Ses deux premières demandes avaient été rejetées par la Cour Suprême birmane. Aung San Suu Kyi vient d'en déposer obstinément une troisième.
“Je suis capable d'une grande persévérance”, avait-elle déclaré en souriant aux journalistes et à plusieurs de ses interlocuteurs ces dernières semaines.
La “Dame de Rangoun”, dont les 15 années de privation de liberté n'ont entamé ni les convictions ni le moral, a déposé, jeudi, un troisième recours contre la dissolution de la Ligue Nationale pour la Démocratie, mesure annoncée en mai 2010 par le pouvoir en place.
Cette sanction avait été prise en raison du refus de la LND d'accepter les nouvelles régles électorales.
Celles-ci l'obligeait, entre autres, à exclure purement et simplement Aung San Suu Kyi de son propre Parti, afin d'avoir le droit de présenter des candidats!
Aung San Suu Kyi et la LND avaient alors décidé de boycotter les élections.
A la grande joie, d'ailleurs, de la junte militaire dont c'était l'objectif inavoué.
Et un, et deux et trois recours!
C'était compter sans la tranquille mais inébranlable volonté de la Dame de Rangoun.
Après un premier recours déposé par ses avocats en août 2009 - rejeté par la Cour Suprême -, Aung San Suu Kyi en avait déposé un second, quelques jours après sa libération en novembre dernier - lui aussi rejeté -.
“Mais elle continuera le processus judiciaire jusqu'à son terme” avait prévenu son avocat, Nyan Win.
Ce qu'elle vient de faire en déposant, à Naypydaw, siège du Gouvernement et de la Cour, un troisième recours.
Pour le moment, la Ligue Nationale pour la Démocratie continue de fonctionner au grand jour et a ouvertement pignon sur rue à Rangoun, dans son local historique où les militants se réunissent et où les journalistes du monde entier viennent rencontrer Aung San Suu Kyi.
Comme quoi, il peut être simple, quand on est une junte militaire, de dissoudre judiciairement un Parti démocratique historique, mais beaucoup plus difficile de faire taire la voix de la démocratie.