Une anthologie historique de la poésie française

Publié le 13 janvier 2011 par Sébastien Michel
Xavier Darcos, éd. Puf
A partir de 27,55 euros sur amazon.fr

Xavier Darcos convoque un grand conseil... des poètes. Habitué des réunions au sommet, l'ancien ministre aujourd'hui ambassadeur de France, est aussi l'émissaire des beaux vers. Homme politique et poétique, il commence sa préface par présenter les rivalités historiques des poètes avant de confronter la poésie française à celle d'autres cultures. Sa réflexion suit donc le processus de la confrontation ou comment frotter deux silex pour en percevoir l'étincelle. Dans cet effort pour capter l'âme de notre poésie, on discerne une incroyable érudition de l'auteur, et de conclure par cette phrase qui redonnera du baume au cœur des enchanteurs lyriques de notre mère patrie :  « notre littérature est poésie comme l'allemande est philosophie ».   Si la poésie française a d'aussi beaux échos, c'est parce que ses poètes ont su capter leur vie et leur humanité de façon unique. L'auteur se lance alors dans une énumération à la Prévert des fêlures et désespoirs de nos poètes fétiches. La souffrance est une nourriture amère, l'inspiration des abîmes que l'auteur transcende pour créer l'œuvre unique. « Qui chante son mal, l'enchante ». L'ancien ministre de l'éducation a aussi droit de cité dans le domaine de la santé ! Il faut dire que sa parole pédagogique, nourrie de mille références, fait du bien car il nous mène sur des sentiers balisés à la rencontre de cimes vertigineuses, les versants inconnus et les images stupéfiantes des créateurs du verbe. Car la poésie qui viole les codes usuels, qui est une révolte du langage a besoin des lumières de l'initiateur pédagogue pour accéder à  ses finesses et à ses plaisirs. C'est ainsi un immense dialogue entre les auteurs qu'il met en lumière entre les grands auteurs de notre patrimoine, comme s'il reliait chaque perle, chaque fragment que constitue le poème pour en montrer un panorama éblouissant. Ce travail d'anthologie exige donc le savoir-faire d'un orfèvre : il s'agit de présenter la griffe de l'artiste et de choisir au mieux l'un des morceaux qui exposera le plus précisément le « vouloir-dire » du poète. Et ce tour de force est sans nulle doute réussi, quand on découvre ou redécouvre des vers endormis depuis notre jeunesse scolaire qui prennent alors une saveur plus exquise. On aura, au gré de cette lecture, envie de retenir un sonnet amoureux de Labé, une stance du « généreux » Corneille ou un vers de l'insoumis Rimbaud. Et puis on apprend aussi à lire ceux que l'on connaît le moins et qui sont pourtant les plus proches, nos contemporains, dilués dans une effervescence anarchique. L'histoire a malgré tout retenu quelques noms. Enfin cette passionnante promenade au cœur de la langue des voyants peut être un premier contact vers des hommes que l'on aimerait approcher plus exactement dans leur humanité. Cette excellente anthologie ouvre ainsi la porte à tous les recueils de poèmes.