métrages indépendants qui composent le film « Women interrupted » Sept histoires d’aujourd’hui, Sept femmes d’aujourd’hui, en confrontation avec les codes établis des sociétés qui composent le monde contemporain. Sept cinéastes ont été sélectionnés. Outre Ali Benkirane (Maroc), il y a Julian West (USA), Natasja Andre De la Porte (Pays-Bas), Burhan Qurbani (Allemagne), Stéphane Lapointe (Canada), Renaud Ducoing (France) et Iria Gomez Concheiro (Mexique). Quant au concept, il est du à la française Karine Allenbach. Outre le fait que de nombreux prix ont récompensé la plupart de ces courts-métrages, il est à signaler que l’équipe de « Women interrupted » sera à Cannes cette année et que le film vient d’être sélectionné pour la 38ème édition du Festival du Nouveau Cinéma de Montréal.