C’est lors du CES 2011 (Consumer Electronics Show), qui a commencé le 6 janvier et durera 3 jours, qu’Intel a présenté ses derniers processeurs : des Core i3, i5 et i7 qui pourraient passer comme tout à fait classiques, mais qui, si on y regarde de plus près, présentent une nouveauté non négligeable.
En effet, ces nouveaux processeurs sont tous montés avec l’architecture Sandy Bridge, qui propose une caractéristique qui est du goût des protagonistes de l’industrie cinématographique, autant dire des ayants droit. La caractéristique en question se nomme « Insider » et est en fait une sorte de DRM maison (Digital Rights Management, technologie permettant d’identifier un fichier audio ou vidéo et de restreindre son utilisation en vue de la protection des droits d’auteur) qui a pour vocation de créer un environnement protégé et sécurisé pour les oeuvres cinématographiques des ayants droit.
En gros, Insider permet d’accéder à du contenu en haute définition mis à disposition des internautes sur des plateformes de téléchargement légales. En d’autres termes, cette technologie embarque un système qui permet de protéger les oeuvres achetées numériquement, si bien qu’en théorie il serait impossible de les dupliquer pour pouvoir par exemple les partager avec d’autres internautes.Selon les dirigeants d’Intel, les studios américains seraient déjà sur les rangs et près de 500 nouveaux PC à travers le monde seront équipés de l’architecture Sandy Bridge qui intègre ce système. D’ailleurs, il se pourrait à l’avenir que les PC n’embarquant pas
Insider soient déclassés sur les plateformes de téléchargement légales partenaires d’Intel, c’est-à-dire qu’ils ne pourraient pas accéder à la Haute Définition et seraient cantonnés à ne pouvoir faire que de l’acquisition de produits standards.D’après la directrice du pôle PC Client Group de la firme, cela serait un grand bond en avant vers la démocratisation de la vente de films HD numériques sur les PC. Avec un tel système, on pourrait assister à une mise en ligne des films en HD le jour de leur sortie en DVD et Blu-ray, mais uniquement pour les personnes disposant de la technologie Insider.
C’est suite à ces révélations et à la grogne montante des clients qu’Intel essaie aujourd’hui, tant bien que mal, de rassurer. Nos confrères de Numerama ont d’ailleurs reçu un coup de téléphone de la part de la firme leur indiquant que l’agence de presse internationale Reuters avait en fait totalement déformé le concept d’Insider, qui n’est, selon Intel, pas un DRM mais une « technologie matérielle de protection du contenu« .
Pour ne pas en rajouter, la firme explique qu’Insider est en fait une technologie qui va permettre aux internautes de télécharger des films en HD de la même qualité qu’un Blu-ray original. Selon eux, cette technologie va permettre l’apport du streaming en 1080p sur son PC via un téléchargement sur une plateforme légale. On nous indique aussi qu’Insider ne chiffre que l’échange entre cette plateforme et l’ordinateur qui reçoit, et qu’une fois le film téléchargé il n’est plus géré par Insider mais par le DRM du site source. De plus, ces sites sauront, sans même qu’un logiciel ou qu’un client spécifique soit installé sur votre machine, si vous disposez ou pas de la technologie Insider, ce qui vous permettrait ou non d’avoir accès au contenu en HD.
Le fabricant de processeurs continue sur sa lancée en ajoutant que c’est de la faute des pirates si, aujourd’hui, il n’y a aucune plateforme de téléchargement légale qui propose de la haute définition, et que l’architecture Sandy Bridge est la clé qui permettrait d’ouvrir les portes de ces contenus. En effet, jusqu’à présent, les éditeurs rechignent à intégrer ce format sur leurs sites à cause du piratage trop nombreux d’oeuvres protégées.
Il est clair que cette nouvelle technologie que propose Intel est un retour en arrière, et ce serait une grosse erreur de penser que cela pourrait être la réponse adéquate et espérée par beaucoup contre le piratage. Enormément de frustration va en effet naître chez les personnes ne disposant pas des processeurs dernier cri d’Intel, car ils ne pourront pas avoir accès au contenu en HD, chose qui en définitive favorise certaines personnes et en défavorise d’autres. Ce qui pousse à conclure que cette technologie, censée protéger les ayants droit et favoriser la mise en marche de la haute définition numérique légale, va en fin de compte pousser de plus en plus de gens vers du contenu en HD téléchargé illégalement. C’est ce qui s’appelle le revers de la médaille.
Source : Numerama