Nos enfants reviennent
Couronnés
de papier d’argent
A l’aide d’images douces et surréalistes, le poète découpe le présent assumé comme une conquête tactile et solaire, et use volontiers d’un futur où l’infini offre généreusement un océan vierge à traverser ou des terres de promesse à parcourir.
nous habiterons une terre
sans origine et sans oubli.
L’univers de Luis Mizón est constitué de cuivre et de soufre, de pommiers et de figuiers, de fenêtres et d’escaliers, de larmes et de sperme. Le poète infiltre son regard fertile dans cet entrelacement de reflets et d’écorce. Natif de Valparaiso, il a quitté le Chili en 1974, après le coup d’état, et ce n’est pas anodin lorsqu’il parle des « squelettes de l’exil ». Ainsi toute la seconde partie
L’Éclipse multiple la mémoire
d’une ville sans racines
revient sur cette part sombre de son existence où il a dû se réfugier en France. Ses poèmes se présentent la plupart du temps sous la forme de six segments numérotés comme une structure personnelle, dans un rythme nécessaire avec ses haltes pour faire le tour du poème.
L’amour de la lumière
nous rend transparents
On retrouve à la fin les mêmes signes qu’au début. La poésie croise les tempêtes et les orages, mais il faut lire les paysages passés avec la caresse ou la force du vent d'aujourd'hui. Il y a une harmonie des mots jusque dans les divorces, et l’écriture de Luis Mizón sait recoudre les plaies des sols et des êtres.
Jacques Morin
Luis Mizón, Poèmes 1986-1991, éditions Rhubarbe, 2010, 16 €.