Magazine Journal intime
Dernier né d'une famille brisée de l'Alabama, Wilson Pickett crée une petite révolution avec l'incandescente Midnight Hour. Sa voix râpeuse, son apparence frappante et sa soul hargneuse n'étaient que des détails. Le 12 mai 1965, les membres de son groupe inventent pour cette chanson un nouvel équilibre de la musique rhythm n'blues, en accentuant le « 2 », idée qui était venue au réalisateur Jerry Wexler en regardant des jeunes danser. Remarquez que si le « 2 » est accentué dans la musique noire depuis les balbutiements du jazz, dans le cas de Midnight Hour, il faut plutôt parler d'un « 2 »… écrabouillé ! Le groupe est formé de Steve Cropper à la guitare, Donald Dunn à la basse et Al Jackson à la batterie. Isaac Hayes tenait la B3.
C'est au niveau littéraire que ça bascule. Jusqu'à cette date, les textes de la musique pop restent plutôt timorés et pleins de bonnes intentions. Les quelques allusions grivoises sont toujours bien dissimulées ou restent de l'ordre de la tendre métaphore. Le What I'd Say de Ray Charles en est un exemple patent. Pickett va faire craquer les murailles en déclarant de façon limpide dans son texte qu'il va attendre la nuit et se pointer, quand y aura plus personne, après quoi, ben… Ça va chauffer, les petites ! Ça va dégouliner !
Parmi les autres immenses piliers de la musique pop qu'on lui doit, voici les monstrueuses, dyonisiaques, marécageuses, impies, délirantes, sublimes…
Mustang Sally
et…
Land of 1000 Dances
—© Éric McComber