Rythmes scolaires – Les avis des uns et des autres… et le mien !

Publié le 11 janvier 2011 par Jflehelloco

La convention sur les rythmes scolaires a passé l’étape de collecte des avis et devrait sortir une synthèse.

Petit rappel des faits : Avec une année scolaire parmi les plus courtes en Europe (864 heures de classe pour les élèves, réparties sur 144 jours) alors que dans les pays étudiés par l’OCDE, les élèves ont classe en moyenne 160 jours par an (200 en Italie,190 en Finlande et au Royaume-Uni, 175 en Espagne…). La France cherche à revoir ses rythmes. D’autant que la dernière étude PISA (2009) pointe la France comme un mauvais élève en terme de réussite. En lecture, la France (22e rang) se situe au même niveau que les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Portugal, etc. mais aussi la Suède et le Danemark, des pays scandinaves, réputés performants. Son score est de 496 points contre 493 pour la moyenne des autres pays. En maths, la France se révèle également dans la moyenne des pays de l’OCDE avec 497 points. Mais les scores des élèves ont chuté de 14 points entre 2003 (511 points) et 2009. La France rétrograde donc du groupe des plus performants au groupe des moyens, comme la Suède.En sciences, la France (27e rang) obtient un score moyen de 498 points. Petite remarque au passage, l’etude PISA montre dans tous les pays la nette domination des filles au niveau des résultats (à part en science où l’écart n’est pas aussi marqué). En compréhension de l’écrit, celles-ci dépassent les garçons de 40 points en France et de 39 points dans les autres pays de l’OCDE. Ce qui correspond à une année d’études environ.

Voici donc un mini résumé des propositions faites par certains organismes ou associations.

Les maires des grandes villes proposent :

Que soit conservée l’alternance 7 semaines de travail et 2 semaines de vacances. Pas de baisse du temps scolaire global. Passage à 9 demi-journée d’école par semaine d’école avec un cadre national pour encadrer le tout. L’idéal étant de conserver une certaine neutralité financière.

Le SNUIPP (syndicat enseignant du primaire) propose :

Une réduction des élèves par classe en rappelant qu’un élève par classe en moins en CE1 avait conduit à une augmentation de 0,7 point du score obtenu par les élèves défavorisés aux évaluations de mathématiques de début de CE2. Avoir par école plus de maitres que de classes pour permettre une meilleure concertation, des échanges de service et des travaux en groupes. Le SNUipp suggère qu’une réflexion sans tabou s’engage sur le zonage des vacances d’hiver et de printemps, ainsi que sur le calendrier annuel. Le respect de l’alternance 7 semaines d’école et 2 semaines de vacances est une nécessité. Les conseils d’école doivent prendre toute leur place et être entendus sur des aménagements concertés avec les partenaires locaux. Toute modification doit donc se faire dans la concertation. Le compromis est indispensable pour qu’une nouvelle organisation soit opérationnelle. Pour les enseignants, une nouvelle organisation des temps scolaires ne doit pas dégrader encore les conditions d’exercice du métier. Toute évolution doit être synonyme d’amélioration. Il faut donc que soit mise sur la table la question du travail enseignant et notamment la formation, le temps de concertation, le temps de présence devant élèves.

La FCPE (fédération de parents d’élèves) propose :

A l’Ecole maternelle, dans le cadre global, les rythmes individuels de chaque enfant doivent être pris en compte, ainsi les temps de sieste ne doivent être ni imposés ou au contraire rendus impossibles pour diverses raisons. A l’Ecole élémentaire, le temps d’apprentissage journalier doit être inférieur à 5 heures maximum, la capacité de concentration des enfants de cet âge ne dépassant pas cette durée. La tranche horaire du début d’après-midi doit être consacrée à des activités de détente mobilisant une moins grande capacité d’attention, tant à l’école primaire qu’au collège. la FCPE demande une semaine de 5 jours de classe consécutifs : du lundi matin au vendredi soir. Le nombre de jours de classe doit donc être augmenté, et réparti plus harmonieusement tout au long de l’année. Les grandes vacances d’été doivent être diminuées et doivent entrer dans le zonage. Il faut enfin respecter, pour tous, tout au long de l’année, l’alternance de 7 semaines de cours et 2 semaines de congés.

La PEEP (fédération de parents d’élèves) propose :

Une réduction de deux semaines des vacances d’été au minimum et l’étalement des zones des vacances d’hiver. La possibilité d’avoir des calendriers régionaux (notamment pour l’outre-mer).L’application réelle des cycles qui permettront d’éviter les redoublement et une pédagogie adaptée au rythme de l’enfant. Alternance 7 semaines de classe / 2 semaines de vacances. Une meilleure répartition de la charge de travail dans la journée et dans la semaine. Notamment une limitation à 5 h des apprentissages fondamentaux dans la journée (contre 6 actuellement). La PEEP souhaite également la généralisation au primaire de l’accompagnement éducatif (école après l’école).

l’UNAAPE (fédération des parents indépendants) propose :

De respecter l’alternance 7 semaines travaillées / 2 semaines de congés. Respecter un minimum de 8 semaines de vacances d’été. concernant les cours le mercredi matin pour l’école primaire, cette mesure, appliquée actuellement au cas par cas dans certaines villes, n’est pas particulièrement facile à vivre pour les familles. l’U.N.A.A.P.E souhaitent une harmonisation des horaires sur l’ensemble des établissements scolaires. Concernant la journée Il y a lieu de modifier la répartition des horaires d’apprentissages, mais pas obligatoirement la durée de présence dans l’établissement scolaire. Il est indispensable de préserver une pause méridienne conséquente (1h30 à 2h).

Mes remarques et avis :

Tout d’abord je conviens que la réforme de Xavier Darcos qui a consisté a enlever brutalement l’école le samedi matin sans travail de réflexion, sans projet globale était une erreur. On a tué les initiatives locales sans permette de les continuer (je pense que le rythme de Saint-Maur d’un samedi sur 3 travaillé était un bon compromis). On a enlevé des heures sans revoir les programmes, sans rien compenser. Ce n’est pas ainsi qu’on doit faire les choses. Maintenant on occupe le monde éducatif avec des conventions sur les rythmes mais qui pense sérieusement que tout va changer ?

Concernant tout ce qu’on entend pendant ces débats, je suis personnellement choqué que partout soit mise en avant la recherche de « l’intérêt de l’enfant » alors que derrière cette phrase on ne parle de des études des chronobiologistes. En effet, ceux-ci n’étudient pas « l’intérêt de l’enfant » mais testent les enfants sur leur capacité à réaliser plus ou moins vite des opérations et problèmes en fonction d’une heure donnée. L’intéret d’un enfant serait donc de calculer 20 % plus vite une opération ? En faisant ce faux amalgame on a réussi à faire plonger presque tout le monde des élus aux parents en passant par l’académie de médecine. Pendant que les chronobiologistes nous sortaient des études vielles de 20 à 30 ans, les fameux élèves testés avaient déjà trouvé le chemin du travail. Aucune étude de suivi n’a été sérieusement menée. Sans compter que toutes les études ont montré de meilleurs résultats chez les élèves en semaine de 4 jours par rapport à ceux à la semaine traditionnelle avec école le samedi matin. Preuve que la chronobiologie n’est pas toujours (pour ne pas dire jamais) liée avec les résultats scolaires… Un jour j’ai eu l’occasion de demander au Professeur Hubert Montagner ,croisé lors d’un face à face à la TV, comment il étudiant « le bonheur d’un enfant ». Personnellement avec la semaine de 4 jours je pense qu’un enfant qui peut enfin passer du temps avec ses parents, surtout si ils sont séparés, est plus heureux et que son « intérêt » a été pris en compte au moins autant que de faire un calcul plus vite à 14h22.

D’autant que rien n’empêche les enseignants de prendre déjà en compte les rythmes biologiques des enfants car ils sont en général les enseignants uniques des élèves dans toutes les matières donc pas de problème d’emploi du temps pour faire les mathématiques plutôt le matin que le midi. Pour moi, vouloir changer le calendrier scolaire c’est surtout s’arranger pour ne pas s’attaquer à la réalité du problème. Le vrai problème dans l’école ce ne sont pas les journées d’écoles, d’autant que j’aimerais bien savoir où travaillent ceux qui nous proposent des fins de cours à 15h !

L’important ce sont les programmes, les conditions de travail et, désolé si ce sujet est tabou et il ne faut pas en parler, la qualité des enseignants. Il faut également ne pas oublier, c’est important, l’implication des familles et le respect des enseignants. Mais avec les années, l’instituteur, qui était la personnalité respectée du village, est devenu le méchant qui fait du mal aux enfants rois. Celui qui avait plus de diplômes et de savoir que tout le monde est devenu le BAC + pas grand chose face à des parents fiers et bardés de diplômes. Il convient donc de revoir cela et faire cesser l’irrespect des enseignants qui est nécessaire pour que les élèves réussissent. La réforme de al formation des enseignants va donc dans le bon sens. Mais ne suffira pas. Dans les pays mieux notés que nous, les enseignants sont « choisis » par les écoles et même parfois notés par les élèves ! Dans les écoles privées, en plus de trier les élèves avant leur entrée, il y a aussi une sélection des enseignants. Je ne dis pas que les enseignants du public sont mauvais, loin de là, j’ai pu rencontrer des profs extraordinaires de pédagogie, d’idées, d’investissement au service des élèves et j’avoue que nous avons cette chance sur saint-Maur d’avoir des bons enseignants dans l’immense majorité, ce qui n’est pas forcément le cas partout il faut en être conscient aussi. D’autant que le système voulu par les syndicats qui ne fait affecter les enseignants que sur le seul critère d’ancienneté n’est pas un gage d’efficacité ni de motivation des enseignants. Qui n’a pas connu des enseignants motivés qui ont du partir dans des écoles « moins cotées » pour laisser la place à un enseignant plus « expérimenté » ? Il est important de mieux gérer les évolutions de carrière des enseignants.

Les programmes sont différents selon les ministres ce qui n’aide pas et la liberté pédagogique est un peu antinomique avec des programmes restrictifs ou inadaptés. Au niveau des programmes, on comprend bien ce que l’Etat a en tête. L’apprentissage de l’anglais, du sport, de la sécurité routière, de parties culturelles, sont autant de points des programmes que l’Education Nationale verrait bien faits par d’autres que les enseignants. C’est un peu la porte ouverte par l’accompagnement éducatif. On va donc recentrer les enseignants sur les matières fondamentales et passer le sport et autres sur le « périscolaire », façon de renvoyer la patate chaude aux autres (les collectivités en l’occurrence).

Ecole ou non le mercredi ? L’école le mercredi matin n’est pas la solution, cela ne fera pas réussir mieux les élèves, et pourquoi juste le matin école et non toute la journée ? Car qui va garder les enfants l’après midi ? Qui va prendre en charge la restauration du midi ? Derrière l’école le mercredi certains n’osent pas avouer que c’est surtout l’école pour ne pas être dans des familles démissionnaires qui placent l’enfant devant la TV toute la journée. C’est vrai que c’est une des causes fréquentes d’échec scolaire mais il faut dans ce cas militer pour encore plus d’internats d’excellence car à côté du mercredi il y a aussi le samedi et le dimanche à gérer et le soir. La prise en charge d’un enfant par les parents est essentielle. On voit le succès de l’aide au devoirs qui apporte un vrai soutien aux élèves. Je suis inquiet quand je vois certains demander que tout soit fait en classe, y compris les devoirs car c’est un moyen idéal pour pousser les parents à ne plus s’intéresser aux enfants et donc à encore moins les motiver et les accompagner. Toutes les écoles ayant des enfants en difficultés savent que la base est de nouer un contact avec les famille et obtenir son aide.

Bref, j’aurais tendance à faire long sur ce sujet et j’avoue que c’est tentant mais le mammouth est fort et lent. Les réformes de font sont bloquées par les syndicats, les réformes qui impactent le quotidien sont bloquées par les syndicats et le public qui ne veut que rien change et donc on va faire de la réformette. Malheureusement, les grands perdants seront encore les enfants…

Même si le site de la convention ne prend plus d’avis, mon blog reste ouvert à vos remarques.

Analyse des autres rythmes en Europe : cliquez ici