Woodkid & Madjo, voix d’ici et d’ailleurs

Publié le 12 janvier 2011 par Sukie

Il est devenu bien commun d’organiser des concerts en appartement. J’en ai pris pleine conscience hier. A ma modeste échelle, les session acoustiques qui ont lieu à la maison restent intimistes et confidentiels, restreints à un cercle d’amis, d’habitués, de curieux, venus découvrir mes coups de coeur musicaux, certes encore peu connus, mais prometteurs. Ce que j’aime, c’est cette atmosphère d’être justement “comme à la maison”. On fait comme chez soi, on ne fait pas de chichis, on est ici pour partager un joli moment musical et on préférera la bière, le bon vin et le saucisson sec plutôt que le champagne et les petits fours (voir les concerts passés à la maison sur live-room.org)

Hier donc, nous nous sommes retrouvés dans un gigantesque appartement du 16ème arrondissement. Par hasard. C’était bien le genre de soirée dans laquelle vous ne pouviez vous retrouver que par inadvertance. Il s’avère que nous connaissions quelqu’un, qui connaissait quelqu’un. Or, arrivés sur place, nous ne connaissions personne. Le ticket d’entrée est attribué par cooptation, moyennant une certaine somme en sus. Le lieu : incroyable; qu’il faut sans doute au moins beaucoup d’argent pour habiter un endroit pareil. Le service : impeccable; voiturier, vestiaire, champagne, buffet, petits fours, serveurs (oui on parle bien d’un concert en appartement). L’installation : professionnelle, une scène bourrée d’instruments comme pour un “vrai” concert, un ingénieur du son etc. Le public : 30-40 ans, CSP+, patrons d’agence, dir. market, people , pas de bloggueurs en vue. L’atmosphère : précieuse, ça ressemblait davantage à une soirée de networking qu’à un moment musical spontané

A cette étape du récit, il est faut se rendre à l’évidence qu’il existe des traitements très différents du concept de concert en appart’.

Venons en artistes, car c’est tout de même d’eux dont ce post s’agit. Avant que le concert ne commence, les organisateurs se sont targués d’avoir reçu des artistes en lice pour le prix Constantin ainsi que l’intégralité des nominés de la catégorie Jeunes Talents des prochaines Victoires de la Musique. Jolie performance quoiqu’il en soit. Mais après les deux concerts auxquels je pus assister dans la foulée, je compris pourquoi. Niveau qualitatif ça envoie du PHAT comme on dit par chez nous.

Front-kick dégainé d’entrée de jeu par Woodkid (Yoann Lemoine de son vrai nom, ouep c’est un français) je suis tombée K.O dès les premières secondes. S’ensuit la stupéfaction mêlée à de l’admiration. D’où venait cette voix ténébreuse qui m’a rappelé sans hésitation Anthony and the Johnsons. Et je peux vous dire que pour atteindre ce niveau, il faut avoir un sacré talent. Le mec te balance ça comme ça alors que tu ne t’y attends pas-du-tout. Le souffle coupé, j’écoute sa musique, neurasthénique et pratiquement dépressive, mais tellement belle que ça ressemble à un beau paysage que tu regardes en pleurant. Avec beaucoup d’humour, il nous fait comprendre que la fenêtre n’est pas loin. Heureusement, on est au 1er étage. Et puis ça aurait été dommage de rater la fin de ce concert. Putain, je ne vous raconte pas la claque. Le mec a 27 piges et en plus d’avoir une voix de feu de dieu, c’est un réalisateur de clips… (entre autres pour Moby, Katy Perry). Chapeau également aux deux zicos qui l’accompagnaient, l’ensemble était d’une très belle justesse. Je vous avoue que j’ai failli verser une larme sur la chanson Where I Live. Aucun album à son actif, il se fait rare sur scène, on pourra comprendre avec son emploi de clipeux. Son premier EP sort le 28 février prochain. C’est à découvrir plus qu’urgemment.

http://www.myspace.com/woodkid

Voilà le genre de clip qu’il réalise :

Deuxième partie de soirée, Madjo enchaine avec un back-fist qui décolle la mâchoire. Une fois de plus, c’est une superbe découverte. Aux présentations, on nous annonce qu’elle nous vient d’Evian. Ce qu’on retient, c’est qu’elle a une voix et un charisme du tonnerre bien qu’un peu timide, caché derrière sa belle crinière bouclée. Certains la compareront à Hindi Zahra, ou encore à Alela Diane. Elle a un truc bestial dans sa voix, surtout lorsqu’elle crie, halète, souffle au milieu de ses chansons, prenez le dans le sens décent du terme.

On se trémousse avec élégance sur sa chaise, on frappe dans ses mains, sur des timbres qui sonnent parfois tribal. Tiens, elle m’a vraiment bouleversée elle aussi, j’en ai eu des frissons. Madjo, souvenez vous de son nom, choisi en hommage à la maison de son enfance. Les choristes étaient également incroyables, et ne parlons pas du jeune homme qui faisait du beatbox en guise de percu. C’était beau, touchant, exaltant. C’était sincère, très beau. Son premier album, Trapdoor est un régal, surtout pour finir ces longues journées d’hiver.

www.madjo.fr