Solitude gay

En France, le Premier ministre François Fillon a annoncé le 22 décembre 2010 que la lutte contre la solitude était déclarée Grande cause nationale 2011.

Ce label, attribué à plusieurs associations de lutte pour la protection de l'enfance, des SDF ou encore des handicapés, offre à ces associations les moyens de mener des campagnes de communication pour sensibiliser l'opinion publique à la nécessité de leur combat, et s'engage à leurs côtés pour les aider à mener leurs actions extrêmement importantes.
L'association SOS Homophobie rappelle que "parmi les personnes souffrant de solitude aujourd'hui en France, il y a aussi des lesbiennes, gays, bi et trans qui se comptent par centaines de milliers".
L'association précise, listant une série d'exemples "Nous pensons notamment à celles et ceux qui nous ont contactés au cours des derniers mois pour nous parler de leur mal-être, de leur isolement, de leur exclusion.
- Amid, 15 ans, en seconde dans un lycée où aucun professeur ne réagit quand il se fait traiter de "sale pédé" devant toute sa classe et qui n'a pas encore fait son coming-out, est seul.
- Isabelle, 23 ans, qui n'a pas dit pendant plusieurs années qu'elle avait été violée par trois hommes parce qu'elle était lesbienne, est seule.
- Marjolaine, 32 ans, qui a perdu son emploi suite à une demande de changement d'état civil pour y inscrire son changement de sexe, est seule.
- Laurent, 40 ans, qui craint de ne plus pouvoir voir ses enfants parce que son ex-femme le juge "détraqué" depuis qu'il assume son homosexualité, est seul.
- Caterina, 53 ans, qui n'a jamais pu dire en trente ans de carrière dans son entreprise qu'elle aimait les femmes, est seule.
- Philippe, 60 ans, dont les parents ne veulent plus entendre parler de lui depuis qu'il leur a présenté son conjoint, est seul.
- Jacqueline, 73 ans, dont la partenaire de PaCS vient de décéder et qui ne peut pas toucher sa pension de réversion, est seule".
Pour SOS Homophobie, "lutter contre la solitude, c'est aussi lutter contre l'homophobie".
L'association poursuit en disant ce qu'il faudrait enfin pour que cette solitude soit un peu soulagée "Ne plus considérer les personnes lesbiennes, gays, bi et trans comme inférieures aux personnes hétérosexuelles. Accorder l'égalité totale, juridique et réelle, que l'État se doit d'assurer à
chacun(e) de ses citoyen(ne)s. Cela ne coûte pas d'argent, peut être fait dans de brefs délais et avoir d'immenses conséquences dans le quotidien de centaines de milliers de Français(es). Mais pour cela, il faudrait du courage et de la volonté politique".
Elle conclut "En 2011, les personnes LGBT sont délaissées par les pouvoirs publics. Elles continuent d'être seules".
Les gays, les lesbiennes et les transgenres seront ils encore, pour cette cause nationale, les oubliés?
Cela risque fort d'être le cas dans notre pays où l'égalité pour les LGBT, pourtant promesse électorale de Nicolas Sarkozy, est bien loin d'être réalisée, voire même remise en cause.
La solitude est encore plus dure à supporter quand on ne peut confier sa différence sachant qu'elle sera un motif de rejet, ou quand l'ayant dévoilée, l'on est rejeté et même persécuté pour cela.
Et surtout quand l'État ne fait rien pour que l'égalité soit réelle.
Souvent alors, on se replie sur soi, dans l'isolement.
Cette exclusion est inadmissible.
Seigneur, à quand l'égalité et la fraternité promise par la République?