Jed Martin est un artiste touche-à-tout dont la cote ne cesse d’augmenter. Ses relations avec son père, ses amours avec Olga, la rencontre avec l’écrivain Michel Houellebeck, composent le récit de ce nouveau livre.
« J’ai voulu faire un roman qui se lit bien, qui coule de bout en bout. » c’est ce qu’affirme à peu de chose près Michel Houellebeck dans les quelques interviews qu’il a donné.
En effet, on remarque très vite que Houellebeck s’est singulièrement assagi dans La Carte et le Territoire. Le style sulfureux de Plateforme ou de La Possibilité d’une île, où la narration crue d’une sexualité débridée en avait débouté plus d’un, laisse ici la place à un style plus classique.Néanmoins il ne s’est pas vendu pour autant. Son côté acerbe, pinçant avec une pointe de cynisme, n’a pas été banni. Le côté réac’ des premiers livres qui visait principalement à la provoc’ s’estompant réellement, ne reste plus que quelques propos à visée plus drolatiques que provocants, dont certains sont d’ailleurs un régal prosaïque.
Sur le fond, il faut avouer que La Carte et le Territoire joue sur un mode plus intellectuel que les précédents livres : le monde de l’art en proie à celui de la finance. Une sorte d’amour à mort peu flatteur. La première partie du livre qui développe ce thème est vraiment bien, car justement le propos n’est pas assommant, il peut en effet se comprendre à différents niveaux.Par contre, la seconde partie qui tourne plus autour de l’enquête policière me semble bien plus faible. Houellebeck n’est pas à l’aise avec ce genre, et sans vraiment essayer de la détourner ou de se l’approprier, l’intrigue est peu intéressante, et ce qui en découle de même.
On peut quand même dire que ce prix Goncourt pour La Carte et le Territoire n’est pas immérité, mais ne figure pas en tête du classement des Houellebeck (du moins selon moi).