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Robert Bruce : « Bankster ».

Par Manus

Robert Bruce : « Bankster ».

Robert Bruce : « Bankster ». 

Photo provenant du blog "Les Penchants du Roseau".

Il y a deux jours, un colis dans ma boîte aux lettres.  Je savais.  Et je souriais, déjà.  Peut-être d’impatience, probablement d’amitié.  J’avais oublié cette fameuse affaire du papier de cristal.  Sur son blog, Christian, tel un alchimiste, un savant, un créateur, cherchait, nous demandait, il avait fini par trouver (tout seul, comme un grand).  Ce papier cristal est une fine enveloppe translucide, qui crisse lorsqu’on la palpe, et permet au propriétaire d’y glisser de petits ouvrages, minces, discrets, comme … « Bankster » !!

Lecture du petit mot qui accompagne le livre que je tiens à la main, tandis que mon œil gauche lorgne sur la couverture blanc cassé, ou crème, je ne sais pas trop comment définir la couleur, mais élégante, certainement.

Me voilà donc avec entre les mains un « Petit Penchant ».  Je dois bien avouer que ça me fait quelque chose.  Cet effet de se dire que depuis des mois, « on » suit pas à pas l’évolution d’un jeune éditeur, qui se lance, courageusement, dans l’arène de ce qu’est le monde de l’édition.  Ce « Petit Penchant », c’est un peu comme si l’éditeur avait envoyé à ses proches un faire-part de naissance.  Je me réjouis pour le bébé qui vient de naître, Robert Bruce (ha, ha !) et son euh, papa.  Enfin, dans le cas qui nous occupe, éditeur conviendrait mieux, hum.

« Bankster » !!  éd. Les Penchants du Roseau, coll. « Petits Penchants », déc. 2010, de Robert Bruce. 29 pages.  C’est moi qui rajoute les points d’exclamation.  Il n’y en a pas.  Mais le titre fouette.  La curiosité me démange.  Christian nous avait laissé le choix entre trois auteurs.  J’ai choisi Bruce, malgré la sympathie que les autres m’inspiraient également.  Si je me suis arrêtée sur cet auteur, c’est qu’un jour, il a laissé un commentaire si touchant sur mon blog que, voilà, j’avais envie d’en savoir plus sur lui.  Et puis il m’intrigue, cet homme colporteur se baladant  un peu partout avec son âne, Platon.

 « Bankster » !  Le titre par excellence.  Il sonne comme cet hommage de Cocteau en évoquant Marlène Dietrich : « Votre nom commence par une caresse et se termine par un coup de cravache »   Sauf qu’ici, la caresse est écartée pour le coup de cravache immédiat.  « Bankster » !  Je me demande ce que l’auteur a bien pu inventer avec un pareil titre.  J’imagine immédiatement des gansters.   Des « Al » partout, genre, Al Pacino, Al Capone, et un Corleone, pourquoi pas.   « Bankster » !  Ou, banko ! ?  Je hume l’odeur du fric, du flouze, du pèse, de l’oseille.  Chapeau rabattu sur les yeux, regard noir, perçant, un flingue quelque part sous le veston, à rayures, bien entendu.  Mais je m’égare.  Le titre fait trop rêver.  Lisons plutôt.

Je suis assez surprise.  Mais j’aurais dû m’y attendre.  L’écriture ne semble pas coller au titre.  Je suis de plus en plus intriguée.  Un style classique, enlevé ; langue française parfaitement maîtrisée. 

L’auteur écrit à la première personne, où va-t-il nous mener ?

Il nous relate ses habitudes dans le quartier des Halles, chez le « Merle Moqueur », où il aime goûter aux plats « comme à la maison ».  Une ambiance de rue, les clients sont des habitués, le ton y est badin, familial. 

Restaurant populaire à succès, il y fait chaque midi bondé.  Un jour, alors que le narrateur s’y trouve, il remarque un homme, habitué comme lui.  Flanqué d’une moustache à la Salvator Dali, le sourire éternel gravé sur le visage, l’homme attire l’attention du narrateur.  Pour son accoutrement un peu spécial, certes, mais surtout, et aussi, parce que, coincé entre ses jambes, il y serre avec crainte une sorte de cartable « un peu arrogant ».(p 9)

Un jour, Marinette, la serveuse, propose à l’auteur de s’asseoir à la table de l’homme à la mallette. 

Ils sympathisent.  Deviennent compères.  Voire amis.  Du moins complices. 

Jean-Marie C, c’est son nom, éveille de plus en plus la curiosité de son nouvel ami.  De confidence en confidence, ce dernier apprend qu’il a une maîtresse.  Il s’interroge.  Double vie ?  Il ne l’aurait pas cru.  Mais qui donc est cet homme ?  Une part de lumière, une part d’ombre.  Ange et diable.  L’auteur sent le mystère planer autour de Jean-Marie.  La mallette serrée entre ses jambes.  Ouverte, un après-midi, par bousculade, par inattention, par erreur, que sais-je, et un contenu, qui s’éparpille.

Les yeux du narrateur s’agrandissent.  Il n’aura pas fini de s’étonner.

L’aventure commence.

A la fin de sa lecture, le lecteur, lui, rira de bon cœur, la larme à l’œil, tant les deux compères lui auront fait battre son cœur.

Je terminerai par ces mots de Robert Bruce : « Salut Jean-Marie, où que tu sois, seul ou avec Marie-Laure, bravo pour ce tour de piste maestro ! »

Savina de Jamblinne. 


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