Écrit par Cameroon Tribune
Jeudi, 13 Janvier 2011 22:16
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Près de trois heures de temps. Mais pour une dédicace, il faut avouer que la rencontre était particulièrement émouvante, avec notamment le témoignage de Anne Lucresse Ntep, Miss Cameroun 2009, sur son expérience du harcèlement sexuel. Certes, la jeune fille parle d'un cadre extra universitaire, mais ses bourreaux, qu'elle ne nomme pas, pourraient se recruter parmi les universitaires. En tout cas, comme d'habitude, la Miss 2009 dénonce la complicité de la présidente du Comité d'organisation de Miss Cameroun, qui prend de l'argent à des hommes contre une nuit avec la Miss. « Tout refus entraînait harcèlement sexuel et des menaces de toutes sortes, parce qu'ils ont payé pour cela », se souvient Anne Lucresse. Des souvenirs traumatisants, qui l'obligent à éclater en sanglots dans l'amphi 700 de l'université de Yaoundé I, bondé de monde. Des universitaires, des journalistes, des amis et surtout des étudiants, venus nombreux mercredi pour la dédicace du dernier ouvrage du Pr. Jean Emmanuel Pondi, "Harcèlement sexuel et déontologie en milieu universitaire ", paru en 2010 aux éditions Clé à Yaoundé. Edité également en anglais, le livre se vend en librairie à 2.500 F.
Le ballet des témoignages des victimes de harcèlement sexuel en milieu universitaire a aussi vu le passage d'Elise Mballa Meka, ancienne étudiante. La PCA de la Sociladra dit être venue juste pour confirmer que le témoignage publié dans l'ouvrage est bien le sien. Par ailleurs, elle a expliqué aux étudiantes que « le harcèlement pour une femme c'est toute la vie. Il vaut mieux s'y préparer et se forger une personnalité afin d'y faire face ».
Le Pr. Marcelline Nnomo, préfacière de lu livre, a félicité l'auteur pour sa témérité, son courage à lever le silence impardonnable sur le phénomène de harcèlement à l'université tout en levant ainsi un tabou qui pèse depuis 40 ans dans le milieu. Elle salue aussi la méthodologie de la narration, digne d'un pédagogue. « Il commence par des témoignages, puis la définition des termes, recherche les causes, évolue vers les conséquences et loin de se contenter de dénoncer, le Pr. propose des issues de secours et des voies de recours aux victimes du harcèlement sexuel », explique le Pr. Nnomo pour qui « cet ouvrage fera date ». Le recteur de l'université de Yaoundé, président de cérémonie, s'est dit tout aussi satisfait de l'initiative et de la qualité du document.
Pour sa part, l'auteur a juste tenu à lever les équivoques : « Ce livre n'est pas un ouvrage de sociologie, ni un moyen de fustiger qui que ce soit, encore moins les collègues. Mon ouvrage déplore l'activité de la minorité, qui éclabousse le travail des autres. Et à cause des conséquences du phénomène, il était nécessaire d'en parler ».