La scénariste de The Jacket (John Maybury) passe à la réalisation, ici, avec ce Last Night languissant (ronronnant ?), œuvre formellement très classe, poseuse mais séduisante, à l’esthétisme glacé, sublimé, saccadé. Une belle enveloppe, ouatée et soignée, pour un fond qui l’est malheureusement … un peu moins. Le quatuor d’amants torturés (casting impec’, de Keira Knightley à Sam Worthington, d’Eva Mendes à Guillaume Canet) ne possède ni la noirceur amère de ceux de Closer (Mike Nichols), ni l’intelligence fine du duo de Conversations with Other Women (Hans Canosa), servant ici simplement à une banale illustration d’un suspense un peu glauque, soit : qui de Joanna ou de Michael va tromper l’autre en premier au cours de cette fameuse nuit ? Privilégiant les cadrages, les visages, au message, la cinéaste opte pour une approche in fine superficielle de la notion de fidélité au sein du couple, se noyant dans des ellipses faciles et un cruel manque de subtilité. Icônes et incarnations conceptuelles, les personnages ne favorisent aucun processus d’identification, coincés derrière un mur de froideur, infranchissable, pénible. Cette absence totale de justesse, renforcée par une lourdeur dans le propos et une dissertation aux ficelles hénaurmes ( !) ne provoque alors plus qu’ennuis et lenteurs, annihilant le charnel, tuant dans l’œuf les frissons envisageables. Douche froide grandeur nature donc- qui ne surprend pas dans le bon sens lorsque l’heure des bilans sonne- Last Night s’englue pour finir dans des relents misogynes et des clichés, binaires et primaires, sur l’homme (animal et sexuel, point barre) et la femme (sacrifiée et amoureuse, point barre). Reste cette fraction de seconde finale, ce souffle coupé, suspendu, retenu ; une clôture majestueuse et silencieuse qui trouve enfin le mot juste dans son silence. Un peu tard, hélas.
(Sortie France: 16 février 2011).