Cela fait un moment que je voulais parler de Divas Magazine. A chaque fois, j’ai commencé à écrire et puis je me suis ravisée, au nom du sacrosaint « Devoir de réserve » que je me dois d’appliquer envers tous les magazines qui sont de près ou de loin proches de FBLK . Mais là vraiment, là c’est trop .
Divas, c’est le magazine que je feuilletais chez les tatas le dimanche, pendant que je me faisais coiffer pour la semaine suivante. Il a été parmi mes premiers contacts avec la presse féminine, voire la presse en général . Et bien qu’à l’époque, je ne comprenais pas grand chose aux articles tels que « Comment soigner les effets indésirables de la ménopause », ce magazine faisait partie de mon environnement et de mes lectures occasionnelles . Puis un jour, il a disparu . Plus de publications . Faute à quoi ? Mauvais chiffres de vente, problèmes internes… bref .
Quelle ne fût pas ma surprise donc, l’an dernier, alors que je faisais ma ronde habituelle du Relay du coin, de tomber sur un..DIVAS Magazine. D’abord hésitante, je saisis un exemplaire et me rend bien compte à l’évidence : le magazine de mon enfance est de retour ! Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il s’agisse de ma madeleine de Proust, mais bien sûr, l’effet « Nostalgie » m’a poussée à acheter le numéro sans même le feuilleter dans le détail .
Et puis en parcourant le magazine, je m’attarde sur l’article consacré à..Chantal Biya, la 1ère dame Camerounaise. Faut préciser qu’elle faisait la couverture avec Michelle Obama . On a donc droit à une véritable Béatification de Sainte Chantal, sainte parmi les saintes ( en tailleur Chanel ) , qui défend la veuve et l’orphelin . Qu’on ne m’accuse pas de faire du mauvais esprit, je suis au courant du combat honorable que mène Mme Biya . Mais cet article en faisait tellement dans le genre lèche-escarpin, j’ai fini par me retrouver à fouiner sur Google pour savoir si la 1ère dame n’avait pas par hasard investi dans ce magazine…
Je n’ai rien trouvé, mais au cours d’une conversation avec quelqu’un d’assez introduit dans ces affaires, j’apprends qu’effectivement, elle serait en grande partie à l’origine de la renaissance de la parution . A-t-elle investi directement ? A-t-elle fait jouer son influence/réseau pour que Divas retrouve un éditeur/un intérêt pour d’éventuels financiers ? Allez savoir . Bref, j’ai été dans l’ensemble assez déçue de voir comment ce magazine avait tourné . Puis j’ai acheté le 2ème numéro, puis le 3ème..et à chaque fois… un article sur..Chantal Biya, sur sa « biographie », sur sa popularité auprès des petites gens, sur ses voyages, ses bons rapports avec Michelle Obama ou Paris Hilton, son admiration pour Beyoncé…bref, çà a commencé à sérieusement m’agacer. J’ai donc décidé de ne plus acheter Divas .
Je ne sais donc ce qui m’a poussée à aller traîner dans un kiosque à Orly. Je me retrouve face à face avec une cover sur laquelle je reconnais…Beyoncé, époque B.Day . D’abord étonnée qu’un magazine se serve d’une photo aussi vieille pour sa couverture, je vois sur le côté un sujet consacré au nouveau pouvoir des chanteuses afro-américaines..
Avouez-le, le titre était plutôt accrocheur .
Je me disais qu’on allait avoir droit à une enquête de fond, sur comment la popularité mondiale de Beyoncé ou Rihanna influe sur les mentalités ( en bien ou en mal ), sur la consommation et sur la perception de la femme noire en général .
3 euros plus tard, je me prends de jolies claques . Par où commencer ?
ENCORE CHANTAL BIYA ? Mais bordel , elle les paye à la commission ou quoi ?
Et non seulement, on lui fait encore et toujours de la lèche , vantant sa proximité avec la 1ère dame des Etats-Unis, mais on la retrouve 18 pages plus tard, en train de se promener au bord d’un lac à Montreux, entourée par sa cour .
Je passe sur les articles complètement INUTILES à-propos des actions humanitaires du couple Bill & Melinda Gates ( « Des milliardaires au grand coeur »..non, vraiment ? ) , sur l’inégalité des sexes dans le monde du travail et l’énième sujet sur la prostitution des africaines fraîchement débarquées ( on dirait un copié-collé du bouquin d’Amélie J. Koh-Bella ) .
Puis, on arrive sur le 1er GAG de ce numéro, quelque chose que je n’ai JAMAIS VU depuis que j’ai commencé à lire la presse . DIVAS a une rubrique MODE, rien de surprenant pour un féminin . Mais alors . J’vois des mannequins blancs pages après pages . Le stylisme est correct mais je me demande comment un magazine adressé à des femmes mûres africaines peut contenir autant de jeunes femmes tout sauf africaines justement …
En fait, chez Divas, ils ne se sont pas cassés la tête. Ils ont carrément publié à la chaîne , le LookBook de Nina Ricci et celui de Fendi . Allez hop hop, on vous fait des copies ( floues et de mauvaise qualité qui plus est ) de deux catalogues et voilà la rubrique MODE réglée . Pas de texte, pas d’explications, en gros , on bâcle le travail et puis « oh les lectrices se demmerderont hein ».
Je n’ai JAMAIS vu çà de ma vie dans un magazine, çà dépasse l’entendement mais ce n’est rien à côté de la suite .
En fait la vraie raison de mon article…ce sont ces fausses publicités qui peuplent le numéro . Jugez par vous-mêmes..
Non mais vraiment, ils sont SERIEUX ? Quel est l’intérêt de placer des FAUSSES PUBLICITES dans un magazine ? Je sais que c’est courant, mais vraiment, tant qu’à faire, pourquoi ne pas publier des publicités « crédibles » ? Quel est ce manque de professionnalisme ? Vous avez déjà vu LOUIS VUITTON faire ce genre de visuels ? Les sites qui publient les dernières campagnes des grandes marques de luxe, c’est quand même pas çà qui manque sur internet bordel ?! Admettons même qu’ils ne le sachent pas, ne pouvaient-ils pas acheter un VOGUE/Numéro/L’Officiel/Figaro Madame, en arracher les pages pubs puis les scanner ? Je sais pas moi !
( Visiblement, la personne qui a écrit ce long – et assez creux- article n’a pas jugé utile de choisir des photos récentes pour illustrer ses propos. Alicia Keys, Nicki Minaj et surtout Rihanna ont « légèrement » changé depuis..) .TOUTES les publicités du magazine sont floues, certaines sont carrément montées de toutes pièces ! Est-ce pour faire plus « sérieux » auprès de la lectrice ? Est-ce par stupidité ? Je n’en sais rien. Je ne parle même pas du magazine en lui-même qui est à ¾ écrit par des pigistes étrangers ou anglosaxons .
Bref. Ce qui me révolte là-dedans, c’est que la plupart des magazines destinés aux femmes noires en France , avancent toujours le problème du manque de moyens pour justifier leur manque de qualité optimale . Or ici, je suis dé-so-lée, ils sont édités par une S.A. Ayant 10 millions d’euros de capital . Le directeur de publication, Blaise-Pascal Talla, n’est pas un novice ( quand je naissais, il travaillait déjà au sein de la presse africaine ). Ce n’est donc pas un problème de moyens, ni de capacités . Là, c’est de la pure négligence et pour cause, qui va s’en plaindre ? Moi je le fais, mais je ne suis même pas dans leur cible et je suis isolée de toute façon, alors à quoi bon se remettre en question ? En fait, je trouve cela très semblable à l’esprit d’entrepreneuriat à l’africaine . Il n’y a aucune conscience du travail bien fait, aucune humilité, aucune volonté de voir le public comme des consommateurs ayant DROIT à un minimum de qualité . En dehors des plaintes judiciaires auxquels ils s’exposent, Divas Magazine vient de démontrer pourquoi ils auraient dû ne JAMAIS ressusciter d’où ils s’étaient enterrés .
Putain, 3 euros pour « çà » .
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 10 février à 19:21
Je ne remarque plus les revues Divas en Haiti, n'y a t il plus de commande? Cela me manque énormemment, je voudrais savoir quoi faire pour en recevoir? Merci.