Magazine Société
J’ai profité des fêtes de fin d’année pour plonger dans les dizaines d’articles du Monde consacrés aux câbles diplomatiques recélés par WikiLeaks. Au contraire de ce qu’une foule haineuse escomptait, les États-Unis n’ont pas les coulisses de politique étrangère si breneuses que cela. Leur souci premier : la stabilité dans le respect des droits de l’homme. Pas sûr que cet objectif eût été visible dans les officines diplomatiques de nombreux autres pays prétendument démocratiques… et ne parlons pas de la terrible moisson qu’aurait permise les risques bien plus conséquents pris par des fuiteurs sis dans des nations autocratiques, la majorité de ce qu’on désigne sous la bisounours expression « communauté internationale ».Sans doute ce qui explique la réaction des officiels d’Iran qui voient dans cette opération transparence la main manipulatrice du Satan américain : Assange en faire-valoir de l’hyperpuissance… Les dirigeants perses n’en sont pas à leur première contradiction.Ce qu’il n’y a pas, dans ces 250 000 documents mis sur la place publique mondiale, c’est le fantasme conspirationniste de tous ces internautes en mal de défoulement anti-américain. Aucune volonté d’hégémonie autre que la protection normale des intérêts d’une grande nation. Le reste relève plutôt des caniveaux de Gala, Voici et compagnie. Quel intérêt pour la marche du monde de connaître l’intime jugement de diplomates sur les dirigeants de nations alliées ? Cela a-t-il eu un impact sur le devenir des relations en cours ? Pas le moindre… En revanche le projet WikiLeaks aura un effet : rendre bien plus opaque et hermétique la géopolitique déclinée par nos gouvernants. La transparence intégrale acclamée par tous ces internautes anonymes, lesquels n’ont d’ailleurs même pas l’honnêteté de se l’appliquer à eux-mêmes en signant les outrances de leur véritable identité, se résumera à quelques parcelles dénichées au sein des plus perméables sites, de plus en plus rares au fil des années. La glasnost diplomatique n’aura pas lieu et les relations internationales s’en trouveront encore plus convenues, moins naturelles, hantées par le risque de fuite.On peut enfin s'interroger sur la motivation du fuiteur, un soldat désœuvré. Cela serait-il arrivé sous la présidence Bush ? N'y a-t-il pas l'inavouable objectif de déstabiliser un peu plus la gouvernance Obama, bien moins respectée dans les cénacles militaires rigoristes ? Le plus ironique serait que la taupe nourricière des chantres de la transparence ne soit rien d'autre qu'une petite saloperie humaine aux relents racistes. Un attelage qui serait bien en phase avec cette tambouille hypertrophiée. Mais je déraisonne, sans aucun doute...