Au sol, des plaques de bois brûlées qui dessinent comme un écran géant. Aux murs, des grands dessins de formes organiques, végétales, exubérantes, mais où le détail, le fouillis rendent malaisé de distinguer quelque forme que ce soit, comme si on était trop près, trop oppressé par ces motifs envahissants; il existe un dessin méconnu de van Gogh à Winterthur, qui est d’une facture similaire, avec des traits si détaillés qu’ils créent un tourbillon de confusion. Au milieu de chaque dessin, en réserve, un écran blanc, havre de paix, zone de projection, entrée du spectacle.
Il est sans doute question ici d’explorateurs perdus dans la jungle, de perte et de désastre, mais il est surtout question, comme on l’avait déjà
vu à Toulouse, pour
Mathieu Kleyebe Abonnenc, de visible et d’invisible, de révélation et de disparition. De la même manière, ses photos de lynchage aux victimes effacées parlaient de racisme et de violence, mais traitaient surtout de l’impossibilité de représenter l’indicible : sujet immense. Son étrange lieu de naissance lui-même le place dans un ailleurs impossible.
A peine visible, tout en haut de la
galerie Hussenot (jusqu’au 19 Février), une
figurine vaudou, Simbi, déesse des eaux et de la clairvoyance, veille sur la salle.
Photos de l’auteur.