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La frontière

Publié le 12 janvier 2011 par Litterature_blog
La frontièreGéronima Uranza est la fille de Billy the Kid. Depuis que son père a été tué par Pat Garett, elle cherche à retrouver sa mère. Cette dernière est prisonnière d’une maison close à Golden Spitoon, une ville isolée du reste du monde par « la frontière », une infranchissable muraille de vent et de poussière qui semble tout droit sortie des enfers. Mais du haut de ses 12 ans, Géronima est bien décidée à tout faire pour libérer sa maman. Elle y parviendra, mais ce qui se passe au-delà de la frontière défie l’entendement et la petite fille va devoir user de ses colts pour mener à bien sa mission…
Une fois de plus, Foester se régale à mettre en scène une histoire oscillant sans cesse entre le conte très noir et le fantastique. Au départ, la confrontation entre ce dernier genre et le western semble des plus improbables. En fait, l’auteur de Starbuck (Dupuis) a voulu mêler différentes mythologies : celle du western, typiquement américaine, celle du vaudou et celle de la bible à travers la référence aux dix plaies d’Egypte. Un cocktail original et détonant auquel on a parfois du mal à croire. Déjà, le personnage principal est une fillette borgne, fumeuse de pipe et virtuose du revolver qui tue plus vite qu’elle respire. Ce choix scénaristique pourrait choquer mais l’intrigue est tellement outrancière et caricaturale qu’il est impossible de la prendre au sérieux. Ensuite, le basculement du monde « normal » au pays des cauchemars se trouvant derrière la frontière n’est pas crédible pour deux ronds. Mais peu importe. Si le lecteur accepte d’être embarqué dans une histoire aussi « énooorme », il acceptera sans sourciller l’enchaînement des scènes d’action échevelées et une violence omniprésente pouvant sembler à certains moments gratuite.
Pour le dessin, on est dans du franco belge des plus classiques. Mais attention, Foester ne fait pas du Lucky Luke et les enfants qui choisiraient cet album en pensant retrouver l’esprit de la série de Morris et Goscinny risquent d’être sacrément surpris, voire secoués par ce qu’ils vont découvrir. Coté négatif, on peut regretter un lettrage parfois difficile à déchiffrer et quelques planches surchargées de dialogues (voir exemple ci-dessous).
Que dire de plus, à part que La Frontière est un véritable ovni. Ni récit purement fantastique ni western classique, c’est presque un exercice de style, une expérimentation tendant à prouver que le mélange des genres est possible. Au final, un album pas évident à recommander. Personnellement, j’ai passé un bon moment de lecture, pas inoubliable certes, mais il est toujours intéressant, quand on s’intéresse à la BD, d’aller se frotter à quelques titres inclassables.
La Frontière, de Foerster, Quandrants, 2010. 72 pages. 17 euros.
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L’info en plus : Il y a quinze ans, Foerster avait fait une première tentative dans le western en scénarisant Chiens de prairie, dessiné par l’immense Philippe Berthet. L’histoire d’un vieil hors-la-loi poursuivi par une meute de chasseurs de prime menée par un fanatique religieux et sa sœur. Pour le coup un western ultra-classique, hommage aux meilleurs films du genre.
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