Ni plus tôt comme le réclamaient François Hollande, Manuel Valls et Ségolène Royal, ni plus tard comme le demandaient les partisans de DSK. Les candidatures devront être déposées au plus tard le 13 juillet prochain, et le scrutin se tiendra les 9 et 16 octobre.
Ce refus de céder aux caprices de la star américaine a suscité l’énervement de son agent officiel à Paris, le très trouble Jean-Christophe Cambadélis (en photo). Convaincu que se sa demande de calendrier taillé sur mesure pour DSK ne passerait pas, le député de Paris, spécialiste reconnu des coups de Jarnac, a anticipé en accordant dès mercredi matin un entretien saignant à Libération.
“Camba” comme on le désigne au PS est passé des déclarations mielleuses au bol de venin. Un par concurrent destiné à servir une rengaine déjà connue : ” l’équation gagnante, c’est DSK ou Martine Aubry, Martine Aubry ou DSK, voire DSK et Martine Aubry. C’est là que se joue la solution pour la gauche“.
Sur le fond, Martine Aubry aurait préféré retarder le dépôt des candidatures à septembre, mais ce laps de temps nécessaire au mûrissement de la réflexion du couple Aubry-DSK, apparaît jour après jour totalement incompatible avec la vacuité idéologique actuelle du PS.
Dépourvu d’un corpus partagé, le PS est réduit à regarder la machine UMP se mettre en place et Nicolas Sarkozy débuter sa campagne dans une tournée des popotes aux frais de la république. Même si de façon souterraine et parfois personnelle comme Ségolène Royal et François Hollande il y en a qui travaille au PS, l’absence de leader désigné, la cacophonie des ego dégage une impression de PS aux abois, sans projet, sans réponse à la droite et aux enjeux de la mondialisation.
Plus le temps passe et plus il apparaît incompréhensible l’hésitation génétique de Martine Aubry d’y aller ou pas et surtout cette assurance incroyable de DSK de penser qu’il lui suffira de remettre les pieds au dernier moment en France pour rafler la mise. La bulle médiatique qui entoure le directeur du FMI n’est pas sans analogie avec l’emballement de sondages discrètement orientés qui avaient précédé le choix du candidat socialiste en 2007.
Aujourd’hui Anne Sinclair par son réseau dans les médias français est une pièce maîtresse du dispositif DSK. Mais les temps ont changé et l’intelligence politique que l’on prête aux français pourrait les amener après une présidence aussi médiatique que trompeuse à se méfier de la forme pour aller voir au fond.
Chat échaudé craint l’eau froide. Le pessimisme de nos compatriotes est peut être le fruit de leur compréhension de la complexité et de la dureté du monde actuel. Les délocalisations d’usines rentables, les diplômes qui ne préservent pas du chômage, la maladie dans un contexte où la santé gratuite et accessible à tous est remise en cause… tout concourt à ce que les français aient les pieds sur terre et ne cèdent pas aux discours creux. Rarement l’attente d’un projet de société différent, de gauche n’a été aussi fort.
Une attente doublée d’une exigence extrême en matière de crédibilité et d’engagement. C’est là où le bât blesse pour DSK. Notre pays est certes marqué par une culture inavouée du chef éclairé, mais la France n’est pas une fille facile que DSK pourra par un claquement de doigts, rajouter à sa longue liste de conquêtes.
A juste titre nos concitoyens attendent de ceux qui aspirent à la magistrature suprême, de celui qui se verra confier les clés du pays, une volonté et un profond désir. Le silence de l’exilé de Washington amène aujourd’hui à en douter et explique largement la montée en puissance de François Hollande laboureur infatigable engagé à 100% dans la course d’obstacles au pouvoir.
En misant sur une entrée en scène de dernière minute, DSK prend le risque de voir filer toutes ses chances. Car si jusqu’à présent son éloignement et son silence l’ont servi en faisant de lui le fils prodigue du PS, il ne doit pas oublier le proverbe “loin des yeux, loin du cœur“.
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