L’extension du Musée MACRO à Rome, due à Odile Decq, est maintenant ouverte au public. Moins spectaculaire et moins déroutante que l’architecture de Zaha Hadid à MAXXI, elle s’ouvre sur un immense volume polygonal rouge sang, évoquant un peu la mélancolie de Dürer, qui abrite un auditorium et sur lequel trône un totem de Nick Cave.
Ce projet a été retenu pour le projet ENEL Contemporanea parmi sept propositions, qui font l’objet d’une petite publication : entre autres, Allora & Calzadilla voulaient recouvrir le sol du musée de charbon, Anya Gallaccio creuser un puits artésien sous le musée, Daniel Canogar empiler des vieux DVD et ce cher Loris Gréaud reconstituer Moby Dick. Le jury a fait un excellent choix, il me semble…
Dans les étages, à côté de dessins (et quelques sculptures-assemblages) d’Antony Gormley et d’un labyrinthe de photos repeintes de Mario Schifano, l’exposition la plus intéressante à mes yeux est celle de Benedetto Marcucci, ‘Treccani Sottolio‘ (jusqu’au 16 janvier) : Treccani est l’éditeur de l’encyclopédie de référence en Italie, et aujourd’hui, à l’ère de Wikipedia, à quoi peut bien servir une encyclopédie ? Marcucci en fait un monument et cette salle dans la pénombre est un reliquaire : les 36 volumes de l’encyclopédie et les 20 volumes d’annexes, d’appendices et de mises à jour sont conservés dans de grands bocaux scellés de cire rouge et remplis d’huile, “sottolio”. Pour faire le poids, il y a aussi, sur des étagères, quelques livres mythiques dont On the road de Kerouac. Le temple de la culture n’est plus qu’un cénotaphe obsolescent, un témoignage d’une époque révolue, un signe d’un rapport à la culture aujourd’hui oublié. Enfin, MACRO continue l’expérience très intéressante de confronter deux œuvres assez distantes dans le temps d’un même artiste au regard de deux critiques, le plus âgé commentant l’œuvre la plus récente, et le plus jeune l’œuvre ancienne. Actuellement donc, Vittorio Corsini montre côte à côte un ‘Arbre’ de 1991, fait de cordages et de chevilles de métal et un ‘Paysage’ de 2010, où des bouts de papier coton imprimés de noms propres sont superposés à un dessin logarithmique. Lorenzo Bruni parle, à propos de l’Arbre, à la fois dessin et sculpture, d’évocation et de représentation, et Alberto Mugnaini reprend, pour le Paysage, les concepts de spatialité, de cartographie et d’identification par le nom ; tous deux se retrouvent dans une réflexion sur les rapports entre signe et image.Photos de l’auteur. Bik van der Pol étant représentés par l’ADAGP, les photos de leur œuvre seront ôtées du blog au bout d’un mois.