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Le MEDEF dernier héritier de "l'immobilisme brejnevien" ?

Publié le 13 janvier 2011 par Slovar
MEDEF dernier héritier Au moment où les ultra libéraux de l'UMP et le MEDEF passent leur temps à remettre en cause le temps et le coût du travail, un des membres important du MEDEF rend son tablier et crucifie la politique économique et sociale de l'organisation patronale !
De qui cette phrase : " Face à la crise, le monde patronal doit assumer ses responsabilités, prendre sa part d'effort et ne pas chercher à alléger au maximum son fardeau en le transférant sur la majorité laborieuse" de Bernard Thibault, de Jean-Luc Mélenchon ?
Non, d'Eric Verhaeghe, membre important du MEDEF, qui vient de rendre tous les mandats qu'il exerçait au nom du MEDEF dans des organismes paritaires !
Il ajoute au passage qu'il : " (...) est en désaccord complet avec la politique menée par Laurence Parisot depuis 2008. Politique qu'il n'hésite pas à qualifier d'"immobilisme brejnevien" (...) " - Le Point
Etonnante et courageuse réaction, lorsqu'on connait les positions du MEDEF et ses ritournelles sur le coût du travail, l'emploi des jeunes et seniors et surtout la "nécessaire flexibilité" de tous les salariés face à la mondialisation !
Une démission qui va laisser des traces au MEDEF
Eric Verhaeghe, directeur des affaires sociales de la puissante Fédération française des sociétés d’assurance (l'une des principales fédérations contributrices du Medef), a annoncé qu'il démissionnait de tous les mandats qu'il exerce au nom du Medef : " présidence de l'Association pour l'emploi des cadres depuis juillet 2009, conseils d'administration de l'Agirc, de l'Acoss, de la Cnav, de l'Unedic et de Pôle emploi "
Pourtant, celui-ci avait pris la direction de l'APEC " (...) dans un contexte de rééquilibrage des présidences détenues par le Medef dans les organismes paritaires, postes jusqu’alors largement occupés par l’UIMM (...) " nous dit l'Argus de l'Assurance
Si sa démission de l'APEC est due, selon lui à l'immobilisme et à une bonne part de ... mauvaise foi de la part de l'organisation patronale : " (...) depuis plus d'un an, (il) propose de réformer les structures de l'Apec » afin de les mettre en adéquation avec le droit européen et qu'il « ne se retrouve pas » dans le projet d'accord qui a été soumis par le patronat aux syndicats le 21 décembre sur le sujet (...) " - Les Echos
Il ajoute, au sujet de l'abandon de tous ses autres mandats, que : " (...) le seul geste utile qu'il puisse faire aujourd'hui est de démissionner de tous ses mandats puisqu'il ne partage plus les positions du Medef dans ces instances (...) "
Au delà du panache, que l'on peut saluer, l'homme n'a pas décidé d'en rester là puisqu'il : " (...) publie aux éditions Jacob-Duvernet un livre intitulé « Jusqu’ici tout va bien » et sous-titré : Enarque, membre du Medef, président de l’Apec, je jette l’éponge !. Dans cet ouvrage, il critique les positions de l’organisation de Laurence Parisot et plus largement certaines dérives de la société. " Sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique " - L'Argus de l'Assurance
L'Expansion et Challenge nous donnent un aperçu du contenu de ce livre qui ressemble furieusement à un brûlot contre la politique de l'organisation patronale !
L'Expansion : " (...) Point de départ de sa réflexion : la crise de 2008 et l'attitude des grands patrons, à ce moment surtout préoccupés, selon lui, par la préservation de leurs avantages ( ...) Alors que les entreprises allaient mal, que des charrettes de licenciements étaient annoncées, une seule chose occupait les esprits : la situation juridique des dirigeants ( ...) sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique et l'a capté à son profit »
Le discours sur le coût du travail en France (trop élevé selon le patronat) en particulier, l'inquiète : « En pesant sur les conditions de vie des salariés, on pousse ceux-ci à s'endetter pour vivre. Or, la crise a démontré les dangers de l'endettement ». Il défend aujourd'hui l'idée que les « élites doivent assumer leur part d'effort » pour redresser la situation financière du pays : « Le niveau atteint par la dette ne permet plus de financer des baisses d'impôts ciblées sur les plus hauts revenus (...) "
Challenge : " (...) Il est dangereux de répéter à l'envi que le coût du travail est trop élevé", ce qui aboutit à la "modération salariale" et à l'endettement "massif" des salariés et favorise socialement "l'extrémisme" (...) Face à la crise, le monde patronal doit assumer ses responsabilités, prendre sa part d'effort et ne pas chercher à alléger au maximum son fardeau en le transférant sur la majorité laborieuse (...) Sur un plan moral, lance-t-il, "rien ne justifie que le remboursement de la dette soit assumé par les plus bas revenus" qui en "profitent le moins" Il appelle les élites à "ne pas se comporter comme une noblesse d'ancien régime" et les exhorte à "un sursaut républicain (...) "
Mais que pense la FFSA de la décision d'Eric Verhaeghe et de la parution de son livre ? Pour l'instant, aucun echo. Mais comme l'indique l'AFP : " (...) il va continuer à exercer sa fonction de directeur des affaires sociales de la Fédération française des sociétés d'assurance, qu'il occupe depuis 2007 (...) "
Il ne reste donc plus qu'à attendre la réaction de Laurence Parisot et celle des ... partis politiques et des candidats à la présidentielle de 2012 qui vont, très certainement, s'arracher ce livre ...
Eric Verhaeghe : "Jusqu'ici tout va bien" Édition Jacob Duvernet 19,90 euros

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