BAE Systems a annoncé avoir développé avec succès un prototype de laser qui servira comme un moyen de dissuasion non létal contre les attaques des pirates sur les navires commerciaux tels que les pétroliers et les navires porte-conteneurs.
La piraterie toujours dans l’actualité
Les chiffres du bureau maritime international sont clairs: il y a eu 430 attaques à travers le monde l’an dernier (dont une majorité au large de la Somalie), soit une hausse d’environ 6% par rapport à l’an dernier. De plus en plus d’agents de la navigation commerciale sont à la recherche de moyens pour se prémunir des attaques tout en évitant les gardes armés sur leurs navires. C’est en visant ce marché que BAE Systems a réalisé une étude sur le comportement des pirates et a élaboré un laser d’aveuglement non létal, c’est à dire qui ne laisserait que des effets temporaires, pour dissuader à distance les agresseurs potentiels.
L’optronique comme réponse possible
Les chercheurs du département optique et laser au sein au sein de leur centre pour les technologies avancées ont mené un certain nombre d’expériences pour évaluer la faisabilité d’un laser non létal d’éblouissement. Le faisceau laser serait capable de fournir un avertissement visuel aux pirates à des distances supérieures à 2 km, et de désorienter les attaquants à plus courte distances afin que leurs armes ne puissent être efficacement mises en oeuvre. L’effet est semblable à l’éblouissement que perçoit un pilote de chasse lorsqu’il a le soleil en vision directe. Cet éblouissement par laser serait suffisamment intense pour rendre impossible la visée avec des armes comme des AK47 ou des lances-roquettes, mais sans avoir un effet permanent.
Des essais concluants
Le laser, basé sur une technologie Nd: YAG (Néodyme : Yttrium Aluminium Grenat), a été testé pendant la nuit et le jour dans des conditions météorologiques variées à l’usine de Worcester. Des caméras ont été placées à l’emplacement cible de mesurer le niveau de l’intensité du faisceau et la divergence à cette distance. Des techniques de modulation de faisceau ont également été testées pour parvenir à un effet d’éblouissement plus prononcé et pour une utilisation multicibles.
La sécurité laser
Point essentiel, BAE assure que le système règle l’intensité du faisceau en tenant compte de la portée de la cible ainsi que des conditions atmosphériques afin de garantir la sécurité oculaire quel que soit l’emploi de cette arme de dissuasion. Nous l’avons rappelé dans l’article consacré à la mythologie autour de l’arme laser, les armes aveuglantes, susceptibles d’infliger des brûlures définitives aux rétines, sont formellement prohibées par la résolution 48/79 des Nations unies à l’issue de l’adoption du protocole de Vienne, dit protocole IV. L’usage des laser dans le domaine miliaire est également encadré par les articles 35 §2 et 36 du protocole additionnel de 1977 aux conventions de Genève relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux.
Un projet anti-piraterie global
Le chef de file du programme anti-piratage chez BAE le déclare, l’éblouissement laser fait partie d’un programme plus large de technologies anti-piratage en cours d’élaboration par BAE Systems, y compris les systèmes radar, qui utilise l’expertise et les connaissances issues du domaine militaire. Lorsqu’il sera monté à bord de navires commerciaux, le système d’éblouissement laser pourrait utiliser sa propre capacité de ciblage ou de s’interfacer avec les radars des navires et des systèmes de capteurs pour contrôler la direction et la puissance du faisceau. Il pourrait donc travailler en mode semi-autonome et comprendrait également des fonctions de sécurité afin de s’assurer qu’il n’a pas pourra pas être utilisés par les pirates s’ils sont montés à bord du navire.
C’est un coup de semonce contre des pirates à la recherche de cibles d’opportunité, mais cela ne dissuadera pas les pirates les plus déterminés. L’optronique dépasse donc une fois encore son domaine militaire pour proposer d’ici un an des solutions de sécurité au commerce maritime international.
Sources:
- communiqué de presse de BAE du 10 janvier 2011
- article du 9 janvier 2011 sur newscientist.com