J’avais bien aimé sa vidéo au Jeu de Paume en 2006; j’avais alors eu le sentiment que Julien Discrit parlait fort bien d’espace et de temps. Son exposition à la Galerie Martine Aboucaya, jusqu’au 23 février présente des pièces assez diverses, mais qui toutes font appel à notre imaginaire. Après un récit onirique dans l’entrée, on se trouve face à face avec une inscription murale fluorescente sous les ultraviolets : “What is not visible is not invisible”. A côté d’un énigmatique visage féminin (’Sophia’), une installation fine et transparente capte la lumière de manière magique, flottant entre deux airs, entre deux eaux, avec un titre éponyme de l’exposition “Up and down and in the end it’s only round and round and round“, d’après Pink Floyd (ci-dessus). C’est un rêve solidifié, figé l’espace d’un instant.
Mais la plus belle pièce, Slow Light, est la projection de diapositives de deux combattants vêtus de blanc sur un ring de boxe. Elles semblent anciennes, et nous plongent dans une nostalgie étrange. L’écran est phosphorescent : l’image précédente subsiste, restant visible pendant le laps de temps qui sépare les diapositives projetées. Du fait de cette persistence, les images s’enchaînent de manière fluide, fondue, au lieu d’être soumises au saccadement heurté du diaporama. Nous ne savons plus ce qui est réel : ce que nous voyons, est-ce ce qui est montré ? ou ce qui l’a été précédemment ? ou une fusion des deux ? Mais tout cela est trop magique pour être aisément capturé, et montré en photo.
Photos courtoisie de la galerie Martine Aboucaya.