12 janvier 2011 par Lilou
C'est lors de sa réunion de rentrée, mardi, que l'Académie a élu Régis Debray " au couvert de Michel Tournier " qui avait demandé à se retirer en juin 2010, a annoncé la vénérable institution. L'auteur du " Roi des aulnes " avait largement dépassé l'âge désormais limite des 80 ans.
Régis Debray est un " très bon écrivain, un penseur, qui a toute sa place à l'Académie Goncourt ", estime Bernard Pivot.
" Beaucoup de membres de l'Académie française auraient souhaité qu'il les rejoigne sous la Coupole mais il a toujours refusé. Nous sommes d'autant plus fiers de l'accueillir parmi nous ", sourit l'ancien animateur du mythique " Apostrophes ".
Né en septembre 1940, l'élection de Régis Debray ne rajeunit ni ne féminise ce distingué cénacle, qui ne compte aujourd'hui que trois femmes.
Mais l'ex guérillero, normalien, agrégé de philosophie et homme de conviction en dynamisera sûrement encore les débats. Lui qui cultive la nostalgie d'un monde lettré et s'alarme de ce qui se joue de nos jours sur la toile et dans la vaste vidéosphère.
Il a d'ailleurs publié l'an dernier " Eloge des frontières " (Gallimard), une attaque en règle contre la mondialisation et la " dilution dans l'universel ".
Parmi ses plus célèbres engagements, celui au côté de Che Guevara : en 1967, Debray est emprisonné plusieurs mois en Bolivie, à Camiri (sud-est), où a lieu son procès, accusé d'avoir participé à des accrochages qui ont fait 18 morts dans les rangs de l'armée bolivienne.
" Danton ", son nom de guérillero, est condamné le 17 novembre 1967 à 30 ans de " prison militaire ", échappant à la peine capitale. Il en purgera un peu moins de quatre.
Il séjourne ensuite au Chili puis rentre en France en 1973. Quatre ans plus tard, il obtient le Prix Femina avec La Neige brûle.
Chargé de mission auprès de François Mitterrand à l'Élysée de 1981 à 1985, il sera maître de requêtes au Conseil d'État de 1985 à 1989 avant de démissionner.
En 1991 et 1992, il publie le " Cours de médiologie générale. Vie et mort de l'image, une histoire du regard en Occident ".
Parmi ses autres sujets de prédilection, le rapport au sacré et à la religion, le Proche-Orient ou encore le déclin de la littérature et d'une certaine idée de la France.