Le portrait au XVIIIe siècle suivant Odieuvre

Par Hugues
Amis Bibliophiles bonjour,Michel Odieuvre est le marchand d’estampes emblématique du portrait illustrant les livres du XVIIIe siècle. Voltaire ironique, le cite dans sa correspondance à plusieurs reprises pour se faire immortaliser.  Odieuvre naquit en 1687 en Normandie. Peintre, il s’installe à Paris comme marchand d’estampes vers 1738, quai de l’Ecole, vis à vis la Samaritaine du Pont-Neuf. Il tient boutique en compagnie de sa femme. En 1745 il a déménagé rue d’Anjou, la dernière porte cochère entrant par la rue Dauphine. Il finira en 1755, rue des postes, cul de sac des vignes au Faubourg Saint-Marceau. Très tôt il spécialise sa boutique dans les portraits et fait travailler de nombreux graveurs : Schmitt, son élève Jean Georges Wille, Etienne Ficquet (qui grave les rois de France), Charles Eisen, Etienne Fessard, François Ravenet, Jean-Joseph Baléchou (qui gravera le portrait en buste de Voltaire), Pierre-François Basan ... Tous se plaignent qu’il payait peu, mais vite.   
S’inspirant probablement d’éditions antérieures illustrées de portraits in-4°, comme celle de l’histoire du règne de Louis XIV de Limiers (Amsterdam, 1720), il constitue ainsi des suites de portraits destinées à illustrer des éditions nouvelles. Parmi d’autres : l’Histoire Universelle de J-A. de Thou  (“Londres”, 1734), les mémoires de Commines (1747), Histoire du règne de Louis XIV par Reboulet (1744), Nouvel abrégé chronologique de l’Histoire de France (de Hénaut, 1749), l’Histoire de France du père Daniel (1755), les mémoires de Condé (1743), les mémoires de Maximilien de Béthune, duc de Sully...Ce dernier livre par exemple en français modernisé par Monsieur L’abbé De LEscluse Des Loges (M.L.D.L.D.L.), publié à Londres (en réalité Paris) en 1745, en trois tomes in-4° comporte, semble-t-il le plus souvent, deux portraits seulement (Henri IV et Sully)-ou pas de portrait du tout?-, mais une suite a été vendue par Odieuvre avec une liste recto-verso de 56 portraits. Cette liste manque souvent. La suite ayant été enrichie par les bibliophiles de portraits vendus à la feuille, on rencontre des livres avec 56, 57, 58, 67 voire 76 portraits. Ceux-ci sont de beaucoup préférables et parfois superbement reliés.
Tous ces portraits et beaucoup d’autres seront petit à petit réunis dans un recueil de 592, 600 ou 602  figures en six volumes commenté par l’avocat Dreux du Rabier “l’Europe illustre, contenant l’histoire abrégée des souverains, des princes, des prélats, des ministres, des grands capitaines, des magistrats, des savants, des artistes et des dames célèbres en Europe dans le XVe siècle compris jusqu’à présent...” publié en 1756.Les commandes d’Odieuvre auprès de ses graveurs ne suffisaient bien sûr pas et il racheta divers fonds réutilisant et re-cadrant des oeuvres parfois fort usées des siècles précédents signées à l’occasion par Thomas de Leu, Léonard Gaultier, Poilly  ou Edelinck ainsi que le fond de Baltazar Moncornet. Ces  cuivres anciens recoupés étaient placés, comme presque tous les autres, dans un ovale reposant sur un piédestal, la plinthe servant de cartouche, le tout sur fond azuré pourvu d’un encadrement baroque occupant ainsi le format in-4°.Odieuvre mourut en 1756 à Rouen en voyage d’affaires mais ses portraits continuèrent d’être imprimés.
Lauverjat