En effet, ces tableaux s’incrustent avec une telle insistance sous les paupières qu’il est difficile de s’en libérer. Dans ces dessins tellement travaillés, Maess crée des séquences narratives en se servant d’abstraits d’images de villes, de corps et d’histoires amoureuses, d’anatomie, d’érotisme et de topographie, avec, comme marque particulière, le frénétisme qui devient pour elle une épreuve de force, au même titre que le jeu de non-dits qui lui permet d’introduire dans ses oeuvres des allusions autobiographiques.
Maess part de la tension entre le corps et le discours. Ce qui semble l’ntéresser le plus est leur comportement dans la folie de l’accélération. Elle est proche en ceci des visions explosives de Julie Mehretu. Les dessins de Maess possèdent quand même une énorme charge émotionnelle qu’elle a pu dompter seulement à l’aide de la froideur et du raffinement au niveau de la technique. L’agaçante, pour certains, virtuosité de la ligne, lui permet de garder l’intensité de l’impression, du sentiment de même qu’elle empêche le déchirement de la surface de la feuille – la fine séparation qui enraye le libido et qui nous sépare de l’abîme bouillonnant du désir.
L’artiste, à l’aide de cette cacophonie de signes, semble représenter non seulement notre condition humaine qui se dégrade mais aussi des stratégies de sortie et d’enracinement dans le ciel (après tout, une ligne, pourquoi ne percerait-elle pas le ciel?). La tendance postmoderne à naviguer vers des rives inconnues est réalisée par des techniques usées déjà par le temps et la tradition, à savoir à l’aide du crayon et du crayon de couleur aquarellable. En un mot, c’est le nec le plus ultra du dessin contemporain, dans sa version la plus non-conformiste. //fragments de "Michał Fopp introducing Maess" traduits par Natalia Mosor.