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La solidarité fait du logis

Publié le 12 janvier 2011 par Unpeudetao

 LOGEMENT.
Il y a aujourd’hui, en France, près de 2 millions de logements vacants. Parmi eux, 400 000 sont considérés comme pouvant être mis sur le marché locatif et donc soumis à la taxe sur les logements vacants. «Ce chiffre est terrible, au regard de ceux du mal-logement. Mais après l’indignation, que fait-on ?» Le père Bernard Devert, fondateur de l’association Habitat et humanisme, pose la question, et apporte une idée en guise de réponse : inciter et aider les propriétaires à transformer ces logements vides en logements sociaux. Le mois dernier, il a lancé un appel aux propriétaires avec une proposition concrète…

Démarche. Habitat et humanisme prend en charge la gestion locative, notamment en assurant la garantie de loyers impayés. Elle s’occupe aussi de trouver des financements aidés pour les travaux de remise aux normes. En échange, le propriétaire accepte que son bien soit loué à un loyer modéré qui s’avère moitié moins élevé que pour une location privée classique, en moyenne. Mais il peut être exonéré d’impôt jusqu’à 70%.

«Ce système fait appel à trois solidarités. Celle d’Habitat et humanisme, celle de l’Etat, et celle du propriétaire. Mais tout le monde s’y retrouve», résume Bernard Devert. L’appel, pourtant lancé assez discrètement en décembre, a déjà reçu un millier de réponses de propriétaires intéressés (1). Plus de 200 dossiers sont en cours de montage depuis l’appel.

En cette période de froid, les premiers à avoir répondu se situent dans une démarche de solidarité. Beaucoup sont de petits propriétaires issus des classes moyennes supérieures. Comme ce couple de jeunes retraités de Charente-Maritime, partis s’installer à La Rochelle en abandonnant leur grande maison familiale de Surgères, où ils travaillaient. Elle comme coiffeuse. Lui comme enseignant. Ils avaient prévu de la louer au 1er janvier au prix du marché, soit 700 euros. Le locataire était trouvé. Mais ils ont changé d’avis en tombant sur l’appel du père Devert, paru dans un magazine.

«Cela faisait longtemps que j’avais l’idée de m’investir dans le social, mais je ne savais pas comment faire. Là, c’était simple et concret», raconte Marie-Claude Bouillaguet. Le loyer sera inférieur de 60% à une location classique. «C’est un choix», résume-t-elle. Dans les grandes villes, des dispositifs spécifiques existent pour combler partiellement ces différences de loyer, notamment grâce à des aides à la rénovation.

Catherine Brugière, directrice d’une association d’aide à la personne, a calculé qu’elle ne perdrait «pas tant que ça» en faisant ce choix. A la mort de son père, elle a hérité d’un quatre-pièces à Lyon. Elle l’a laissé inoccupé durant deux ans, le temps que la succession soit réglée (cause classique de vacance des logements). Elle pensait garder cet appartement pour s’assurer plus tard un complément de retraite. L’idée d’Habitat et humanisme lui a plu, parce que cela lui permet «d’aider des gens» en louant ce bien qu’elle a reçu. L’appartement est confortable, bien situé et bénéficie d’une vue imprenable sur les monts du Lyonnais. Catherine Brugière juge ces détails importants : «Je n’ai pas l’impression de mettre un appartement de moindre qualité sur le marché du logement social.»

«Caution». Pour Germain Faure, propriétaire d’un deux-pièces dans le centre-ville de Nancy, le système permet de participer «à une vraie démarche de mixité sociale et de réinsertion» : «Je sais que les personnes qui vont pouvoir louer mon appartement vont habiter dans la même cage d’escalier que des gens qui travaillent. Je sais aussi qu’Habitat et humanisme a le souci d’accompagner humainement les locataires en grande difficulté pour qu’ils reprennent pied.»
Ce jeune chercheur à Polytechnique ne voulait pas qu’une agence traditionnelle gère son bien. Il garde un souvenir amer d’une recherche d’appartement à Paris. «J’ai pu constater qu’à 30 ans, avec un salaire correct de fonctionnaire, je ne pouvais pas obtenir un studio seul, sans caution parentale. Je n’ai pas envie de participer à ce système. Je pense qu’on peut être propriétaire et responsable.»

Alice Géraud.

(1) L’appel de Bernard Devert :
www.propsol.habitat-humanisme.org

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 Sur LibéLyon :

www.libelyon.fr


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