Depuis l’élection de Sarkozy, l’OTAN et (en particulier) les USA étaient en attente des positionnements de la France en terme de choix militaro-stratégiques pour ces (les) prochaines années.
L’ennemi unificateur, monté du doigt depuis des années, est trouvé : les terroristes, en particulier islamistes. Le champ de bataille aussi : le monde entier, mais en particulier l’Afrique (plus pour sécuriser l’approvisionnement des nations riches dans le pillage de ce continent qu’autre chose). Un moyen : le déploiement militaire tous azimuts pour « prendre position en préventif dans le monde » (certains parlent, à très juste titre, de colonialisme déguisé).
Les USA attendaient donc un signe fort de l’alignement ou non de la France (puissance nucléaire et puissance militaire européenne importante) sur ses (ces) positions. Le dernière rencontre Obama / Sarkozy a terminé de les rassurer, et vient finaliser un changement stratégique de la France, un changement idéologique profond. La France entre dans le club des puissances belliqueuses affichées, sous prétexte de « se protéger elle-même ».
Les morts tragiques et inacceptables des deux otages français (trois si l'on compte celui de l’année dernière) au cours d’une course poursuite engagée par l’armée du pays, mais surtout soutenue par les forces militaires françaises, démontre qu’aujourd’hui, plutôt que de prendre le risque de « laisser des gens en otage », le message est clair : si vous vous en prenez à notre pays via ses ressortissants, nous sommes prêt à ce qu’ils meurent, car le but sera de vous frapper fort.
Doctrine militaire très bushiste (du nom de G W Bush) et très éloignée de ce que pouvait être la position de la France il n’y a que dix ans en arrière. Pas pour dire que notre pays était un saint ou quoique ce soit, bien au contraire. Mais simplement pour souligner que nous nous positionnons donc clairement dans le chemin tracé par les USA. Les attaques préventives, le maintien des troupes françaises en Irak et Afghanistan, tout cela n’est donc qu’un début.
Le plus alarmant, c’est que les politique nous jouent la concorde nationale pour le « tous unis contre les terroristes ». Même Yves Cochet, de Europe Ecologie Les Verts, et porte parole d’un groupe parlementaire comprenant le Parti de Gauche et le Parti Communiste (dissidents) semble simplement demander « qui déclanchera les attaques et quand ? » sans remettre en question la méthode (il affirme juste avant que son groupe est à fond pour lutter contre le terrorisme …). Mais où va-t-on ? Ce que l’on a vu par le passé reprend : le bellissime contre l’ennemi désigné. Certes, des attaques terroristes ont lieu, des enlèvements aussi et des morts parfois. Mais le terrorisme, par essence n’a ni frontières, ni nation ! Alors qui veut-on attaquer ? Qui va-t-on mettre sous notre coupe sous prétexte de terrorisme ?
Et comment ne pas voir que le terrorisme se nourrit avant tout de notre prédation des richesses des nations d'Afrique et du Moyen Orient ?
Avec une stratégie du choc opportuniste (rebondir sur la mort de nos deux compatriotes) le gouvernement va vers un changement de doctrine militaire, assurant une pérennité aux marchands d’armes amis de la présidence, et une captation des richesses du sous sol (et la main d’œuvre qui va avec) de l’Afrique et d’une partie de l’Asie. Et tout cela avec l’approbation du plus grand nombre, anesthésié par l’habile utilisation de l’atroce mort de deux otages.
Je ne peux qu’être surpris du peu de réaction des politiques, en particulier de gauche, face à tout cela. Heureux de voir que les anarchistes et libertaires ont eut su rebondir immédiatement. Que certains militants de partis de gauche osent se poser des questions. Mais franchement, le coup de la concorde nationale autour de notre président pour sauver la France, y’a de quoi vomir non ?