Le produit intérieur brut par habitant est beaucoup plus élevé dans les pays qui présentent un bon résultat selon l’indice de liberté économique. Cette relation positive se révèle à tous les niveaux de liberté économique mais elle est encore plus évidente lors de l’augmentation du degré de liberté économique.
Depuis 1995, l’Heritage Foundation et le Wall Street Journal mesurent ce phénomène grâce à un indice de liberté économique. Tout au long de ces années, cet indicateur, basé sur l’enquête et l’analyse des politiques économiques à travers le monde, a clairement démontré le lien entre liberté économique et prospérité, de même qu’il a établi un point de référence à partir duquel il est possible d’estimer les chances de succès d’un plan économique. Depuis les scolastiques espagnols de l’École de Salamanque jusqu’aux théoriciens de l’école économique autrichienne, en passant par Cantillon ou Smith, on sait que les institutions qui protègent la liberté des personnes dans la poursuite de leurs propres intérêts économiques sont également à la base d’une plus grande prospérité pour l’ensemble de la société. Quoi de mieux donc qu’un indicateur fondé sur des éléments objectifs pour convaincre tous ceux chez qui l’idée de liberté semble trop sophistiquée et qui se laissent séduire par la démagogie populiste, qu’elle soit démocratique ou autoritaire.
L’objectif de l’indice de liberté économique confectionné par l’Heritage Foundation et le Wall Street Journal est donc de catégoriser les institutions, les politiques et les pratiques économiques de manière quantitative et rigoureuse. Cependant, il s’agit plus qu’une simple classification, il identifie également les variables que comprend la liberté économique et analyse l’interaction entre la liberté et la richesse. Le rapport 2011 sur l’indice de liberté économique couvre, à partir du second semestre 2009, 183 pays et en classe 179 sur base de dix facteurs spécifiques de liberté économique (commerce, commerce international, fiscalité, taille du secteur public, monnaie, investissement, finance, droits de propriété, corruption et liberté du travail). L’ensemble de ces dix libertés offre ainsi une description empirique du degré de liberté économique d’un pays selon une optique de responsabimité personnelle, de non disrimination et de propotion de la concurrence.
En bref, les enseignements que l’on peut retirer de l’indice 2011 sont les suivants :
• Le score moyen global de liberté économique de l’indice 2011 est de 59,7, une hausse de 0,3 point par rapport à l’année dernière. Malgré l’environnement économique mondial difficile, les forces de la liberté économique dans le monde entier ont fait preuve de résistance et même plus. En fait, la liberté économique s’est renforcée dans la plupart des économies qui sont évalués dans l’indice 2011. Ces gains sont particulièrement bienvenus et importants étant donné que les améliorations les plus importantes ont été réalisés dans les pays en voie de développement et les économies émergentes où la réduction de la pauvreté est une priorité absolue.
• Les scores de 117 pays se sont améliorés, les scores de 58 autres ont empirés, et quatre restent inchangés. Parmi les 117 économies qui sont devenus plus libres économiquement, 102 se situent dans des pays en voie de développement ou à économie émergente, la plupart en Afrique sub-saharienne et du sud et ainsi qu’en Amérique centrale et dans les Caraïbes.
• Presque toutes les régions du monde ont enregistré un accroissement des niveaux de liberté économique. La région Afrique sub-saharienne, menée par le Rwanda, Djibouti et le Cap Vert, a le plus amélioré score, avec un gain moyen de plus d’un demi point dans l’indice 2011. L’Amérique du sud et centrale/Caraïbes est la deuxième zone a avoir augmenté sa liberté économique, avec exactement un demi-point en moyenne, grâce aux progrès importants en Colombie et au Costa Rica, entre autres. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ainsi que les régions Asie-Pacifique présentent également des améliorations. Hélas, l’Amérique du Nord et l’Europe, malgré de meilleurs résultats de certains pays, ont connu un déclin de la liberté économique.
• Avec Hong Kong et Singapour, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et le Canada consolident leur statut d’économies les plus libres. Ces six pays sont les seuls à obtenir des scores supérieurs à 80 sur 100. Hong Kong confirme son statut d’économie la plus libre du monde, une position qu’elle occupe depuis 17 ans. Singapour reste en deuxième position, réduisant l’écart avec Hong Kong. L’Australie et la Nouvelle-Zélande conservent leur 3e et 4e place, tandis que la Suisse grimpe jusqu’à la 5e place, devançant l’Irlande, qui a chuté à la 7e place. La robustesse relative des économies libres n’est pas un hasard. Leur profond engagement dans la défense de toutes les facettes de la liberté économique a doté leur économie d’un degré élevé de résistance qui leur permet de se remettre rapidement du ralentissement mondial.
• Chaque région continue à avoir au moins l’une des 20 premières économies libres. Neuf d’entre elles se situent en Europe, six dans la région Asie-Pacifique et deux en Amérique du Nord. Les autres régions sont représentées par un pays : le Chili pour l’Amérique du Sud et centrale/Caraïbes, l’île Maurice pour la région Afrique sub-saharienne et le Bahreïn pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord. Le Bahreïn a enregistré des progrès impressionnants, en devenant la 10e économie la plus libre au monde.
• Dans toutes les régions, la liberté économique est la clé pour de plus grandes opportunités et la prospérité. L’édition 2011 de l’indice confirme les conclusions des éditions précédentes en ce qui concerne les divers avantages concrets dans des sociétés plus libres. Les plus hauts niveaux de liberté économique sont non seulement corrélés à l’augmentation du revenu par habitant mais également au bien-être global, qui tient compte de facteurs tels que la santé, l’éducation, la sécurité et la liberté personnelle.
Comparaison et relation entre, d’une part, le degré de liberté économique et, d’autre part, le PIB/hab., le PIB/hab. en parité de pouvoir d’achat (PPA) et l’indice de développement humain (chaque point représente un pays) :
En réponse à la crise économique de 2008-2009 :
• Les réponses politiques à la crise économique mondiale ont conduit à un remaniement notable dans le top 20 des pays de l’indice 2011. 9 des 20 économies les plus libres sont européennes, menée par la Suisse, l’Irlande et le Danemark. Avec son score de la liberté économique en baisse de 5,5 points, l’Islande est sortie du top 20 tandis que le Danemark a dépassé les États-Unis, qui poursuit sa tendance à la baisse, en descendant au 9e rang. Le Royaume-Uni a quitté le top 15.
• Des niveaux élevés de dépenses du gouvernement en réponse à la crise économique mondiale n’ont pas entraîné de croissance économique plus élevée. Profitant de la crise économique, de nombreux gouvernements des économies avancées ont intensifié leur ingérence directe dans l’économie et augmenté les dépenses publiques. Bien que de nombreuses preuves mettent en évidence les résultats négatifs des dépenses publiques massives dans un moment de crise, certains ont relancé des politiques keynésiennes de stimulation de la demande par les dépenses publiques. Ces dépenses, plus que tout autre facteur de marché, représentent le plus grand danger pour toute dynamique économique. S’appuyant sur les dépenses publiques, ces différents « stimulus » non seulement n’ont pas réussi à promouvoir la croissance et l’emploi, mais ont également prolongé la crise en entravant les investissements du secteur privé. En explosant, la dette publique a transformé, dans de nombreux pays, le ralentissement de l’économie en une crise financière, avec stagnation économique qui alimente une crise de l’emploi à long terme.
Malgré le contretemps représenté par la dernière crise, la confiance dans la liberté comme force morale et libératrice semble donc renaître. Au fur et à mesure que nous entrons dans le 21e siècle, chaque fois plus de pays comprennent l’importance de l’adoption de cadres institutionnels libéraux pour améliorer la vie de leurs citoyens. Partout dans le monde, les gens réclament à leurs dirigeants d’appuyer et de maintenir les conditions économiques qui offrent la meilleure chance de croissance économique et de création de richesse, comme, par exemple, la possibilité de pouvoir choisir librement son travail, de lancer une entreprise, d’accéder facilement au crédit ou d’employer une carte de banque, depuis l’achat d’une maison au choix libre d’un service de santé, d’être soumis à des impôts justes et à des tribunaux impartiaux. Et même s’il existe une opposition décidée à la libéralisation économique – ceux qui, par exemple, réclament un relèvement des barrières douanières – et qui exige encore et toujours un plus grand interventionnisme de l’État, il ne faut jamais oublier que les privilèges spéciaux concédés à quelques-uns se traduisent pour la majorité de la population par de plus grandes difficultés pour travailler, épargner, investir ou consommer, bref, par moins de prospérité.