Qu’on ne se méprenne pas : Ce Zemmour imbu de lui-même, bête et méchant, qu’il aille au diable ! Mais la justice c’est autre chose - celle des hommes en tout cas.La justice doit est être au service des lois pour défendre les citoyens.
Pourtant, de plus en plus insidieusement, cette justice est devenue une tribune vers laquelle tous les mollahs s’engouffrent pour museler au gré de leur hargne ou de leurs intérêts, car il ne s’agit plus désormais de traquer des faits mais de harceler l’expression d’une pensée.Les idées doivent être critiquées, dénoncées mais est-ce à la justice de définir ce qui est « convenable » ?
La justice a-t-elle autorité à philosopher, à s’immiscer dans les méandres des mots quand il n’y a pas d’autre « délinquance » que le dire ?Sans doute, quand il s’agit d’une menace proférée, d’un appel au meurtre ou à la « violence » illégitime : Mais, là encore, la frontière reste étanche entre justice et philosophie et il convient donc, ici, de laisser aux actes ce qui appartient aux actes et aux mots ce qui appartient aux mots pour peu que ceux-ci n’incitent pas à des actions contraires à la loi.
Or, même si Zemmour, comme bien d’autres –dont, hier, le Ministre de l’Iintérieur – a dépassé la ligne rouge en tant que citoyen par la simple suggestion d’une inégalité de fait entre français, il n’a jamais appelé à enfreindre, de quelque façon, la loi. Il s’est contenté de donner sa vision de la réalité.Qu’on soit ou non en accord avec celle-ci d'autant plus qu'il s'agit là de "personnages publics", il faut pourtant s’insurger contre l’immixtion de la justice dans un domaine où seul le débat, l’affrontement idéologique devraient avoir cours dans une démocratie digne de ce nom.
On comprend bien pourquoi, contrairement à la Suisse par exemple, on multiplie ici les gardes fous pour que le peuple ne puisse réellement s’exprimer, pour que sa parole soit tellement filtrée que lorsqu’elle parvient en aval du « processus démocratique », il n’en reste rien. Quand le peuple parle, ce qu'il en ressort c'est la parole du Prince. Et l’on s'étonnera du "populisme" !
La justice est donc conviée à faire le sale travail quand les juges deviennent, à leur insu, les supplétifs d’une mafia intellectuelle à la solde de lobbies encouragés par tous les ennemis de la liberté - ce large spectre où s’alignent quelques épaves staliniennes, quelques escrocs de la philosophie et une extrême droite relookée en défenseur d’Israël depuis qu’elle s’est trouvée un bouc émissaire plus visible.
Car ne nous y trompons pas, la machine à détruire, à humilier, à terroriser n’est jamais assouvie.
Un jour elle se gave dans un camp, le lendemain elle ira se repaître ailleurs: Chevènement, parce qu’il a le malheur de défendre Zemmour dans ce combat. Vous, moi, les cibles ne manquent jamais pour ces chasseurs de pensée, toujours à l’affût d’un trophée avec la caricature du bien comme cache sexe de leur fascisme ordinaire !
Et tout sera bon pour vous faire taire, à commencer par les causes les plus justes: Le féminisme, la lutte contre l’homophobie, le racisme, l’antisémitisme, la protection de l’environnement ou pourquoi pas la cause des animaux, tout peut être accaparé par nos méchants mollah et, là où justement le débat devrait être stimulé, tout se termine par un jugement et une condamnation. Là où il faudrait brandir un étendard, la fierté d'un engagement, on s'abaisse à brandir la tête et la dépouille du vaincu.
Ce qui est en cause ici, ce ne sont plus seulement les menaces sur les libertés publiques mais, plus fondamentalement, la vie intellectuelle d’un pays et même sa culture.
Il faut s’alarmer de voir celle-ci prise au piège de la bonne conscience, de sa manipulation par ceux qui n’ont de cesse de dévoyer les droits de l’homme pour les mettre au service d’un camp contre un autre.
Notre grand procureur, BHL, si pressé de défendre Polanski quand Julian Assange est lui aussi menacé d’extradition et même de mort, si prompt à nous alarmer depuis depuis si longtemps quant à l’imminence d’une lapidation alors qu'on crucifie et décapite en Arabie, est si parfait dans cette orchestration du cri ou du silence! Et avec lui, tous ces autres Fouquier- Tinville, les avez vous entendus au sujet de la répression sanglante en Tunisie ? Et pourquoi, en entrant dans le sillage d'une droite servile et opportuniste, Delanoë ne condamne-t-il pas le régime tunisien ? Pourquoi?
Quel crédit apporter à ces porte-paroles d’un lobbying politique qui se prétendent « philosophes » - lequel lobby sait trouver toujours les mêmes relais, à droite comme à gauche, avec ces éternels moralisateurs de pacotille, ces mondains confits dans leur strass, ces cultureux-festeux à la traîne du plus fort pour lécher dans la gamelle pourvu qu'elle soit dorée?
Certains communistes ont l’expérience de ce jeu tordu , de cet art du goulag qu’ils trimbalent dans la momie du stalinisme quand Maxime Gremetz déclare :
« Et sur la base de quel rapport Chevènement dit-il que la moitié des délinquants sont arabes ou autre chose? Il y a des statistiques là-dessus? Il n'y en a pas. »
Ce que Gremetz tait c’est que s’il n’y a pas de statistique c’est parce qu’on les a interdites pour sauvegarder un simulacre de bien pensance : La réalité c’est ce qui est décrété, écrit ; ce n’est pas le réel. Les chiffres ne sont bons que lorsqu’ils ils vont dans le bon sens. Pour le reste, circulez!
Car ces gens là, ces BHL ou ces Gremetz, ils pensent mal parce qu’ils pensent faux. Ou, plus précisément, ils nous imposent leurs choix comme la vision convenable du monde.Ils assaisonnent, de leur logorrhée ou de leur silence, les médias qu’ils financent ou qu’ils amusent.Ce sont des « alliés objectifs » dans la bonne tradition totalitaire. Ils pensent l’intérêt d’un camp, le leur, et méprisent l’Homme. Ils s’obstinent à ce que le réel soit le reflet de leur idéologie ce qui, par ailleurs, n’est pas la moindre perversion pour un marxiste.Mais ne raisonnons pas avec eux, ils ne connaissent que coercition et muselière. Ils vous diront, ou ne l’avoueront pas, pour la Tunisie ou l’Arabie par exemple, qu’il vaut mieux une forme de dictature qu’une autre… Une dictature préventive en quelque sorte, comme là-bas, hier, ailleurs, on a pu se lancer dans des guerres « préventives ». Guerre des six jours ou contre l'Irak...
Mais que les censeurs prennent garde : l’écho de ce qu’ils veulent refouler reviendra toujours avec plus d’amertume.
On ne tue pas plus le silence que les mots - et l’aigreur de ceux qu’on fait taire.
Ce que l’on enfouit reviendra par la fenêtre si on l’a chassé par la porte et, que ceux qui dévoient la justice en la dénaturant, se souviennent que ce Fouquier-Tinville qui avait si bien graissé la guillotine en fut finalement la victime. A tout faire entrer dans le cadre de la justice c'est celle-ci qu'on veut étouffer. Et, avec elle, toute l'histoire de la Liberté.
Le dernier qui sortira n’aura plus qu’à éteindre la lumière.