Suivant donc les conseils de El JC après ma déconvenue à l'écoute du Cauchemar d'Innsmouth, je me suis une nouvelle fois aventuré en territoire Lovecraftien avec, cette fois-ci, Les Montagnes hallucinées, toujours en version sonore.
Un petit coup d'oeil dans le rétro et force m'est de constater que mes réticences vis à vis de l'auteur et de ses écrits sont pratiquement toujours les mêmes : impression de lire toujours la même histoire, celle où un homme témoigne de l'horreur absolue dont il a été le témoin – horreur symbolisée par la réapparition des Grands Anciens -, style plombé d'adverbes et d'adjectifs censés se faire l'écho de l'innommable et de l'indescriptible, descriptions incessantes... Malgré l'implication du narrateur dans les événements qu'il relate, malgré sa volonté d'empêcher une nouvelle expédition scientifique en Antarctique, là où se trouvent ces montagnes hallucinées dont les dimensions défient les lois de l'entendement - mais bien moins encore que ce qu'elles recèlent - malgré tout ceci, j'ai une nouvelle fois été totalement imperméable à cette narration, trop impersonnelle à mon goût.
Et pourtant la qualité du livre sonore est là sur tous les niveaux. J'écoute des livres lus depuis quelque temps maintenant et jamais encore je n'ai vu un tel soin accordé à la réalisation d'un ouvrage, hormis peut-être pour Les Chroniques des ombres de Pierre Bordage, mais le concept n'était pas tout à fait le même non plus. Le livret fourni avec le CD donne à lui seul un aperçu du travail entrepris par les éditions Libellus avec notamment une présentation de tous les acteurs impliqués dans cette édition : l'auteur, les traducteurs Thomas Bauduret et Christophe Thill, le lecteur Philippe Bertin, l'illustrateur François Baranger (avec son esquisse au crayon du projet de couverture dans le rabat du digipack) et le compositeur Benoït Seyral. En dehors de la musique de présentation de l'ouvrage, le texte lui même est parfois accompagné de mélodies ou même émaillé d'ambiances sonores qui collent au récit et lui donnent du relief. Crépitements de radio lors des liaisons entre les différents intervenants de l'expédition ou bruits intrigants et inquiétants à mesure que le narrateur s'enfonce dans les montagnes, s'engouffre dans la Cité et se trouve confronté à...
Si le texte n'a pour sa part pas répondu à mes attentes, j'imagine que les passionnés de Lovecraft sauront, eux, être séduits, histoire d'attendre aussi une de ses nouvelles déclinaison, prévue et orchestrée par Guillermo Del Toro. Si l'aventure vous tente, n'hésitez pas non plus à faire une petite visite sur le site des éditions Libellus. Elle proposent d'autres incursions sonores en science-fiction. Reste à espérer que le catalogue s'étoffera pour ce mauvais genre, encore bien peu représenté sur support CD.