Ouestafnews – L’ensemble de l’Afrique de l’Ouest va connaître une importante hausse de la demande en électricité d’ici 10 ans, a affirmé un haut responsable de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao, 15 pays), alors que la demande actuelle dans ce domaine reste largement insatisfaite dans les différents pays de la sous-région.
La « demande va atteindre en 2020 un taux record de 22.000 mégawatts (MW) alors qu’elle s’élevait à 6.500 MW en 2003 », a laissé entendre James Victor Gbeho, président de la Commission lors d’un Forum des affaires qui se tient à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoiren, pays également touché par la crise énergétique.
« Cette augmentation fulgurante de la demande implique la responsabilité des gouvernements mais aussi celle du secteur privé qui doivent mettre en place des projets ambitieux et innovants », a souhaité le patron de l’organisation sous-régionale à l’ouverture du Forum.
Selon Victor Gbeho, cette montée de la demande due à « l’industrialisation et à la croissance démographique », ne doit pas occulter le problème de l’accès insuffisant et inégal des populations à l’électricité.
« Seuls 30 % de la population de la région ont accès direct à l’électricité avec de fortes disparités entre les zones urbaines et les zones rurales, la grande majorité utilisant toujours la biomasse comme source d’énergie », a-t-il révélé selon le texte parvenu à Ouestafnews.
Une crise énergétique aigüe persiste dans la quasi-totalité de la sous région, malgré beaucoup d’annonces de la part des organisations sous régionales, dont la Cedeao, qui promettent depuis des années de nouvelles « initiatives » pour mettre fin au déficit en énergie électrique, mais apparemment sans succès.
Parmi ces initiatives figurent la mise en place d’une Autorité régionale de régulation de l’électricité (basée a Accra au Ghana), d’un centre des énergies renouvelables à Praia au Cap-Vert et du Pool ouest africain de l’énergie.
Au niveau de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa, huit pays), existe également un projet appelé « Initiative régionale de développement de l’énergie » (Ired).
En dépit de toutes ces initiatives et de toutes ces structures, la question de la distribution de l’énergie électrique en quantité suffisante reste un casse-tête pour l’ensemble de la sous-région.
Des pays, comme la Côte d’Ivoire, qui jusqu’à une période récente semblaient épargnés, sont aujourd’hui touché par la crise énergétique, alors que dans des pays comme le Sénégal, les foyers sont presque tous retournés à la « bougie » et les entreprises publiques ou privées ne tournent à plein régime que si elles disposent d’un groupe électrogène.
Des situations que des nations comme le Nigeria (pourtant gros producteur de pétrole), ou la Guinée Bissau dont l’économie est paralysée depuis plus d’une décennie, connaissent depuis des années.En mars 2010, le Commissaire de l’Uemao chargé du département du Développement de l’entreprise des télécommunications et de l’énergie, Guy Amédée Adjonohoun, avait particulièrement mis en cause la facture pétrolière de l’Union qui est « passée de 639 milliards de F CFA en 2003 à plus de 1300 milliards en 2006, soit un accroissement de 42% par an ».
Mais pour les observateurs et les associations consuméristes, la facture pétrolière n’explique pas tout et l’on dénonce la gouvernance des sociétés de distribution d’énergie électrique qui relèvent pour la plupart du secteur public.
Cette situation critique du secteur de l’électricité est partout marquée par des délestages récurrents et pose de sérieux handicaps aux populations dont les activités économiques se trouvent bloquées, causant parfois de vives tensions sociales.
Au Sénégal par exemple, les populations ont renoué depuis quelques jours avec les « émeutes de l’électricité », pour manifester leur mécontentement.
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