Pourquoi vous être dirigé vers la littérature jeunesse? La littérature jeunesse est vraiment ouverte à la diversité graphique. Je suis avant tout un illustrateur, j'amène l'écriture vers des mondes que je veux mettre en image. Après deux ans sur un projet de BD assez noir, j'avais besoin de changer de sujet, de prendre quelque chose à l'opposé. C'est ainsi que "Terminus, un petit termite très déterminé" a vu le jour aux Éditions du Bonhomme vert. L'album jeunesse me permet de varier les styles, les personnages et les techniques assez rapidement. Je ne veux pas m'enfermer dans un univers en particulier. J'ai besoin d'explorer les techniques et leurs multiples métissages. C'est dans cette exploration que je prends un réel plaisir.
Né à Nîmes, un jour, vous avez naturellement eu envie d'imaginer la biougraphie d'un taureau de Camargue?
...rien qu'au titre, on perçoit le désir d'insérer de l'humour...est-ce un ingrédient nécessaire à tous vos albums? Pour mes projets en littérature jeunesse très souvent un brin d'humour colore le récit surtout dans "Terminus" et "Le petit méchant loup de l'Espérou". Ce n'est pas vraiment une volonté, je m'amuse d'abord. Mais il y a des moments aussi où j'ai besoin de créer des mondes plus noirs et qui ne sont pas forcément destinés à un jeune public.
Pourquoi un termite? Cela permettait simplement plus de jeux de mots que "fourmi"? Terminus, Terminuscule, Patermite, Termitator… Non, les jeux de mots sont venus après…Je cherchais un sujet qui n'avait pas, ou peu, été exploité. J'ai d'abord pensé aux acariens puis aux termites.Je voulais rendre ces petites bestioles plus sympathiques. Ce qui m'intéressait chez les termites c'est qu'à l'instar des fourmis et des abeilles ils vivent en groupe. Il y a donc de possibles analogies avec notre mode social. Je recherchais également un univers qui pouvait fourmiller de détails.
Petit, rêviez-vous d'être un grand chevalier? Lors d'une rencontre avec des scolaires un professeur m'a demandé parmi mes personnages quel était celui qui me ressemblait le plus.En faisant le tour de la question je me suis rendu compte qu'il y avait un peu de moi en tous. Sans doute qu'être un chevalier doit faire partie de la panoplie.
Terminus est un " chevalier". Est-ce par nostalgie pour les héros comme Don Quichotte auquel vous faîtes allusion? Nostalgie, je ne crois pas. Être un "chevalier" de nos jours est complètement anachronique et c'est ce décalage qui est drôle. Je suis davantage nostalgique de ce type d'humour, de dérision, qui n'a pas besoin de tomber dans la grossièreté pour faire sourire l'esprit. Terminus est à l'image de Don Quichotte dans le sens où c'est un héros qui n'en n'est pas vraiment un. Ni par sa personne (c'est un minus), ni par sa parure (objets de récupération), ni par ses actes (il n'a pas le courage de déclarer sa flamme). Mais pour moi Don Quichotte possède une arme redoutable celle de pouvoir transcender la réalité par l'imaginaire… C'est ce qui fait la force de Terminus.
Après le tome 2, Terminus s'apprête-t-il à vivre de nouvelles aventures? Pour le moment il n'y a pas de suite prévue mais les fins de Terminus restent toujours ouvertes…
Avez-vous d'autres héros en poche qui sont en train de s'aventurer sur les pages d'un nouveau récit? Quels projets pour 2011? Oui, j'ai pas mal de projets dans les tiroirs et dans la tête : il y a un marin qui m'attend pour prendre le large… Une fille avec une étrange valise… Un projectionniste au milieu des collines… Des moustiques à l'orée d'un étang et de multiples collaborations en perspective avec des graphistes, des illustrateurs et des auteurs.Peut-être d'autres personnages et projets apparaîtront entre-temps ? Il y a toujours une part d'aléatoire.En général mes projets ne sont pas des commandes, je les conçois parce que j'ai d'abord envie de leur donner forme. Ensuite, je démarche auprès des éditeurs susceptibles d'être intéressés. Ce qui manque le plus c'est le temps pour pouvoir mettre en place et concrétiser mes projets. La création jeunesse n'est pas ma seule activité je travaille comme graphiste indépendant et formateur. Il me faut jongler un peu, donc pour 2011 je ne sais pas exactement, peut-être l'histoire du marin et celle des moustiques…
Enfin, si vous deviez offrir un livre , lequel serait-ce? pour un enfant? pour un adulte? Pour un enfant ce serait un livre avec des pages vierges pour qu'il puisse imaginer ses propres histoires. Pour un adulte qui aime voyager avec les mots j'offrirais "Le rivage des Syrtes" de Julien Gracq ou encore "le marin" de Fernando Pessoa. Si c'est un passionné de graphisme ce serait davantage "la Cantatrice chauve" d'Eugène Ionesco mise en page par Robert Massin.