Décidément, depuis qu’elle a été instaurée, la HADOPI, Haute Autorité pour la Diffusion des Oeuvres et la Protection des droits sur Internet, ne rate jamais une occasion de montrer l’étendue de son incompétence ainsi que de révéler la perversité de son action.
La dernière interview du secrétaire général de la Haute Autorité ne fait pas exception à la règle. Cité par le Figaro du 27 décembre dernier, l’ex-conseiller du candidat Sarkozy lors de la précédente élection présidentielle, a annoncé l’organisation prochaine de «Labs», sorte de groupes de travail où des «vrais professionnels du net», et même «d’anciens opposants» seraient rémunérés pour, si ce n’est disséquer les internautes, du moins tenter d’imposer la doctrine officielle.
En effet, la Haute Autorité n’en est pas à sa première tentative d’intoxication de l’opinion publique. Domaine dans lequel elle est passée maitre depuis la scandaleuse campagne «J’aime les artistes» jusqu’à l’annonce mensongère des 100.000 emails d’avertissements envoyés. Paranoïaque, la HADOPI multiplie les initiatives pour tenter de présenter un visage plus humain face aux «hystériques d’Internet» selon les propres termes de la présidente de cette administration moribonde. Car à défaut d’avoir de réels objectifs sur ce pourquoi elle a été instaurée, la Haute Autorité se cherche une raison d’exister.
Ainsi, de l’aveu de sa propre incompétence, la HADOPI ne lutte pas contre le piratage mais sanctionne les internautes qui ne «protègent pas leur connexion Internet». Les pirates peuvent dormir tranquille car le canon à SPAM de l’autorité ne vise que les petits, ceux qui téléchargent occasionnellement, presque accidentellement, quelques fichiers. Mais loin d’être infaillible, de nombreux internautes innocents risquent bien d’être les victimes collatérales de cette répression automatisée. Sanctionner pour l’exemple, au hasard, sur la seule foi des relevés d’IP des ayants-droits, est une conception bien inquiétante d’un dispositif dit «éducatif». Et c’est sans doute également pour des raisons «pédagogiques», autant que par cynisme, que la HADOPI en est venue dernièrement à se moquer publiquement des lettres d’excuses qu’elle a reçue de quelques malheureuses victimes.
Et pourtant, ce qu’elle n’avoue pas, c’est que si le piratage n’a pas baissé, le chiffre d’affaires des industries culturelles, lui, a explosé. En 2010, comme en 2009, malgré la crise, les salles françaises ont connu leur plus forte fréquentation depuis ces trente dernières années. Par ailleurs, tandis que les ventes de CD, et DVD continuent de chuter, les autres modes de diffusion progressent : la VOD apparaît prometteuse, les nouveaux supports vidéo haute définition, et bientôt 3D, prennent la relève du DVD et de la VHS.
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