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Evan, Journal de bord d'un ange déchu.

Par Bordierlaurent

Je suis employé dans la bibliothèque de la ville et lorsque je m'absente, c'est Thomas, le seul intérimaire apte à comprendre mes fiches qui me remplace ; je n'irai pas jusqu'à dire que son désir serait d'être embauché...voire de me pousser du côté obscur mais il y pense parfois. C'est légitime et terrien surtout. Mon premier coma, cet appel, vint d'une façon assez étrange vers l'âge de seize ans. Nous étions, (Mélanie et moi) allongés côte à côte sur mon lit et dévorions un paquet de chips barbecue devant  Ally Mc Beal. Elle m'a tendu le paquet en me donnant un coup de coude puis voyant que je ne répondais pas, n'a pas insisté et a pensé que je m'étais endormi. Je me souviens surtout avoir répondu dans un vide total :

  • - Oh, Evan...des chips ?

  • - Bah oui, donne.

  • - Eh, tu veux des chips ?

  • - Oui, je t'ai dit ! Donne !

  • - Evan ! Tu dors déjà ?

  •   - Bah non...

Je me souviens surtout de cette voix venant interrompre ces monologues  - Evan...Mélanie ne peut t'entendre et cesse d'essayer d'attraper ce paquet bruyant. A cet instant, j'eus l'air un peu bête et me rendis rapidement compte que je n'étais plus.

Mon corps fut découvert le lendemain par ma mère, Marie-Ange, qui me secoua militairement à neuf heures en me disant : tu as deux heures de sport aujourd'hui ! Etrange que tu ne sois pas encore sous la douche. Je vous épargne la suite ;  les pleurs, cris, pompiers devant la maison avec sirènes hurlantes et enfin, analyse du paquet de chips.

Je sais bien que sceller un paquet de chips barbecue vous semblera stupide, mais comme l'avait dit un agent de la police scientifique à un pompier - S'il les a mangées, couché sur son lit, il y a de fortes probabilités pour qu'il se soit etouffé avec. 

Ce que le technicien omit dans son raisonnement est que nous ne nous séparâmes que très rarement de notre bouteille 1,5 de coca-cola : donc, le risque d'etouffement fut logiquement réduit à zéro...comme le coca d'ailleurs (qui n'existait pas à l'époque, mais que Méla achète par pack de six maintenant. ) Malgré tout, mon pauvre amour culpabilisa de ne pas avoir réagi à temps. Persuadée que je m'étais endormi devant notre série préferée, elle avait quitté la chambre aux alentours de vingt-trois heures me reprochant de me coucher comme les poules. Même encore aujourd'hui ! Elle râle et n'en fait qu'a sa tête, j'en ai pour preuve les sachets de Cat's like...

Elle fut convoquée à maintes reprises au poste de police avec les questions récurrentes du genre :

- Que faisiez-vous tous les deux allongés sur le lit ?

- On regardait le deuxième épisode d'Ally Mc beal...

-C'est tout mademoiselle ?

- Non, ce n'est pas tout. On mangeait des chips barbecue.

- Vous ne vous êtes pas inquiété de son état ?

- Non. Il a le droit de s'endormir devant une série et puis, il était quand même vingt -deux heures, nos parents n'en finissaient pas de discuter devant leur digestif alors...alors on a l'habitude de s'endormir tous deux sur le même lit.

- Vous sortiez ensemble ?

- Sortiez ? Sortez vous voulez dire ? Oui, nous sortons ensemble depuis que nous sommes voisins. cinq ans à peu près.


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