Le beurre, l’argent du beurre et cul du salarié

Publié le 19 janvier 2008 par Frednetick

Il fût un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître où les capitalistes ayant choisi la voie de l’investissement productif assumaient ce qui est encore la justification de leurs revenus (les dividendes) : Le risque.

Car voyez vous, les salariés eux sont “adverses au risque”, c’est à dire qu’ils ressemblent à ces poules mouillées dont on se moquait dans les cours de récréation. J’évoquais déjà la problématique dans une ancien post, nommé la liquidité le nerf de l’entube (je sais, c’est plein de poésie), mais je me permets d’y revenir, comme les mouches sur la confiture.

Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)

En effet, de mémoire d’ayatolla pro-libéralisme, le risque est le fondement de la rémunération de l’investisseur. Parcequ’il accepte de porter un risque (dont on a vu qu’il s’arrangeait fort commodément pour s’en libérer en le mutualisant), il est en droit de réclamer des avantages et des émoluments auquels les frileux ne peuvent pas prétendre.

Outre le fait que l’on subodore la frilosité salariale par la seule absence d’investissemnt de leur part (astucieusement enclenché tout de même par le biais de l’épargne salariale et la participation - bien utile quand elle se substitue à une part du salaire) sans évaluer s’ils en ont seulement les moyens, il s’avère qu’aujourd’hui, en plus du beurre, l’investisseur réclame bien plus.

L’invention concoctée pour cela s’appelle l’EVA, l’economic value added. C’est une bien belle construction intellectuelle qui permet d’ajouter les taux de rémunération d’actifs non risqués (style obligation d’Etat) et un taux moyen par domaine d’activité et de comparer tout cela au taux de rentabilité servi par une entreprise. Si l’EVA n’est pas positive, l’on pratique par compression d’autre facteurs, principalement la masse salariale. Rien de nouveau sauf que le calcul est effectué à priori. En d’autres termes, l’EVA est “intégrée” au bilan pour être sûr d’être positive.

Autrement dit la rémunération du capital est fixée “a minima”, permettant ainsi de s’affranchir de ce salopard de hasard qui fait rien que d’embêter les gentils capitalistes.

Pour ceux qui seraient durs de la comprenette, ceux qui assumaient avant le risque ont désormais inventé un outil qui leur garantit une rémunération minimale. Et pour ce faire l’on jour sur ce qui n’a pas la force de résister, les salariés ou à défaut l’investissement.

Une tendance assez marquée durant les dernières années où la pression actionnariale pour faire sortir de la richesse (actionnariale s’entend) a abouti à limiter les investissements au minimum.

On vous dira pourtant que le partage de la valeur ajoutée est restée constant entre salaire et revenus du capital (habituellement l’EBE), ce qui prouve par le chiffre que les gentils investisseurs ne sont pas devenus des méchants rapaces.

C’est oublier un peu vite que si les charges de personnel rentrent en ligne de compte dans ce calcul, oublier que les charges financières ont drastiquement diminué est un éccueil souvent reproduit. L’EBE dans les années 80 était en effet lourdement contraint par les taux d’intérêt élevés (près de 15%) alors qu’ils ont considérablement chuté durant la dernière décénie.

Avec un taux de marge de 38% en 1980 vous sortiez 23% de vraie marge, elle monte à 33 ou 34% dans les conditions actuelles de financement…

Et si la marge n’est pas au RDV, devinez qui baisse son pantalon?

Cacher cette brillante littérature