L'humilité caractérise celui qui est dépourvu d'orgueil et qui est conscient de ses limites.
Elle est une vertu qui nous donne le sentiment de notre faiblesse et de notre insuffisance.Mais l’humilité est aussi l’intelligence de celui qui ose. La modestie, quand à elle, est l’orgueil de
celui qui n’ose pas.
Tariq Demens, Diaphorismes, p. 76
Être humble, c’est donc d’abord comprendre les limites inhérentes à sa propre condition. En cela l’humilité est, déjà, une
intelligence. Mais cela ne suffit pas. Comprendre ses propres limites, c’est aussi le risque de s’y laisser enfermer.
Dans les tragédies grecques, l’arrogance de celui qui prétendait dépasser sa condition - le péché d’ubris - était
sévèrement puni par les dieux. Entre la modestie de celui qui ne s’aventure pas au-delà de ses propres limites et le délire de toute-puissance de celui qui refuse de les reconnaître, il y a une
autre voie, celle de l’humilité.
Le véritable acteur a conscience, au moment d’entrer sur scène, que tout ce qu’il sait, tout ce qu’il sait faire, tout ce
qu’il maîtrise, tout cela est cruellement insuffisant. Pour que la magie ait lieu, il faut plus. Cela ne peut lui être donné que s’il se dispose à le recevoir et cela appartient au mystère. Il
s’agit de la présence, de la justesse qui révèle la grâce.
Pour compléter, « vous devez vous souvenir que cela n’arrive pas seulement à cause de votre travail, c’est une Grâce ! Le
travail crée une situation propice. Pour atteindre la Grâce, un dur labeur est nécessaire, mais ce qui est réel arrive par la Grâce. C’est un paradoxe difficile à comprendre ! »
Osho
Rappelez-vous que la vie est une grâce accordée et non un dû. L’humilité de le reconnaître nous met en résonance pour afin
de sentir et de recevoir l’inspiration.
Comme le mentionne Denis Marquet, la Grâce est une intelligence de la vie, du pouvoir créateur de la vie. Ne requiert-elle
pas l’inspiration et donc l’humilité qui en est le terreau ?
En qualité d’intervenants, accompagner les personnes sur leur chemin de vie professionnel et personnel demande de notre
part une grande humilité. L'ego est aux aguets dans la récupération systématique de tout écart. Nous assistons à une prolifération de classification de tout type où même les plus attentifs
doivent prendre garde de ne pas s’y méprendre. Les mêmes mots galvaudés, ressassés perdent leur sens. Qui plus est, au-delà de perdre leur sens, ils sont souvent utilisés à tort pour séduire et
tromper. Qu’est-ce que le leadership, la motivation, le coaching, le méta-coaching, la consolidation d’équipes, le cheminement spirituel, l’art de la séduction, le coaching de vie, la thérapie.
Juste des boîtes de classification, à la mode le plus souvent, pour tenter de faire croire d’un côté comme de l’autre que tout est clair ! Loin de là, juste une réponse pour renforcer une
pression à la conformité ou remplir le vide de chacun !
Toutes ces approches ont montré leurs limites depuis longtemps ! De l’humilité, de l’humilité,.. s’il vous plaît !
Intervenants, nous sommes tous responsables de cet état. A force de vouloir briller au soleil dans un métier qui n’en est pas un, nous contribuons à la superficialité et à la fermeture de ce qui
est essentiel : le coeur !
Ce métier est avant tout une passion de l’humain, encore faut-il être conscient de ce qui nous amène à être sur ce
territoire de l’humain. Il y a une grande responsabilité collective à l'accompagnement d’autres, juste le temps qu’il faut, à la manière du loup, et non en dispensateur de formules
magiques.
Pour cela, rappelez-vous la différence qu’il y a entre le contenant et le contenu. Le contenant, c’est votre coeur. Le
contenu, votre mental, tout ce que vous avez accumulé. Quand vous réalisez la distinction entre le contenu et le contenant, vous avez la connaissance. C’est alors que peut apparaître la
spontanéité. La spontanéité de la présence veut dire avoir perdu la tête du mental. C’est alors que l’on découvre que le coeur suggère en permanence la réponse juste, la parole adéquate et la
décision appropriée.
Retenez que nous ne sommes pas tous égaux face au changement. Nous changeons tous, certes, mais pas à la même vitesse et
surtout pas pour les mêmes raisons. Accompagner les personnes dans cet espace demande, donc, cette humilité et cette intelligence du coeur, aussi la maturité et la force d’âme.
Comme le nomme Fred Pellerin dans son dernier album, «C’est dans le brouillard et le silence que la réponse est belle». Je
compléterai en disant que ce n'est pas la réponse qui est importante mais la question, juste la question. Et le plus difficile ... la capacité de rester avec la question !
Et retenez que, lorsque la réponse vient, elle ne peut venir que de l’intérieur. Méfiez-vous toujours de celui qui vous
apporte la réponse !
On ne peut enseigner que le chemin que l’on a fait soi-même. C’est pour cette raison, que l’on soit dans le domaine
organisationnel ou du développement de soi, que changer de comportements n’est pas affaire de technique. L’art du management en douze règles, de la séduction en quinze chapitres et de l’orgasme
en 22 attitudes conduit à un maintien des personnes dans un cercle de dépendance.
Changer demande du courage et surtout d’accepter de sortir de l’illusion. Avoir le courage de ne rien savoir, s’avancer
vers l’inconnu en dehors des sentiers battus, porté par une vision plus proche de la réalité !
Bonne humilité !
Doha Khan
Samasati