La mise en scène de Dominique Lurcel est simple, cinq personnes sur scène, comédiens et musiciens à la fois. Qu’on ne s’attende pas à du théâtre avec un décor onéreux, intransportable, luxueux. Non, ici, ça doit pouvoir se jouer dans une cour de récréation. D’ailleurs, c’est un peu ça. On se croirait sous un préau d’école : un banc où s’assoient les musiciens et une grosse poubelle pour figurer le bagage que porte le coolie, tandis que le marchand transporte ses affaires dans un sac Vuitton. Le texte se déroule comme une leçon : regardez, voici ce que nous allons vous démontrer. Et d’énumérer les étapes de l’exploitation du coolie et de l’aliénation qu’il subit jusqu’à la mort, et au-delà.
Annoncé comme ordinaire, le voyage ne l’est pas : on ne traverse pas tous les jours un désert (sauf dans les jeux télévisés actuels). Quant à la recherche du pétrole pour le bonheur de l’humanité, moins de cent ans après, à lire les bénéfices de Total, à voir les marées noires provoquées par les puits et le transport du pétrole, on ne peut qu’acquiescer quand l’auteur montre qui cela enrichit et qui en est victime. On ne manque pas non plus aujourd’hui d’exemples de justice de classe où le dominant est acquitté pour la simple raison qu’il « devait se croire menacé ».
Le metteur en scène et ses comédiens - musiciens jouent ce texte presque avec légèreté, avec naturel, comme le veut le propos de l’auteur :
Ce qui n'est pas singulier, trouvez-le surprenant !
Ce qui est ordinaire, trouvez-le inexplicable !
Ce qui est habituel doit vous étonner.
Discernez l'abus dans ce qui est la règle
Et là vous avez discerné l'abus
Trouvez le remède !
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Cette pièce est jouée à Confluences, Bd de Charonne à Paris jusqu'au 31 janvier. Des débats sont organisés certains soirs. Cliquez sur l'affiche pour plus d'information.