Arrêtons le terrorisme à sa source
Paris, le 9 janvier 2011
J’ai été bouleversé, comme nous tous, par l’assassinat de nos deux Français pris en otage au Niger. Un jeune homme qui voulait faire sa vie là-bas et s’apprêtait à épouser sa fiancée nigérienne, ainsi que son témoin de mariage venu de France, ont été abattus par des criminels sans foi ni loi. Je me sens d’autant plus personnellement concerné que je me trouvais moi-même à Niamey et à Tillabéri il y a quatre semaines pour présenter notre projet de remise en eau du lac Tchad, heureux et ému par l’accueil de responsables, d’étudiants et d’associations, français et nigériens, engagés tous, comme Antoine de Léocour, à ce que chaque individu humain puisse accéder à la dignité d’homme.
Que de si belles vies en devenir aient pu être tranchées net éveille en nous tous à la fois une profonde émotion et une colère qui demande justice.
Il est évident que les exécutants doivent être mis hors d’état de nuire. Cependant, il faut remonter à ceux qui alimentent leurs menées criminelles et nous battre pour arrêter une barbarie qui s’étend partout dans le monde.
Il est clair que toute l’Afrique de l’Ouest risque d’être embrasée si nous continuons à tolérer un milieu au sein duquel les adeptes d’une religion dévoyée, les trafiquants de drogue, de cigarettes et d’armes et les preneurs d’otages se côtoient et souvent se confondent. Il faut donc d’abord frapper à la source, là où ces réseaux sont plus ou moins directement tolérés, encouragés et financés. On sait le rôle de l’Arabie saoudite dans la promotion d’un fondamentalisme religieux qui suscite la barbarie, et du Londonistan comme base arrière des opérations. On sait aussi les liens des milieux financiers émanant de la City et de Wall Street avec tous les trafics, cet Empire britannique opérant sous sa forme Anglo-américaine contre tous les peuples du monde et acharné à démembrer les nations. C’est là qu’il faut aller au fond des choses, en cessant les compromissions. Des Françaises et des Français sont pris pour cible, nous n’avons plus à manifester de complaisance envers ceux qui nous visent. Il s’agit d’une guerre, et non d’événements sans relations entre eux.
Plus fondamentalement, il faut assécher les sources du mal. La séparation entre banques de dépôt et banques casino, c’est-à-dire d’une politique à l’image de la loi Glass-Steagall à l’époque de Roosevelt et de notre propre système à la Libération, est le seul moyen aujourd’hui de tarir l’argent du crime et d’arrêter son blanchiment. La France doit donner l’exemple. Dans notre politique internationale et à l’intérieur de notre pays. Ce n’est pas seulement le dévoiement des religions qui entretient la haine, mais le règne de l’injustice et du désespoir social. Si le mot laïcité a un sens, c’est celui de mettre en commun ce que chaque croyance humaine a de meilleur, et de le pratiquer pour l’avantage d’autrui, sans dogme ni rejet de principe.
Notre projet de mise en eau du lac Tchad et de développement de toute l’Afrique centrale vise précisément à créer ce milieu de vie. Les actes de barbarie d’hier nous encouragent davantage encore à créer ce qui alimente l’espérance d’en sortir demain.
Les élections locales ont lieu mardi prochain au Niger, et le 31 janvier se tiendra le premier tour de l’élection présidentielle et des législatives. Nous devons à tous ceux qui se battent là-bas pour un monde meilleur, ainsi qu’à nos compatriotes qui se trouvent sur le front de la justice, une ambition politique qui soit plus en accord avec une certaine idée de notre histoire. A ce moment des choses, ne pas le faire alors qu’on peut s’en donner les moyens revient à devenir complice.
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