Son caractère
Quand Napoléon en prend pour sa muflerie : en 1818, le général baron Gourgaud quitte l’entourage de l’empereur prisonnier. Napoléon lui offre 500 livres. Le baron lui répond : « C’est trop pour mes besoins et pas assez pour mon honneur. »
Cipriani qui faisait partie de l’entourage de l’empereur a dit : « je ne crois pas en Dieu, car s’il existait, il n’aurait pas laissé vivre un homme qui a fait tuer tant de millions d’êtres. »
Le cardinal Consalvi, dans ses mémoires, a dit de Napoléon : « C’est l’homme de la spontanéité réfléchie. »
En 1917, Jules Bertaut, dans la préface de son « Napoléon, manuel du chef, Aphorismes » atteste au plus haut point la puissance imaginative de Napoléon et souligne le caractère d’amplitude de son esprit. Il est capable, écrit-il, d’embrasser à la fois et l’ensemble et les détails. Il accapare tout fait passant à sa portée, soucieux d’étendre chaque jour un peu plus le champ de son horizon, grisé par sa force et brûlant de l’exercer sans trêve.
De lui-même, Napoléon dira : « J’aime le pouvoir, moi, mais c’est en artiste que je l’aime. Je l’aime comme un musicien aime son violon, pour en tirer des sons, des accords et de l’harmonie. » Et aussi : « La froideur est la plus grande qualité d’un homme destiné à commander. » Ou encore : « Il n’y a que deux puissances dans le monde : le sabre et l’esprit. J’entends par l’esprit les institutions civiles et religieuses…A la longue, le sabre est toujours battu par l’esprit. » « Si vous ne vous faites pas craindre dès le commencement, il vous arrivera des malheurs. »
Napoléon n’aimait pas qu’on raconte ses faits et gestes. En 1810 les mémoires écrites par le Conventionnel Paganel ont été saisies et mises au pilori. L’empereur prétend être le seul historien comme le seul orateur et presque comme le seul acteur : ceux qui veulent s’instruire de nos gloires militaires n’ont qu’à lire mes « bulletins. »
Napoléon voulait faire de Paris la métropole du monde : « quelque chose de fabuleux, de colossal, d’inconnu jusqu’à nos jours. »
Pour lui tout devait être grand : la Grande Armée, la France : la grande nation. Il voulait édifier un palais (le Quai d’Orsay) qui aurait été une « splendide caserne » pour les ambassadeurs étrangers. Il voulait ouvrir sa voie impériale, une grande avenue tracée en ligne droite de l’Arc de Triomphe (en projet) à la Barrière du Trône (Place de la Nation, actuellement).
La Muette devait devenir une gigantesque vénerie, Bagatelle serait devenue son rendez-vous de chasse. Il eut voulu que tous les rois et le pape eussent leurs palais à Paris.
Anecdote : il interdit la moustache aux généraux.
L’empereur Alexandre de Russie, parlant des conversations de Napoléon : « Il disait les choses les plus opposées, sans songer qu’elles étaient contradictoires. » Il disait aussi à Alexandre : « Voyez, j’ai soin de brouiller mes ministres et mes généraux entre eux, afin qu’ils me révèlent les torts les uns des autres. J’entretiens autour de moi une jalousie continuelle par la manière dont je traite ceux qui m’environnent. Un jour l’un se croit préféré, le lendemain l’autre, et jamais aucun ne peut être assuré de ma faveur. » (C’est du Machiavel !)
Bonaparte disait : « Il faut faire quelque chose de nouveau tous les trois mois, pour captiver l’imagination de la nation française. Avec elle quiconque n’avance pas est perdu. »
Mme de Staël rappelait : « Bonaparte discerne promptement le mauvais côté de chacun ; car c’est par leurs défauts qu’il soumet les hommes à son empire. »
Elle ajoutait : « il savait se prêter aux circonstances ; il tournait l’obstacle quand cet obstacle était trop fort. Il s’arrêtait tout court quand le vent contraire était trop violent. Cet homme si impatient au fond de lui-même a le talent de rester immobile quand il le faut. »
Et elle concluait : « La nation n’était point éclairée sur ses intentions tyranniques. Beaucoup de gens assuraient qu’il préservait la France de l’anarchie. »
Joséphine en aurait rajouté une couche (d’après Paul Guth) : « C’est un homme qui n’a jamais été attaché qu’à lui-même, à lui seul,. C’est l’égoïste le plus dur, le plus féroce qui ait jamais paru sur cette terre. Il n’a jamais connu que son intérêt, son ambition… »
Chateaubriand attendra 1814 pour oser traiter Napoléon de : « Parvenu, faux grand homme, Moloch, Attila. » et même l’accuser de lâcheté.
Napoléon dira : « J’ai voulu que le titre de Français fût le plus beau, le plus désirable sur la terre ; que tout Français voyageant en Europe se crût et se trouvât chez lui. »
L’empereur a dit : « la France fourmille d’hommes pratiques très capables ; le tout est de les trouver et de leur donner le moyen de parvenir. Tel est à la charrue qui devrait être au Conseil d’Etat ; tel est ministre qui devrait être à la charrue. »