La mouche n'est pas un insecte des plus appréciés. Ne parle-t-on pas tout simplement de "chiures de mouche" (n'ayons pas peur des mots !) pour désigner des petites saletés, ou de pattes de mouche pour critiquer une écriture toute petite et difficile à lire ? Appréciez-vous la douce sonorité du « bzzzz » près de votre oreille, lorsque vous vous apprêtez à bondir en claquant des mains ou à dégainer la tapette ? Faut-il également rappeler certains passages du livre Les mouches de Sartre ? Arrêtons-là !
La mauvaise réputation de ce diptère lui valut même d’être radié de l’identité de Micropolis, la Cité des insectes, ouverte en 2000 en Aveyron par le comité de pilotage. Le scénographe chargé du projet, François Confino, épilogue avec humour : « Ayant appris que la mouche était l’un des objets volants les plus sophistiqués du monde animal, bien plus performant, proportionnellement à sa taille, qu’un hélicoptère, je voulais lui rendre un hommage appuyé. Très vite, j’ai compris que, dans l’esprit des hommes politiques, qui parrainaient le Centre, cet insecte était automatiquement associé à la lucilie, ou mouche verte, bien connue pour sa prédilection pour la putréfaction. Ils craignaient donc un titre de presse injurieux et ragoûtant du genre ‘Hommage à la mouche à m… en Aveyron’. On préféra donc mettre l’accent sur la gentille cigale, le criquet bondissant et la fourmi laborieuse, au détriment de la mouche »…
L’exposition, jeu de mot oblige, fait mouche dans sa volonté de redorer le blason de l’insecte, en insistant sur son rôle dans l’écosystème. Après avoir analyser notre répulsion face aux diptères en évoquant le paludisme, l’asticothérapie (véritable pratique médicale pour le nettoyage des plaies !), et les moyens de lutte, le visiteur est invité à découvrir à travers 12 tentes l’éventail complet de la biologie de ces insectes. Vidéos, textes scientifiques, séance d’observation à la loupe binoculaire, épreuve du « mouchomaton » pour tester notre comportement face au diptère, découverte des planches aquarellées de l’entomologiste Eugène Séguy, prouvant la beauté de ces insectes et la magnificence de leur décoration qui dépasse en luxe, en variété, les habits des plus hauts princes ; rapportait l’Encyclopédie de Diderot et Alembert.
A la fin de l’exposition, le public devient membre du jury et doit se prononcer sur le sort de la mouche. Après les plaidoyers des avocats, il choisit de mettre à mort ou de gracier la mouche qui est en face de lui : coupable ou non coupable ? Réflexion sur l’utilité et le rôle des espèces dans la nature et en particulier celui de l’Homme. C’est bien un voyage émotionnel, naturaliste et artistique qui est proposé ici !
Pour aller plus loin :
Les infos sur le site du muséum de Nantes : http://www.museum.nantes.fr/pages/18-expo_evenement/expo_Mouches/intro.htm
Le dossier de presse : http://www.museum.nantes.fr/pages/18-expo_evenement/expo_Mouches/dpresse.pdf
Le site de l’expo conçu par le MNHN toujours en ligne à visiter en compagnie d’une guide originale : http://www2.mnhn.fr/mouches/
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