Dans la série des traditionnelles prédictions de début d'année, je vous propose aujourd'hui les miennes, autour des technologies dans les banques françaises.
Mais, pour changer un peu de format, je vous présente 5 idées qui, à mon avis, ne décolleront pas en 2011. A ceux qui verraient là un excès de pessimisme, un seul conseil : prenez cet article comme un défi et prouvez-moi que j'ai tort !
PFM
Les analystes ont beau répéter que le PFM (ou gestion de finances personnelles) est l'avenir de la banque en ligne et en constitue le prolongement naturel, les banques américaines et quelques européennes (dont BBVA) se laissent convaincre (en masse, pour les premières) mais les exemples français restent rares (citons tout de même Boursorama et la timide tentative de gestion de budget de Monabanq).
En 2011, nous verrons peut-être la première initiative d'une grande banque mais je suis convaincu que celle-ci restera en-deça de nos attentes. Nous devrons encore attendre pour que les solutions proposées intègrent l'agrégation de compte multi-établissements et les fonctions "sociales" (de comparaison entre pairs, d'échange de conseils et de recommandations...), qui donnent une nouvelle dimension à la gestion de finances personnelles.
Pourtant, les clients sont demandeurs, comme le démontre (de mon point de vue) le succès des applications pour iPhone de Société Générale ("L'Appli") et du Crédit Agricole ("Mon Budget"), qui esquissent ce que pourrait être le PFM intégré à la banque en ligne.
En attendant le réveil des banques, ce sont des acteurs indépendants, comme Linxo, qui occupent le terrain...
Paiement mobile
Le paiement sans contact sur mobile nous est promis, depuis bientôt 10 ans, comme la prochaine révolution du secteur financier. Il ne se concrétise pourtant toujours que dans des expérimentations locales, au succès discutable (voir par exemple les - seulement - 2500 utilisateurs conquis en 6 mois de test à Nice).
La situation est pourtant en train d'évoluer, notamment avec l'arrivée de la technologie NFC dans les téléphones mobiles (sur Android, par exemple).
Mais l'essentiel reste à faire : convaincre les consommateurs de l'intérêt d'utiliser leur téléphone pour payer et les commerçants de la valeur qu'ils peuvent retirer de l'investissement qu'ils devront consentir (sans parler des frais de transaction qui leur seront facturés). De ce côté, rien de sérieux n'a été fait et même si un lancement de masse devait intervenir, il tournerait probablement au fiasco faute d'adhésion des principaux intéressés.
Autre versant du sujet, le paiement P2P ("pair à pair") sur mobile a, lui, toutes les chances de décoller. Je ne crois cependant pas que ce sont les banques qui vont le plus profiter de cette tendance émergente, malgré les expérimentations lancées de longue date (par exemple celle du Crédit Mutuel avec Pay2You). Entre les innovations presque quotidiennes d'une multitude de startups et la percée de PayPal, le marché est déjà encombré et si un établissement français devait y entrer, la meilleure stratégie serait de s'associer à un de ces acteurs.
Banque mobile
La banque mobile a connu une année 2010 faste, en particulier avec le développement d'applications pour l'iPhone et, plus récemment, pour l'iPad d'Apple, par tous les grands établissements français. Et les propriétaires d'autres téléphones n'ont pas été totalement délaissés avec de nouvelles versions des sites mobiles de banque en ligne et les premières applications pour BlackBerry, Android, Windows Phone...
En toute logique, 2011 devrait voir ces efforts se poursuivre, en particulier vers les clientèles de non particuliers. Si quelques solutions sont offertes aux trésoriers d'entreprise, le secteur des professionnels et des PME reste encore peu gâté et pourra constituer la prochaine cible.
Ce qui ne se produira pas cette année, en revanche, c'est une véritable innovation dans la banque mobile. Aujourd'hui et malgré quelques idées originales, les applications proposées aux clients sont encore trop proches des outils de banque en ligne traditionnels et ne ciblent pas les besoins spécifiques des utilisateurs "en mouvement". Une réflexion de fond est nécessaire pour capitaliser sur cette particularité et elle n'a malheureusement pas encore été entamée.
Cloud computing
Bien que le cloud, sous toutes ses formes (interne ou externe, SaaS, PaaS ou IaaS), soit présenté comme un vecteur d'agilité et, in fine, de réduction des coûts d'infrastructures informatiques, le sujet continue à susciter la méfiance et les réticences des DSI. Leur préférence pour le statu quo et le retour de la croissance des budgets aidant, il est peu vraisemblable qu'une banque annonce une adoption stratégique en 2011.
Je ne doute pas que des initiatives locales vont se développer, pour des besoins internes aux DSI (plates-formes de test ou de développement, par exemple) ou sous la pression de certains utilisateurs (lassés par les délais de mise en oeuvre des projets classiques). Mais ce n'est pas encore en 2011 que nous verrons une institution financière adopter la messagerie GMail de Google ou utiliser AWS (Amazon Web Services) pour réaliser ses calculs de risques ou de valorisation de portefeuille, pour ne citer que ces exemples...
Green IT
Quand la crise financière et l'envol des prix de l'énergie frappaient les entreprises, le "Green IT" avait le vent en poupe. Sauf à être totalement naïf, il ne faisait alors aucun doute que les efforts faits dans le domaine avaient pour premier objectif de réduire les coûts. Mais la perte totale d'intérêt pour le sujet qui transparaît actuellement laisse tout de même un goût amer...
J'espère sincèrement me tromper dans cette prédiction mais, sauf rechute de l'économie mondiale ou nouvelle flambée des prix de l'énergie (qu'on ne souhaite évidemment pas), l'espoir est mince de voir relancées de grandes initiatives pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les grandes banques françaises. Certes, les projets déjà démarrés se poursuivent, mais les plus grands chantiers restent au fond des tiroirs comme l'illustre, par exemple, la stagnation de la virtualisation.
Pourtant les bénéfices sont toujours à portée de main, non seulement pour l'environnement mais aussi pour la maîtrise des coûts. La relance des projets gouvernementaux de taxe carbone sera peut-être le déclencheur d'un nouvel engouement des DSI (comme c'est le cas dans certaines régions du monde). Mais combien de temps faudra-t-il encore attendre ?