Solitude nue (Jean Mambrino)

Par Arbrealettres


Une solitude nue engloutit le fond
de l’être qui n’a plus que sa douleur.
La maladie (son nom est Légion)
se propage en lui comme un feu
sous la braise. Le mufle de l’horreur
renifle ce corps à dévorer.
La chair qui se décompose
grouille d’ennemis amoureux de sa mort.
Une lueur palpite encore au creux
de l’âme qui appelle : Eli ! Eli
dans le silence assourdissant de l’hôpital,
où une main essuie la sueur du sang.
Quelqu’un passe un morceau de glace
sur les lèvres desséchées, aspirant le Mal.
De la souffrance atroce jaillit alors
un sourire qui vient de loin,
et s’enfonce dans l’éternel,
pour une éternelle, inoubliable communion.

(Jean Mambrino)