Eric Zemmour a reçu le soutien de trente députés de la droite extrême, de Jean-Marie Le Pen, de Jean-Pierre Chevènement, de tous ceux qui sous prétexte de parler vrai, parle à tort et à travers. De travers dirait Coluche s'il était encore parmi nous. Eric Zemmour comparaît actuellement devant le tribunal correctionnel pour avoir affirmé que les Noirs et les Arabes se retrouvent majoritairement sur les listes des délinquants. Il avait même admis publiquement qu'un patron puisse refuser d'embaucher des Noirs et des Arabes puisque statistiquement, ils sont majoritairement délinquants.
Fort heureusement les statistiques ethniques n'existent pas en France et ces affirmations, qu'elles émanent de M. Zemmour ou de M. Chevènement, s'appuient sans doute sur les déclarations des syndicats de policiers classés très à droite ou pire encore sur le sentiment qu'ils éprouvent, comme un effet de l'air du temps. J'ignore quelle sera la suite donnée par les juges à la plainte des cinq associations antiracistes qui poursuivent Eric Zemmour pour « incitation à la haine raciale ». J'ignore s'ils entreront favorablement dans le raisonnement de M. Zemmour qui dit, évidemment, s'attaquer au « politiquement correct ». Comme si être antiraciste ne se résumait qu'à être « politiquement correct » ce qui semble impensable à un des plus remarqués histrions des plateaux-télé et des radios.
Les lois antiracistes ont pour but de permettre une vie en société régulée par ce qu'on appelle les apports de la civilisation et les droits de l'homme. On n'en est plus au temps des «bons» sauvages et des pères missionnaires. La décolonisation doit continuer de faire son œuvre dans les cœurs et dans les esprits. Les Noirs et les Arabes, est-il besoin de le souligner, sont des hommes comme tous les autres hommes avec les faiblesses et les qualités de tous les hommes. Sauf qu'en France, en 2011, les Noirs et les Arabes ont plus de difficultés que d'autres à avoir des papiers, plus de mal à trouver un travail, ils doivent faire plus d'efforts pour bénéficier d'un logement. Ils doivent se montrer exemplaires pour être acceptés par une société dont certains membres conservent des réflexes archaïques et continuent de distiller la haine et le rejet, de discriminer. Ceux-là sont-ils tous exemplaires eux-mêmes ?
Qu'un Jean-Pierre Chevènement perde les pédales me semble conforme à la logique qui l'anime depuis plus de 10 ans. Il offre le visage du naufragé qui croit encore compter alors qu'il n'est plus rien. Une logique de solitaire, d'incompris, une conduite d'amertume.