Magazine Culture
25 Four Tet : There Is Love in You
Je ne vais pas prétendre que There Is Love in You est un disque génial. Pas même que c'est un disque innovant. Il est juste précis et bien dans son époque. L'argument aurait été pauvre si Four Tet avait était un jeune artiste à peine découvert, un inconnu tirant profit du son des autres pour pointer le bout de son nez, seulement Four Tet est un artiste confirmé et reconnu : cela change complètement la donne. Il n'est pas un profiteur mais un passeur, qui aurait pu tout aussi se bien ne pas s'intéresser au dubstep et à la nu-house de Joy Orbison ou Floating Points. Kieran Hebden témoigne ainsi avec prudence de sa curiosité et de sa maîtrise, via un disque racé et éclectique, mélancolique et pointu. Sans se renier, il continue à vivre avec sa modernité anglaise, avec ce talent indéniable pour rester au contact des autres sans être une éponge imbécile. There Is Love in You est en cela un disque profitable et je dirais même pédagogue.
24 Natural Snow Buildings : The Centauri Agent
Je suis encore bien incapable de dire si The Centauri Agent est une œuvre magistrale ou un objet mineur. Les deux à la fois, peut-être, simultanément une expérience totale et un truc qu'on distribue gratos de peur que ça n'intéresse personne. Les Français Mehdi Ameziane et Solange Gularte ne sont en effet pas à leur coup d'essai, tous les ans ils nous sortent des heures et des heures d'ambient-folk à toutes les sauces, à travers des déambulations soniques aussi fascinantes qu'interminables. The Centauri Agent ne déroge pas à la règle, il n'est pas meilleur, pas moins bien que d'habitude. Est-ce une raison pour être blasé ? Pas sûr, parce que The Centauri Agent est encore une fois un album irradiant et radical, entre soundscapes psychédéliques et folk céleste, qui trouve dans sa tendance à l'épuisement les raisons même de sa beauté – il faut bien se coller aux cent minutes de ce disque pour en saisir toute sa portée. Si vous êtes plus sensibles à l'aspect ambient, je vous renvoie aussi à Philip Jeck et au très riche An Ark For The Listener. Si vous préférez les guitares et le chant, Liberty Rose de MV & EE vous convaincra beaucoup plus (et surtout il est court !).
23 Twin Shadow : Forget
Toro Y Moi : Causers of This
Soundpool : Mirrors in Your Eyes
Chillwave, Tweegaze, revival machin truc, si on parlait de pop à la place ? Tous ces faux mouvements sans consistance, ça nous éloigne de ce fait simple qu'il y a des disques qui sont bons et d'autres qui sont chiants. Parmi les bons, Forget de Twin Shadow et sa synth-pop 80's pas trop rétro, bien équilibrée et composée. On pense à beaucoup de choses sans jamais avoir de nom qui fasse éclipse aux talents de songwriter de George Lewis. Je recommande vivement. Bonne surprise aussi : Toro Y Moi, projet « chill » un peu limité vocalement mais au niveau de production assez bluffant. Chazwick Bundick a tout compris au groove funk et à l'abstract hip-hop d'aujourd'hui, et ça donne une profondeur inattendue à son disque hype. Troisième album qu'on retient ici, Mirrors in Your Eyes de Soundpool, dont le cahier des charges est simple (on est surpris que personne y ait trop pensé avant) : mettre des basses disco sur le shoegaze de Lush. C'est super efficace et c'est déjà ça de pris.22 Kings Go Forth : The Outsiders Are Back
Du revival, encore, le revival soul qui a lieu depuis quelques temps. Je n'ai pas particulièrement d'inimitié pour Aloe Blacc ou Plan B ; je trouve même leurs albums plutôt réussis ; j'ai juste une réserve concernant leur état d'esprit : pourquoi se prennent-ils autant au sérieux ? C'est agaçant. J'ai découvert Kings Go Forth avec l'impression inverse – ils n'auraient pu être qu'un cover band ça n'aurait pas changé grand chose. Déjà, nous parlons d'un collectif de Milwaukee, pas très sex. Ensuite, on a pas droit à une production vintage au vernis luxueux, les Kings Go Forth enregistrent comme ils jouent live, fort et sans fioriture. Et depuis combien de temps n'avions-nous pas entendu disque soul-funk aussi possédé et frénétique ? The Outsiders Are Back en devient presque épuisant tellement il est intense. Mais c'est ce qu'on appelle la bonne fatigue.
21 The Depreciation Guild : Spirit Youth
Qu'il est facile de balayer Spirit Youth en se fendant d'un présomptueux « encore un banal groupe shoegaze » où il suffirait de mentionner My Bloody Valentine pour avoir réponse à tout. Shoegaze, The Depreciation Guild l'est un peu, un peu seulement, car ces lignes vocales en avant, ces grilles d'accord particulières, cette ambiance cotonneuse et fluette doit bien plus à des groupes synth-pop et noisy comme A.R. Kane ou Ultra Vivid Scene qu'à Slowdive ou Ride. Et cette façon très pop d'avancer, ce côté dreamy, ils rappellent bien plus Lush ou Secret Shine que donc My Bloody Valentine. Tout ça pour dire que si Spirit Youth est un petit disque – nul ne peut prétendre le contraire –, il joue en revanche sur un terrain un peu moins prévisible et bateau qu'on veut bien le dire. Et ce sont ces inflexions un peu étonnantes qui ont crée chez moi cette affection débordante pour ce groupe et ce disque oubliables.
20 Guerre Froide : Abrutir les masses
Dondolo : Une vie de plaisir dans un monde nouveau
Cocorico ! La preuve qu'on est capables, en France, de sortir des bons disques dans des sphères qui nous sont en général plus ou moins hostiles. Guerre Froide, groupe cold wave à l'œuvre depuis le début des années 80, a sorti avec Abrutir les masses un disque entièrement réussi, sombre et vénéneux et dans la trop mal connue tradition francophone du genre (Charles de Goal, Martin Dupont, Excès nocturnes, Les visiteurs du soir etc.). Quant au Dondolo, c'est à la twee-pop et au post-punk qu'il s'attaque. Pas facile, mais avec une bonne dose d'humour et d'érudition, Une vie de plaisir dans un monde nouveau passe comme une lettre à la poste. Mieux, il fait la nique à pas mal de groupes pitchforkisés sur l'héritage réel de Sarah Records. Un comble. À noter que monsieur Dondolo est aussi monsieur Young Michelin, et on aime tout autant.
19 Gonjasufi : A Sufi and a Killer
A Sufi and a Killer est un disque en partie raté, il est aussi un disque un peu frauduleux, avec une ambiguïté entre sample et plagiat un peu limite. Malgré tout quelle fraîcheur, et quel plaisir de voir un disque aussi « weird » remporter un succès aussi massif. Avec son gros fourre-tout où se mêlent vieux funk, rockabilly, musiques orientales et abstract hip hop, Gonjasufi a réussi à capitaliser dans beaucoup de publics différents grâce à un charisme pour le moins particulier. Hippie et prof de yoga, il est sans surprise un type salement drogué dont les effluves d'herbe se font sentir partout : dans sa voix traînante et possédée comme dans les collages étranges et hallucinés qu'il ose nous proposer. Le tout est très perfectible, donc, mais l'indulgence est de rigueur devant un trip aussi singulier.
18 Appolo Ghosts : Mount Benson
C'est bien simple, ce disque n'existe pas en France et le seul collègue à en avoir parlé (et à m'avoir fait découvrir) est Belge, sur Little Reviews. Pourtant quelle claque, Mount Benson est à mes oreilles le meilleur album de rock de l'année. Le plus proche de l'esprit originel des Pavement aussi : ça concasse mille influences avec une désinvolture totale, un air de ne pas y toucher qui n'est en rien un frein à l'émotion. En treize morceaux qui ne dépassent jamais trois minutes, Appolo Ghosts revisite post-punk, folk et college rock avec l'impression de juste vouloir s'amuser et confesser quelques peines de cœur. C'est humble, tendre, et en plus de ça musicalement parfait (si l'on pousse outre un mixage homemade un brin suspect).
17 Jack Sparrow : Circadian
Avec Circadian, j'ai simplement trouvé mon disque dubstep de référence. Plusieurs raisons à cela. Premièrement, Circadian est d'une puissance titanesque – chaque basse est un écrasement de mâchoire, chaque rythme met la tête en bouillie. Deuxièmement, son auteur lui confère une dimension spirituelle profondément addictive, un quelque chose de chamanique étrangement émouvant. Troisièmement, Jack Sparrow est un orfèvre, un vrai perfectionniste qu'il est passionnant de suivre jusque dans les moindres détails. Circadian est un laboratoire sonore où n'importe quelle texture, n'importe quelle basse jouit d'un travail immense et personnalisé. Tout en restant donc très corporel. Si vous souhaitez cependant quelque chose de moins puissant (et tout aussi fin), jetez une oreille attentive à Senking et à son album Pong, un disque mental qui ne vous brisera cette fois pas la cervelle.
16 Take : Only Mountain
Onra : Long Distance
J'ai été dur avec Flying Lotus, mais c'est pour mieux encenser maintenant deux de ses outsiders. Take fait partie de cette nouvelle génération de Los Angeles qui a rélancé l'abstract hip hop, avec Flylo, Daedelus, Nosaj Thing, Free The Robots etc. Only Mountain est dans ce contexte un disque important, parce qu'il a l'équilibre et l'aspect synthétique qui manque parfois cruellement à toutes ces nouvelles têtes chercheuses. D'un côté, Take est un producteur ancré dans son époque, c'est évident à entendre ces batteries d'effets hallucinantes, ces wobble bass discrètes et ces rythmes concassés et très légèrement décalés. Sont bien d'aujourd'hui aussi les synthés rétro-funk et les reverbs dub bien planantes qu'on entend un peu partout. Par contre la filiation IDM est aussi évidente ; Amon Tobin ou Boards of Canada planent sur Only Mountain comme des pères bienveillants et prêts à passer le témoin. Cela donne une espèce de maturité enracinante à ce disque qui nous le rend digne de confiance. Pour Onra la chose est différente, le Parisien installe dans son second disque une ambiance beaucoup plus festive et hédoniste. Parfois un peu brouillon et approximatif, Long Distance est avant tout un disque immédiat au groove démoniaque. C'est du funk d'époque passé au crible du hip hop post J Dilla. Mon disque de l'été et celui qui arrive encore à me réchauffer cet hiver.
15 Bertrand Belin : Hypernuit
Arnaud Fleurent-Didier : La reproduction
Florent Marchet : Courchevel
La chanson française est belle, encore. Trois franches confirmations à cela. Bertrand Belin, lui, s'inscrit dans cette tradition par ses textes délicats et elliptiques. Avec JP Nataf, il est le meilleur manières de mots de notre hexagone. Autre point commun avec Nataf, il est lui aussi porté sur un folk gracieux et fragile, pas clinquant ni tubesque mais parfait matelas à belles paroles. Chez Arnaud Fleurent-Didier l'ancrage est différent puisqu'il est sonore, hommage à la french touch des 70's, de Polnareff à Michel Colombier en passant par Pierre Vassiliu. Porté par un discours jeune et actuel, La Reproduction est un beau disque trait d'union entre nos parents et nous, et son aspect un chouilla suranné ne fait que souligner la cohérence de ce pont reliant deux générations. À noter aussi l'impeccable retour de Florent Marchet avec Courchevel, toujours plein de poésie et subtilités dans son petit cocon souchonien.
14 Shed : The Traveller
En tant que Wax ou Equalized, Rene Pawlowitz est une monstrueuse machine à danser. Sa techno légèrement deep et dub est d'une perfection rare et atteint une forme d'aboutissement de la musique codifiée. Mais quand il est Shed, Pawlowitz prend beaucoup plus de liberté. Shedding The Past, sorti en 2008, est un disque qu'on avait pas encore fini de découvrir quand son successeur – The Traveller – est arrivé. Lui aussi déroute tout autant à sa manière : on a l'impression d'esquisses, de vignettes inabouties, qui n'ont effectivement étaient composées qu'en deux petits mois, et in extremis un sentiment de complétude nous étreint. Même quand sa techno est rongée par des rythmes incertains et des structures décadentes, Shed retombe toujours sur ses pattes. Plein d'ambiances pénétrantes et de petites comptines IDM, The Traveller impose sa beauté sans aucune sorte de concession.
13 Extra Life : Made Flesh
Zs : New Slaves
New-York possède une belle constellation de musiques expérimentales. Pas mal de connexions concrètes à faire entre Extra Life et Zs. Le premier est le projet solo de Charlie Looker tandis que le second est son ancien groupe. On retrouve aussi sur Made Flesh et New Slaves le même batteur et multi-instrumentiste Ian Antonio. Les deux groupes possèdent enfin la même radicalité et la même exigence, bien que sur des terrains bien distincts. Extra Life œuvre lui dans un mélange détonnant entre no-wave et musique ancienne. L'effet est déroutant mais quel pied d'entendre des chants de troubadours sur des instrus malades comme ont pu l'être celles de This Heat. Pour le Zs post Charlie Looker, les structures prennent de la longueur et perdent leur assise rythmique. New Slaves tend vers le harsh noise tout en ayant un étrange parfum world : on renifle de l'afrobeat ou du gamelan sans jamais pouvoir mettre exactement le doigt dessus. Et nous ne sommes encore pas exhaustifs puisque New Slaves permet aussi d'entendre du math-rock et du free-jazz. Mais l'énumération est inutile puisqu'il s'agit avant tout d'un disque à éprouver. Tant bien que mal.
12 Owen Pallett : Heartland
Avant Heartland, Owen Pallett était surtout un artistique périphérique, connu pour ses arrangements de cordes pour Arcade Fire, Grizzly Bear, Beirut et pour des performances en solo sous le nom de Final Fantasy. Je parle de performance car Owen Pallett était alors plus un musicien en démonstration qu'un vrai compositeur accompli – il faut dire qu'avec un violon et une pédale de loop, il pouvait tenir en haleine pendant des heures grâce à sa dextérité et sa technique. Heartland est en ce sens bien différent : concept album touffu aux arrangements chargés, Owen Pallett s'y présente comme un artiste ambitieux porteur d'un vrai projet global. Le risque de la grandiloquence était fort, mais évité haut-la-main par une finesse d'écriture vraiment prodigieuse. L'orchestre symphonique n'étouffe pas, les lyrics ne font pas rire, non ; la seule chose que l'on retient, c'est le contraste saisissant – et magnifique – entre tempête instrumentale et voix feutrée, comme si Wagner et Belle & Sebastian pouvaient le temps d'un disque copuler ensemble – en tout naïveté.
11 Deathspell Omega : Paracletus
Il m'aura fallu attendre les toutes dernières encablures de l'année pour découvrir mon album black metal de 2010. J'étais assez peu emballé par la modernité et le trop-plein mélodique d'Ihsahn et Enslaved, j'avais de l'affection pour le Burzum en le considérant malgré tout comme pas très impressionnant ; la révélation me sera finalement venue d'un groupe que je ne comprenais jusque là pas du tout, Deathspell Omega. Ces Poitevins, comme leurs compatriotes Blut aus Nord, font partie de ces groupes avant-gardistes qui m'avaient toujours paru trop opaques que j'y prenne du plaisir. Paracletus, à ma grande surprise, s'est imposé à mes oreilles comme une évidence. Alors que leur précédent, Fas - Ite, maledicti, in ignem aeternum, restait pour moi un monument d'hermétisme – trop clinique et technique, trop cérébral. –, Paracletus m'a tout de suite attiré par son mixage plus brut et moins parfait. S'il n'en demeure pas moins élitiste, avec ses textes savants et la complexité de ses lignes instrumentales, Paracletus ressemble pour la première fois à du black pour tous. Avec plus de spontanéité, plus de mélodies et plus de respirations, les Deathspell Omega gagnent sur tous les tableaux : ils sonnent plus violents, plus émouvants et en un mot plus vivants.
10 Emeralds : Does It Look Like I'm Here?
Mark McGuire : Living With Yourself
Mark McGuire était connu depuis plusieurs années des passionnés fous de musiques planantes. Difficile cependant de se faire véritablement un nom en restant aussi éparpillé : des collaborations dans tous les sens, des sorties K7 à n'en plus finir, des compositions fleuves – la carrière du guitariste était proprement illisible. Heureuse rencontre, donc, qui fût celle du mythique label Mego. Avec deux sorties chez eux en 2010, l'une en solo, l'autre avec Emeralds, McGuire a enfin su fixer son talent dans les limites de l'entendable. Résultat, Does It Look Like I'm Here? est une merveille de krautock tout en économie et en concision, épique juste ce qu'il faut pour faire d'Emeralds le fer de lance du genre. Quant à Living With Yourself, McGuire s'y montre plus émouvant que jamais, avec une œuvre solo magnifique qui touche au carnet de souvenirs bucolique. Deux disques à posséder et à écouter à la suite l'une de l'autre.
9 Roc Marciano : Marcberg
Damu The Fudgemunk : How It Should Sound Volume 1 & 2
Je ne sais pas si un jour on se lassera du hip hop 90's. Sacrée question. Car chaque année à son lot d'occasions nostalgènes qui nous font dire que bon sang, c'était mieux avant. Roc Marciano, d'abord, m'a avec Marcberg brisé en mille morceaux. Producteur et MC east coast à en crever, Marciano est avant tout un modèle d'intégrité et de rigidité old-school. Son rap pue la rue et la misère – lyrics des bas-fonds, instrus lentes et minimalistes et flow narcotiques. Au contraire des disques d'aujourd'hui qui misent sur l'immédiateté, le plaisir de chaque instant et l'éclectisme, Marcberg est un disque filaire et régulier : qui s'apprécie dans la cohérence de l'univers proposé et avec l'authenticité qui en découle. Damu The Fudgemunk n'est lui qu'un producteur. Son disque est une compilation de vingt-sept instrus composées ces dernières années et dont le titre – How It Should Sound, plus ironique que présomptueux – nous fait adhérer au premier degré : si plus de hip hop ressemblait à celui-là, le rap irait certainement beaucoup mieux. On pense beaucoup à Pete Rock, un peu également à Q-Tip et Dj Premier. C'est donc jazzy en diable, mélancolique et avec un savoir-faire admirable. On aimerait juste le voir à l'avenir travailler avec des MCs compétents, car il manque fatalement quelque chose à cet exercice.
8 Nest : Retold
J'ai bien cru, au départ, que Retold n'était qu'un joli fond sonore. Je me suis fait avoir par sa discrétion et sa préciosité. Nest fait beaucoup mieux que ça : le duo produit le meilleur mariage entre électronique et néo-classique depuis les tous premiers travaux de Murcof et Max Richter. Leur album coule en deux moments : les six premiers morceaux, composés en 2007, sont plus centrés sur un piano et des motifs mélodiques minimalistes. Les cinq suivant, plus récents, sont moins pyramidaux. Retold glisse ainsi doucement, presque imperceptiblement, vers des climats plus abstraits et toujours sublimes. On prendra en exemples Charlotte, du début d'album, entêtante comptine japonisante et surtout Amroth, le titre final, qui n'est rien de moins que le morceau ambient le plus beau et le plus subtil que j'ai écouté dans l'année. Un disque à la douceur immanquable.
7 Mark E : Works 2005-2009
Relire n'est pas simplement lire une seconde fois ; la manière qu'à Mark E de retravailler des vieux morceaux de Diana Ross, Gabor Szabo ou Janet Jackson n'a rien à voir avec un relifting ou un simple dépoussiérage. Quand Mark E édite un titre de sa jeunesse, il en refonde la structure, la progression émotionnelle, il démontre qu'avec quelques outils technologiques, un morceau peut devenir tout à fait autre en gardant strictement les mêmes sonorités. En cela, l'exercice de cette compilation est presque borgésien. Seulement, Mark E est borgésien malgré lui : son seul objectif reste le groove, le plaisir des boucles bien faites et des breaks extatiques. Aussi, sans l'air d'y toucher, il propose la sélection disco-house la plus stimulante qu'on ait entendu depuis des lustres – en plus d'être la plus belle.
6 Swans : My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky
Gil Scott Heron : I'm New Here
Si Gil Scott Heron et les Swans se retrouvent sur une même marche de podium, on l'aura compris, c'est moins par similarité stylistique que par parallélisme des carrières – avec respectivement seize et quatorze années sans nouvel album et un retour fracassant en 2010. Les Swans, détachés de leur presque moitié, la chanteuse Jarboe, risquaient gros à revenir : il ne fallait surtout pas écorcher leur discographie quasi parfaite. C'est chose faite, avec un disque plus folk qu'à l'époque, moins éclectique aussi, mais toujours aussi profond, massif et inépuisable. Gil Scott Heron, à l'inverse, est revenu par la petite porte, avec un disque coucou de moins de trente minutes, une petite pilule ultra moderne et pour le moins intrigante. Le disque est excellent et le geste est encore plus fort.
5 Kenny Werner : No Beginning No End
Kenny Werner est une figure bien méconnue du jazz, quand on y regarde du dehors ou depuis notre tendre Europe. Problème de génération sans doute, puisque il est venu bien après la vague Keith Jarrett, Chick Corea etc. et bien avant la clique contemporaine de pianistes comme Brad Mehldau (dont il a été l'enseignant). Pourtant Werner est un musicien impeccable, aussi à l'aise en impro solo qu'en trio ou en sideman pour d'autres. Mais une malheureuse conjonction l'a fait tout à coup sortir de la masse des bons musiciens simplement mal connus. Au départ, il y avait une commande étonnante du MIT Wind Ensemble, qui proposait à Werner d'écrire une composition symphonique pour son orchestre à vents. À peine l'offre acceptée, Werner subit le drame de sa vie, la perte accidentelle de sa fille, alors adolescente, à qui il avait auparavant dédié ses plus beaux titres. Les deux évènements se rencontrent, métabolisent, et No Beginning No End en est le résultat. Une œuvre en cinq mouvements où l'orchestre est supporté par le saxophone de Joe Lovano et la voix de Judi Silvano. Cette dernière récite un poème écrit par Werner lui-même, un poème hindouiste sur le travail du deuil. L'œuvre est monumentale et déchirante, violente mais sans pathos. Après ce torrent de trente minutes, No Beginning No End se termine sur trois compositions minimalistes, formidablement apaisées et touchées par la grâce. La vie continue et ces musiques sont nécessaires, semble dire Kenny Werner.
4 The Books : The Way Out
Alessandro Bosetti : Zwölfzungen
Le travail sur les voix est une des mes grandes friandises de mélomane et 2010 m'aura bien rassasié avec deux disques. Celui de The Books, en priorité, groupe new-yorkais qui arrive à être aussi excitant intellectuellement que fun et touchant dans la pratique. Leur sillon depuis toujours : une folktronica foutraque qui s'appuie sur des collages de voix incongrues. The Way Out, leur cinquième album, est à ce jour leur plus rigolo et humoristique. Ce qui ne le prive en rien d'être aussi un représentant ultime de la modernité. Avec sa multiplication infinie de signes, dans ce brouillard où tous les discours ce mêlent sans hiérarchie, The Way Out retranscrit une problématique contemporaine quasi civilisationnelle : un langage rongé par le manque de repères et le relativisme absolu. On y trouve ainsi des crise d'égos capitalistes, des résurgences new-age et plein des récits de luttes contre le délitement du lien social. Le tout avec tendresse et sans cynisme.
À propos d'Alessandro Bosetti, je me dois par contre d'avertir : Zwölfzungen n'est à conseiller qu'aux plus courageux. C'est un projet théorique sur la musicalité des langues où la sonorité acoustique et le trait sonore, l'accent, prévalent sur le sens. On y croise des dialectes du monde entier, onze pour être exact, collectés au cours de voyages par un Bosetti incapable de comprendre ce qu'il enregistrait. Pour chaque langue sélectionnée, une création électro-acoustique adaptée aux modulations de la voix. L'ensemble peut sembler abscons, mais une fois dedans, le trouble sensoriel est évident, évident et passionnant.
3 Yellow Swans : Going Places
Figures clés du mouvement noise depuis dix ans, les deux Yellow Swans avaient annoncé leur séparation en 2008. Going Places est leur tout dernier enregistrement. Certes ce n'est qu'un split, Pete Swanson et Gabriel Mindel Saloman continuent leur chemin chacun de leur côté et ce n'est pas si grave. N'empêche : Going Places pousse à la dramatisation. Une fois le disque terminé, on a une impression de mort. Yellow Swans est mort, mais aussi le noise, mais aussi la musique, et enfin le monde. Je l'affirme, Going Places est une telle déflagration qu'après plus rien ne semble exister. Ce sentiment de néant extrême provoqué avec si peu de choses... des pulsations tribales lointaines, des mélodies répétitives en sous-sol et un immense brasier sonore, si ample et violent qu'il en est stupéfiant et traumatisant. Rien à dire d'autre, ça se ressent dans le ventre.
2 Big Boi : Sir Lucious Left Foot : The Son of Chico Dusty
Janelle Monáe : The ArchAndroid
Les amateurs de cinéma de me contrediront pas : c'est parfois au cœur même du mainstream que ce font les subversions et les avancées les plus décisives. Non je n'ouvre pas un boulevard pour Kanye West mais pour Big Boi et Janelle Monáe. Le premier est l'archétype musical de cette idée : Outkast a simultanément été une fabuleuse machine à frics et une entreprise monumentale de défrichage du hip-hop. Et Big Boi n'y pas pour rien, même si le discours commun, très réducteur, assigne plutôt le rôle de génie créatif à André 3000. Big Boi est tout aussi avant-gardiste, mais il tient avec férocité à son étiquette hip hop. Cette subtilité est là toute entière dans Sir Lucious Left Foot, qui tient à la fois du retour aux sources dirty south et du mouvement exploratoire de nouvelles combinaisons pop et r'n'b. Ça en fait à l'aise le disque hip hop le plus important depuis Tha Carter III de Lil' Wayne. Pour Janelle Monáe, d'ailleurs amie proche de Big Boi, la claque est encore plus hallucinante. Pouvait-on imaginer sortir un tel monstre du milieu r'n'b ? Avec un concept futuriste qui s'étend sur plusieurs disques, le projet est déjà dantesque. Il l'est encore plus quand l'on constate que musicalement, l'ambition est au moins aussi folle : croiser dans un même disque les prestations vocales d'une diva, une malice issue de la pop et du r'n'b, des atmosphères tirées de l'électronique et du jazz 60's et des embardées psychédéliques vraiment cinglantes. La seule chose qu'on peut reprocher à The ArchAndroid est d'être trop, trop imposant, trop grandiloquent, trop ambitieux. Je n'y ai personnellement vu que justesse et espièglerie.
1 Ariel Pink's Haunted Graffiti : Before Today
On pourrait mettre chaque chanson de Before Today sur une table d'autopsie et en disséquer tous les éléments, tous les clins d'œil et autres références. Cela prendrait des heures et cela resterait palpitant. Ariel Pink est en effet un érudit ; Before Today est son encyclopédie burlesque. Tout le rock des 70's et des 80's s'y trouve, absolument tout, du plus soft au plus tendu, du plus cheap au plus savant, toutes les branches supposées contradictoires ingurgitées et recrachées sous forme de pâte rigolote. S'il était auparavant plus un performer, un éclaireur-branleur, son passage sur 4AD lui aura mis du plomb dans le crâne. Excentrique et insatiable, Ariel Pink l'est toujours, mais c'est comme ci ces traits de caractères étaient devenu des outils, au service de la pop. Before Today est un immense disque de pop dont on ne saisit pas le montage et où les ficelles nous demeurent invisibles. Cela fonctionne, et de quelle manière. Des bonnes chansons, du rire, des larmes, tout ce dont a besoin. Et avec donc en background tout ce que l'on aime sur DCDL : Dead Can Dance et Billy Joel qui font la ronde, Joy Division et Camel qui se regardent les yeux pétillants, les Stranglers et Ozzy Ozbourne qui font la course, comme si tous n'étaient que les petits jouets d'un enfant amusé de Los Angeles.
Pour finir, un grand merci à certains qui ne sont pas cités dans ce classement. Ils ne nous ont pas assez enflammé, de justesse, mais peu importe, ils font le ciment de notre mélomanie années après années. Merci donc au label Clapping Music, à Laetitia Sadier et Stereolab, aux Walkmen, à Autechre, à Belle & Sebastian, à Autechre, Pan Sonic, à Robert Wyatt et tous ceux que j'oublie.
Bonne année 2011 <3
Je ne vais pas prétendre que There Is Love in You est un disque génial. Pas même que c'est un disque innovant. Il est juste précis et bien dans son époque. L'argument aurait été pauvre si Four Tet avait était un jeune artiste à peine découvert, un inconnu tirant profit du son des autres pour pointer le bout de son nez, seulement Four Tet est un artiste confirmé et reconnu : cela change complètement la donne. Il n'est pas un profiteur mais un passeur, qui aurait pu tout aussi se bien ne pas s'intéresser au dubstep et à la nu-house de Joy Orbison ou Floating Points. Kieran Hebden témoigne ainsi avec prudence de sa curiosité et de sa maîtrise, via un disque racé et éclectique, mélancolique et pointu. Sans se renier, il continue à vivre avec sa modernité anglaise, avec ce talent indéniable pour rester au contact des autres sans être une éponge imbécile. There Is Love in You est en cela un disque profitable et je dirais même pédagogue.
24 Natural Snow Buildings : The Centauri Agent
Je suis encore bien incapable de dire si The Centauri Agent est une œuvre magistrale ou un objet mineur. Les deux à la fois, peut-être, simultanément une expérience totale et un truc qu'on distribue gratos de peur que ça n'intéresse personne. Les Français Mehdi Ameziane et Solange Gularte ne sont en effet pas à leur coup d'essai, tous les ans ils nous sortent des heures et des heures d'ambient-folk à toutes les sauces, à travers des déambulations soniques aussi fascinantes qu'interminables. The Centauri Agent ne déroge pas à la règle, il n'est pas meilleur, pas moins bien que d'habitude. Est-ce une raison pour être blasé ? Pas sûr, parce que The Centauri Agent est encore une fois un album irradiant et radical, entre soundscapes psychédéliques et folk céleste, qui trouve dans sa tendance à l'épuisement les raisons même de sa beauté – il faut bien se coller aux cent minutes de ce disque pour en saisir toute sa portée. Si vous êtes plus sensibles à l'aspect ambient, je vous renvoie aussi à Philip Jeck et au très riche An Ark For The Listener. Si vous préférez les guitares et le chant, Liberty Rose de MV & EE vous convaincra beaucoup plus (et surtout il est court !).
23 Twin Shadow : Forget
Toro Y Moi : Causers of This
Soundpool : Mirrors in Your Eyes
Chillwave, Tweegaze, revival machin truc, si on parlait de pop à la place ? Tous ces faux mouvements sans consistance, ça nous éloigne de ce fait simple qu'il y a des disques qui sont bons et d'autres qui sont chiants. Parmi les bons, Forget de Twin Shadow et sa synth-pop 80's pas trop rétro, bien équilibrée et composée. On pense à beaucoup de choses sans jamais avoir de nom qui fasse éclipse aux talents de songwriter de George Lewis. Je recommande vivement. Bonne surprise aussi : Toro Y Moi, projet « chill » un peu limité vocalement mais au niveau de production assez bluffant. Chazwick Bundick a tout compris au groove funk et à l'abstract hip-hop d'aujourd'hui, et ça donne une profondeur inattendue à son disque hype. Troisième album qu'on retient ici, Mirrors in Your Eyes de Soundpool, dont le cahier des charges est simple (on est surpris que personne y ait trop pensé avant) : mettre des basses disco sur le shoegaze de Lush. C'est super efficace et c'est déjà ça de pris.22 Kings Go Forth : The Outsiders Are Back
Du revival, encore, le revival soul qui a lieu depuis quelques temps. Je n'ai pas particulièrement d'inimitié pour Aloe Blacc ou Plan B ; je trouve même leurs albums plutôt réussis ; j'ai juste une réserve concernant leur état d'esprit : pourquoi se prennent-ils autant au sérieux ? C'est agaçant. J'ai découvert Kings Go Forth avec l'impression inverse – ils n'auraient pu être qu'un cover band ça n'aurait pas changé grand chose. Déjà, nous parlons d'un collectif de Milwaukee, pas très sex. Ensuite, on a pas droit à une production vintage au vernis luxueux, les Kings Go Forth enregistrent comme ils jouent live, fort et sans fioriture. Et depuis combien de temps n'avions-nous pas entendu disque soul-funk aussi possédé et frénétique ? The Outsiders Are Back en devient presque épuisant tellement il est intense. Mais c'est ce qu'on appelle la bonne fatigue.
21 The Depreciation Guild : Spirit Youth
Qu'il est facile de balayer Spirit Youth en se fendant d'un présomptueux « encore un banal groupe shoegaze » où il suffirait de mentionner My Bloody Valentine pour avoir réponse à tout. Shoegaze, The Depreciation Guild l'est un peu, un peu seulement, car ces lignes vocales en avant, ces grilles d'accord particulières, cette ambiance cotonneuse et fluette doit bien plus à des groupes synth-pop et noisy comme A.R. Kane ou Ultra Vivid Scene qu'à Slowdive ou Ride. Et cette façon très pop d'avancer, ce côté dreamy, ils rappellent bien plus Lush ou Secret Shine que donc My Bloody Valentine. Tout ça pour dire que si Spirit Youth est un petit disque – nul ne peut prétendre le contraire –, il joue en revanche sur un terrain un peu moins prévisible et bateau qu'on veut bien le dire. Et ce sont ces inflexions un peu étonnantes qui ont crée chez moi cette affection débordante pour ce groupe et ce disque oubliables.
20 Guerre Froide : Abrutir les masses
Dondolo : Une vie de plaisir dans un monde nouveau
Cocorico ! La preuve qu'on est capables, en France, de sortir des bons disques dans des sphères qui nous sont en général plus ou moins hostiles. Guerre Froide, groupe cold wave à l'œuvre depuis le début des années 80, a sorti avec Abrutir les masses un disque entièrement réussi, sombre et vénéneux et dans la trop mal connue tradition francophone du genre (Charles de Goal, Martin Dupont, Excès nocturnes, Les visiteurs du soir etc.). Quant au Dondolo, c'est à la twee-pop et au post-punk qu'il s'attaque. Pas facile, mais avec une bonne dose d'humour et d'érudition, Une vie de plaisir dans un monde nouveau passe comme une lettre à la poste. Mieux, il fait la nique à pas mal de groupes pitchforkisés sur l'héritage réel de Sarah Records. Un comble. À noter que monsieur Dondolo est aussi monsieur Young Michelin, et on aime tout autant.
19 Gonjasufi : A Sufi and a Killer
A Sufi and a Killer est un disque en partie raté, il est aussi un disque un peu frauduleux, avec une ambiguïté entre sample et plagiat un peu limite. Malgré tout quelle fraîcheur, et quel plaisir de voir un disque aussi « weird » remporter un succès aussi massif. Avec son gros fourre-tout où se mêlent vieux funk, rockabilly, musiques orientales et abstract hip hop, Gonjasufi a réussi à capitaliser dans beaucoup de publics différents grâce à un charisme pour le moins particulier. Hippie et prof de yoga, il est sans surprise un type salement drogué dont les effluves d'herbe se font sentir partout : dans sa voix traînante et possédée comme dans les collages étranges et hallucinés qu'il ose nous proposer. Le tout est très perfectible, donc, mais l'indulgence est de rigueur devant un trip aussi singulier.
18 Appolo Ghosts : Mount Benson
C'est bien simple, ce disque n'existe pas en France et le seul collègue à en avoir parlé (et à m'avoir fait découvrir) est Belge, sur Little Reviews. Pourtant quelle claque, Mount Benson est à mes oreilles le meilleur album de rock de l'année. Le plus proche de l'esprit originel des Pavement aussi : ça concasse mille influences avec une désinvolture totale, un air de ne pas y toucher qui n'est en rien un frein à l'émotion. En treize morceaux qui ne dépassent jamais trois minutes, Appolo Ghosts revisite post-punk, folk et college rock avec l'impression de juste vouloir s'amuser et confesser quelques peines de cœur. C'est humble, tendre, et en plus de ça musicalement parfait (si l'on pousse outre un mixage homemade un brin suspect).
17 Jack Sparrow : Circadian
Avec Circadian, j'ai simplement trouvé mon disque dubstep de référence. Plusieurs raisons à cela. Premièrement, Circadian est d'une puissance titanesque – chaque basse est un écrasement de mâchoire, chaque rythme met la tête en bouillie. Deuxièmement, son auteur lui confère une dimension spirituelle profondément addictive, un quelque chose de chamanique étrangement émouvant. Troisièmement, Jack Sparrow est un orfèvre, un vrai perfectionniste qu'il est passionnant de suivre jusque dans les moindres détails. Circadian est un laboratoire sonore où n'importe quelle texture, n'importe quelle basse jouit d'un travail immense et personnalisé. Tout en restant donc très corporel. Si vous souhaitez cependant quelque chose de moins puissant (et tout aussi fin), jetez une oreille attentive à Senking et à son album Pong, un disque mental qui ne vous brisera cette fois pas la cervelle.
16 Take : Only Mountain
Onra : Long Distance
J'ai été dur avec Flying Lotus, mais c'est pour mieux encenser maintenant deux de ses outsiders. Take fait partie de cette nouvelle génération de Los Angeles qui a rélancé l'abstract hip hop, avec Flylo, Daedelus, Nosaj Thing, Free The Robots etc. Only Mountain est dans ce contexte un disque important, parce qu'il a l'équilibre et l'aspect synthétique qui manque parfois cruellement à toutes ces nouvelles têtes chercheuses. D'un côté, Take est un producteur ancré dans son époque, c'est évident à entendre ces batteries d'effets hallucinantes, ces wobble bass discrètes et ces rythmes concassés et très légèrement décalés. Sont bien d'aujourd'hui aussi les synthés rétro-funk et les reverbs dub bien planantes qu'on entend un peu partout. Par contre la filiation IDM est aussi évidente ; Amon Tobin ou Boards of Canada planent sur Only Mountain comme des pères bienveillants et prêts à passer le témoin. Cela donne une espèce de maturité enracinante à ce disque qui nous le rend digne de confiance. Pour Onra la chose est différente, le Parisien installe dans son second disque une ambiance beaucoup plus festive et hédoniste. Parfois un peu brouillon et approximatif, Long Distance est avant tout un disque immédiat au groove démoniaque. C'est du funk d'époque passé au crible du hip hop post J Dilla. Mon disque de l'été et celui qui arrive encore à me réchauffer cet hiver.
15 Bertrand Belin : Hypernuit
Arnaud Fleurent-Didier : La reproduction
Florent Marchet : Courchevel
La chanson française est belle, encore. Trois franches confirmations à cela. Bertrand Belin, lui, s'inscrit dans cette tradition par ses textes délicats et elliptiques. Avec JP Nataf, il est le meilleur manières de mots de notre hexagone. Autre point commun avec Nataf, il est lui aussi porté sur un folk gracieux et fragile, pas clinquant ni tubesque mais parfait matelas à belles paroles. Chez Arnaud Fleurent-Didier l'ancrage est différent puisqu'il est sonore, hommage à la french touch des 70's, de Polnareff à Michel Colombier en passant par Pierre Vassiliu. Porté par un discours jeune et actuel, La Reproduction est un beau disque trait d'union entre nos parents et nous, et son aspect un chouilla suranné ne fait que souligner la cohérence de ce pont reliant deux générations. À noter aussi l'impeccable retour de Florent Marchet avec Courchevel, toujours plein de poésie et subtilités dans son petit cocon souchonien.
14 Shed : The Traveller
En tant que Wax ou Equalized, Rene Pawlowitz est une monstrueuse machine à danser. Sa techno légèrement deep et dub est d'une perfection rare et atteint une forme d'aboutissement de la musique codifiée. Mais quand il est Shed, Pawlowitz prend beaucoup plus de liberté. Shedding The Past, sorti en 2008, est un disque qu'on avait pas encore fini de découvrir quand son successeur – The Traveller – est arrivé. Lui aussi déroute tout autant à sa manière : on a l'impression d'esquisses, de vignettes inabouties, qui n'ont effectivement étaient composées qu'en deux petits mois, et in extremis un sentiment de complétude nous étreint. Même quand sa techno est rongée par des rythmes incertains et des structures décadentes, Shed retombe toujours sur ses pattes. Plein d'ambiances pénétrantes et de petites comptines IDM, The Traveller impose sa beauté sans aucune sorte de concession.
13 Extra Life : Made Flesh
Zs : New Slaves
New-York possède une belle constellation de musiques expérimentales. Pas mal de connexions concrètes à faire entre Extra Life et Zs. Le premier est le projet solo de Charlie Looker tandis que le second est son ancien groupe. On retrouve aussi sur Made Flesh et New Slaves le même batteur et multi-instrumentiste Ian Antonio. Les deux groupes possèdent enfin la même radicalité et la même exigence, bien que sur des terrains bien distincts. Extra Life œuvre lui dans un mélange détonnant entre no-wave et musique ancienne. L'effet est déroutant mais quel pied d'entendre des chants de troubadours sur des instrus malades comme ont pu l'être celles de This Heat. Pour le Zs post Charlie Looker, les structures prennent de la longueur et perdent leur assise rythmique. New Slaves tend vers le harsh noise tout en ayant un étrange parfum world : on renifle de l'afrobeat ou du gamelan sans jamais pouvoir mettre exactement le doigt dessus. Et nous ne sommes encore pas exhaustifs puisque New Slaves permet aussi d'entendre du math-rock et du free-jazz. Mais l'énumération est inutile puisqu'il s'agit avant tout d'un disque à éprouver. Tant bien que mal.
12 Owen Pallett : Heartland
Avant Heartland, Owen Pallett était surtout un artistique périphérique, connu pour ses arrangements de cordes pour Arcade Fire, Grizzly Bear, Beirut et pour des performances en solo sous le nom de Final Fantasy. Je parle de performance car Owen Pallett était alors plus un musicien en démonstration qu'un vrai compositeur accompli – il faut dire qu'avec un violon et une pédale de loop, il pouvait tenir en haleine pendant des heures grâce à sa dextérité et sa technique. Heartland est en ce sens bien différent : concept album touffu aux arrangements chargés, Owen Pallett s'y présente comme un artiste ambitieux porteur d'un vrai projet global. Le risque de la grandiloquence était fort, mais évité haut-la-main par une finesse d'écriture vraiment prodigieuse. L'orchestre symphonique n'étouffe pas, les lyrics ne font pas rire, non ; la seule chose que l'on retient, c'est le contraste saisissant – et magnifique – entre tempête instrumentale et voix feutrée, comme si Wagner et Belle & Sebastian pouvaient le temps d'un disque copuler ensemble – en tout naïveté.
11 Deathspell Omega : Paracletus
Il m'aura fallu attendre les toutes dernières encablures de l'année pour découvrir mon album black metal de 2010. J'étais assez peu emballé par la modernité et le trop-plein mélodique d'Ihsahn et Enslaved, j'avais de l'affection pour le Burzum en le considérant malgré tout comme pas très impressionnant ; la révélation me sera finalement venue d'un groupe que je ne comprenais jusque là pas du tout, Deathspell Omega. Ces Poitevins, comme leurs compatriotes Blut aus Nord, font partie de ces groupes avant-gardistes qui m'avaient toujours paru trop opaques que j'y prenne du plaisir. Paracletus, à ma grande surprise, s'est imposé à mes oreilles comme une évidence. Alors que leur précédent, Fas - Ite, maledicti, in ignem aeternum, restait pour moi un monument d'hermétisme – trop clinique et technique, trop cérébral. –, Paracletus m'a tout de suite attiré par son mixage plus brut et moins parfait. S'il n'en demeure pas moins élitiste, avec ses textes savants et la complexité de ses lignes instrumentales, Paracletus ressemble pour la première fois à du black pour tous. Avec plus de spontanéité, plus de mélodies et plus de respirations, les Deathspell Omega gagnent sur tous les tableaux : ils sonnent plus violents, plus émouvants et en un mot plus vivants.
10 Emeralds : Does It Look Like I'm Here?
Mark McGuire : Living With Yourself
Mark McGuire était connu depuis plusieurs années des passionnés fous de musiques planantes. Difficile cependant de se faire véritablement un nom en restant aussi éparpillé : des collaborations dans tous les sens, des sorties K7 à n'en plus finir, des compositions fleuves – la carrière du guitariste était proprement illisible. Heureuse rencontre, donc, qui fût celle du mythique label Mego. Avec deux sorties chez eux en 2010, l'une en solo, l'autre avec Emeralds, McGuire a enfin su fixer son talent dans les limites de l'entendable. Résultat, Does It Look Like I'm Here? est une merveille de krautock tout en économie et en concision, épique juste ce qu'il faut pour faire d'Emeralds le fer de lance du genre. Quant à Living With Yourself, McGuire s'y montre plus émouvant que jamais, avec une œuvre solo magnifique qui touche au carnet de souvenirs bucolique. Deux disques à posséder et à écouter à la suite l'une de l'autre.
9 Roc Marciano : Marcberg
Damu The Fudgemunk : How It Should Sound Volume 1 & 2
Je ne sais pas si un jour on se lassera du hip hop 90's. Sacrée question. Car chaque année à son lot d'occasions nostalgènes qui nous font dire que bon sang, c'était mieux avant. Roc Marciano, d'abord, m'a avec Marcberg brisé en mille morceaux. Producteur et MC east coast à en crever, Marciano est avant tout un modèle d'intégrité et de rigidité old-school. Son rap pue la rue et la misère – lyrics des bas-fonds, instrus lentes et minimalistes et flow narcotiques. Au contraire des disques d'aujourd'hui qui misent sur l'immédiateté, le plaisir de chaque instant et l'éclectisme, Marcberg est un disque filaire et régulier : qui s'apprécie dans la cohérence de l'univers proposé et avec l'authenticité qui en découle. Damu The Fudgemunk n'est lui qu'un producteur. Son disque est une compilation de vingt-sept instrus composées ces dernières années et dont le titre – How It Should Sound, plus ironique que présomptueux – nous fait adhérer au premier degré : si plus de hip hop ressemblait à celui-là, le rap irait certainement beaucoup mieux. On pense beaucoup à Pete Rock, un peu également à Q-Tip et Dj Premier. C'est donc jazzy en diable, mélancolique et avec un savoir-faire admirable. On aimerait juste le voir à l'avenir travailler avec des MCs compétents, car il manque fatalement quelque chose à cet exercice.
8 Nest : Retold
J'ai bien cru, au départ, que Retold n'était qu'un joli fond sonore. Je me suis fait avoir par sa discrétion et sa préciosité. Nest fait beaucoup mieux que ça : le duo produit le meilleur mariage entre électronique et néo-classique depuis les tous premiers travaux de Murcof et Max Richter. Leur album coule en deux moments : les six premiers morceaux, composés en 2007, sont plus centrés sur un piano et des motifs mélodiques minimalistes. Les cinq suivant, plus récents, sont moins pyramidaux. Retold glisse ainsi doucement, presque imperceptiblement, vers des climats plus abstraits et toujours sublimes. On prendra en exemples Charlotte, du début d'album, entêtante comptine japonisante et surtout Amroth, le titre final, qui n'est rien de moins que le morceau ambient le plus beau et le plus subtil que j'ai écouté dans l'année. Un disque à la douceur immanquable.
7 Mark E : Works 2005-2009
Relire n'est pas simplement lire une seconde fois ; la manière qu'à Mark E de retravailler des vieux morceaux de Diana Ross, Gabor Szabo ou Janet Jackson n'a rien à voir avec un relifting ou un simple dépoussiérage. Quand Mark E édite un titre de sa jeunesse, il en refonde la structure, la progression émotionnelle, il démontre qu'avec quelques outils technologiques, un morceau peut devenir tout à fait autre en gardant strictement les mêmes sonorités. En cela, l'exercice de cette compilation est presque borgésien. Seulement, Mark E est borgésien malgré lui : son seul objectif reste le groove, le plaisir des boucles bien faites et des breaks extatiques. Aussi, sans l'air d'y toucher, il propose la sélection disco-house la plus stimulante qu'on ait entendu depuis des lustres – en plus d'être la plus belle.
6 Swans : My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky
Gil Scott Heron : I'm New Here
Si Gil Scott Heron et les Swans se retrouvent sur une même marche de podium, on l'aura compris, c'est moins par similarité stylistique que par parallélisme des carrières – avec respectivement seize et quatorze années sans nouvel album et un retour fracassant en 2010. Les Swans, détachés de leur presque moitié, la chanteuse Jarboe, risquaient gros à revenir : il ne fallait surtout pas écorcher leur discographie quasi parfaite. C'est chose faite, avec un disque plus folk qu'à l'époque, moins éclectique aussi, mais toujours aussi profond, massif et inépuisable. Gil Scott Heron, à l'inverse, est revenu par la petite porte, avec un disque coucou de moins de trente minutes, une petite pilule ultra moderne et pour le moins intrigante. Le disque est excellent et le geste est encore plus fort.
5 Kenny Werner : No Beginning No End
Kenny Werner est une figure bien méconnue du jazz, quand on y regarde du dehors ou depuis notre tendre Europe. Problème de génération sans doute, puisque il est venu bien après la vague Keith Jarrett, Chick Corea etc. et bien avant la clique contemporaine de pianistes comme Brad Mehldau (dont il a été l'enseignant). Pourtant Werner est un musicien impeccable, aussi à l'aise en impro solo qu'en trio ou en sideman pour d'autres. Mais une malheureuse conjonction l'a fait tout à coup sortir de la masse des bons musiciens simplement mal connus. Au départ, il y avait une commande étonnante du MIT Wind Ensemble, qui proposait à Werner d'écrire une composition symphonique pour son orchestre à vents. À peine l'offre acceptée, Werner subit le drame de sa vie, la perte accidentelle de sa fille, alors adolescente, à qui il avait auparavant dédié ses plus beaux titres. Les deux évènements se rencontrent, métabolisent, et No Beginning No End en est le résultat. Une œuvre en cinq mouvements où l'orchestre est supporté par le saxophone de Joe Lovano et la voix de Judi Silvano. Cette dernière récite un poème écrit par Werner lui-même, un poème hindouiste sur le travail du deuil. L'œuvre est monumentale et déchirante, violente mais sans pathos. Après ce torrent de trente minutes, No Beginning No End se termine sur trois compositions minimalistes, formidablement apaisées et touchées par la grâce. La vie continue et ces musiques sont nécessaires, semble dire Kenny Werner.
4 The Books : The Way Out
Alessandro Bosetti : Zwölfzungen
Le travail sur les voix est une des mes grandes friandises de mélomane et 2010 m'aura bien rassasié avec deux disques. Celui de The Books, en priorité, groupe new-yorkais qui arrive à être aussi excitant intellectuellement que fun et touchant dans la pratique. Leur sillon depuis toujours : une folktronica foutraque qui s'appuie sur des collages de voix incongrues. The Way Out, leur cinquième album, est à ce jour leur plus rigolo et humoristique. Ce qui ne le prive en rien d'être aussi un représentant ultime de la modernité. Avec sa multiplication infinie de signes, dans ce brouillard où tous les discours ce mêlent sans hiérarchie, The Way Out retranscrit une problématique contemporaine quasi civilisationnelle : un langage rongé par le manque de repères et le relativisme absolu. On y trouve ainsi des crise d'égos capitalistes, des résurgences new-age et plein des récits de luttes contre le délitement du lien social. Le tout avec tendresse et sans cynisme.
À propos d'Alessandro Bosetti, je me dois par contre d'avertir : Zwölfzungen n'est à conseiller qu'aux plus courageux. C'est un projet théorique sur la musicalité des langues où la sonorité acoustique et le trait sonore, l'accent, prévalent sur le sens. On y croise des dialectes du monde entier, onze pour être exact, collectés au cours de voyages par un Bosetti incapable de comprendre ce qu'il enregistrait. Pour chaque langue sélectionnée, une création électro-acoustique adaptée aux modulations de la voix. L'ensemble peut sembler abscons, mais une fois dedans, le trouble sensoriel est évident, évident et passionnant.
3 Yellow Swans : Going Places
Figures clés du mouvement noise depuis dix ans, les deux Yellow Swans avaient annoncé leur séparation en 2008. Going Places est leur tout dernier enregistrement. Certes ce n'est qu'un split, Pete Swanson et Gabriel Mindel Saloman continuent leur chemin chacun de leur côté et ce n'est pas si grave. N'empêche : Going Places pousse à la dramatisation. Une fois le disque terminé, on a une impression de mort. Yellow Swans est mort, mais aussi le noise, mais aussi la musique, et enfin le monde. Je l'affirme, Going Places est une telle déflagration qu'après plus rien ne semble exister. Ce sentiment de néant extrême provoqué avec si peu de choses... des pulsations tribales lointaines, des mélodies répétitives en sous-sol et un immense brasier sonore, si ample et violent qu'il en est stupéfiant et traumatisant. Rien à dire d'autre, ça se ressent dans le ventre.
2 Big Boi : Sir Lucious Left Foot : The Son of Chico Dusty
Janelle Monáe : The ArchAndroid
Les amateurs de cinéma de me contrediront pas : c'est parfois au cœur même du mainstream que ce font les subversions et les avancées les plus décisives. Non je n'ouvre pas un boulevard pour Kanye West mais pour Big Boi et Janelle Monáe. Le premier est l'archétype musical de cette idée : Outkast a simultanément été une fabuleuse machine à frics et une entreprise monumentale de défrichage du hip-hop. Et Big Boi n'y pas pour rien, même si le discours commun, très réducteur, assigne plutôt le rôle de génie créatif à André 3000. Big Boi est tout aussi avant-gardiste, mais il tient avec férocité à son étiquette hip hop. Cette subtilité est là toute entière dans Sir Lucious Left Foot, qui tient à la fois du retour aux sources dirty south et du mouvement exploratoire de nouvelles combinaisons pop et r'n'b. Ça en fait à l'aise le disque hip hop le plus important depuis Tha Carter III de Lil' Wayne. Pour Janelle Monáe, d'ailleurs amie proche de Big Boi, la claque est encore plus hallucinante. Pouvait-on imaginer sortir un tel monstre du milieu r'n'b ? Avec un concept futuriste qui s'étend sur plusieurs disques, le projet est déjà dantesque. Il l'est encore plus quand l'on constate que musicalement, l'ambition est au moins aussi folle : croiser dans un même disque les prestations vocales d'une diva, une malice issue de la pop et du r'n'b, des atmosphères tirées de l'électronique et du jazz 60's et des embardées psychédéliques vraiment cinglantes. La seule chose qu'on peut reprocher à The ArchAndroid est d'être trop, trop imposant, trop grandiloquent, trop ambitieux. Je n'y ai personnellement vu que justesse et espièglerie.
1 Ariel Pink's Haunted Graffiti : Before Today
On pourrait mettre chaque chanson de Before Today sur une table d'autopsie et en disséquer tous les éléments, tous les clins d'œil et autres références. Cela prendrait des heures et cela resterait palpitant. Ariel Pink est en effet un érudit ; Before Today est son encyclopédie burlesque. Tout le rock des 70's et des 80's s'y trouve, absolument tout, du plus soft au plus tendu, du plus cheap au plus savant, toutes les branches supposées contradictoires ingurgitées et recrachées sous forme de pâte rigolote. S'il était auparavant plus un performer, un éclaireur-branleur, son passage sur 4AD lui aura mis du plomb dans le crâne. Excentrique et insatiable, Ariel Pink l'est toujours, mais c'est comme ci ces traits de caractères étaient devenu des outils, au service de la pop. Before Today est un immense disque de pop dont on ne saisit pas le montage et où les ficelles nous demeurent invisibles. Cela fonctionne, et de quelle manière. Des bonnes chansons, du rire, des larmes, tout ce dont a besoin. Et avec donc en background tout ce que l'on aime sur DCDL : Dead Can Dance et Billy Joel qui font la ronde, Joy Division et Camel qui se regardent les yeux pétillants, les Stranglers et Ozzy Ozbourne qui font la course, comme si tous n'étaient que les petits jouets d'un enfant amusé de Los Angeles.
Pour finir, un grand merci à certains qui ne sont pas cités dans ce classement. Ils ne nous ont pas assez enflammé, de justesse, mais peu importe, ils font le ciment de notre mélomanie années après années. Merci donc au label Clapping Music, à Laetitia Sadier et Stereolab, aux Walkmen, à Autechre, à Belle & Sebastian, à Autechre, Pan Sonic, à Robert Wyatt et tous ceux que j'oublie.
Bonne année 2011 <3
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