Le mouton noir victime de la guerre des gènes

Publié le 19 janvier 2008 par Namiride

Le déclin du nombre de moutons noirs dans les troupeaux sauvages d’Ecosse est dû à une guerre des gènes, ont conclu des chercheurs de l’Université de Sheffield.

La population de moutons Soay sauvages sur l’île de St-Kilda est pratiquement restée la même au cours des 4.000 dernières années, une aubaine pour les scientifiques en terme d’étude des phénomènes d’évolution et de sélection naturelle.

Près de trois quarts des moutons sont sombres mais les chercheurs ont été étonnés de voir leur nombre diminuer. Etant de plus forte corpulence, leur lignée devrait logiquement avoir l’avantage de perdurer, et mieux résister à la rigueur hivernale.

“S’il est préférable d’être fort, les sombres sont plus forts, nous devrions donc voir le nombre de moutons noirs augmenter”, explique Jon Slate, membre de l’équipe dont l’étude a été publiée dans le journal Science.

Décidés à résoudre cette énigme, les scientifiques ont analysé les différents gènes responsables de la couleur des ovins. Comme tous les animaux, les moutons héritent de gènes de chacun de leurs géniteurs, qui sont soit des gènes “sombres” soit des gènes “clairs”.

Les chercheurs ont déterminé que le gène responsable de la fourrure “sombre” est dominant, ce qui signifie que les moutons sombres détiennent soit deux gènes “sombres” soit un “sombre” et un “clair”.

Mais ils ont également découvert que le gène “clair” confère une meilleure santé générale à l’animal, faisant de la combinaison des deux gènes un avantage en terme d’évolution de l’espèce.

Ce qui explique le déclin du nombre de “moutons noirs” puisque ceux qui ont une paire de gènes “sombres” auront tendance à être en moins bonne santé, malgré leur corpulence, dit Slate qui avoue que l’équipe n’a pas découvert pourquoi le gène “clair” déterminait une meilleure résistance physiologique.

“C’est un exemple de tendance allant contre l’intuition tout en étant cohérent avec la théorie de l’évolution”, a-t-il expliqué. “Cela explique pourquoi nous observons parfois des choses à l’encontre des prédictions d’évolution. ” (Reuters)