A propos des 35 heures, Guillaume Bachelay, Vice-Président de la Région Haute-Normandie, secrétaire national du parti socialiste, répondait à la presse régionale en revenant sur ce sujet dont l’actualité a fait la une ces temps-ci.
Quel bilan tirez-vous des 35 h aujourd’hui ?
Entre 1998 et 2002, elles ont créé 350 000 emplois. Ces derniers mois, alors que les carnets de commandes chutaient à cause de la crise, bien des entreprises n’ont pas licencié grâce aux RTT et aux comptes épargne-temps. Les salariés français sont parmi les plus productifs d’Europe : en 2009, ils ont travaillé en moyenne 1550 heures contre 1390 pour les Allemands par exemple. Bien sûr, le passage aux 35 h ne s’est pas fait de la même façon dans la multinationale et la PME, dans les services, l’industrie ou à l’hôpital. Mais si le gouvernement de la gauche a dû recourir à la loi générale en 1997, c’est parce que le MEDEF du baron Seillière a quitté la table des négociations, empêchant le dialogue social, donc les accords dans les branches professionnelles.
La droite au pouvoir s’est parfaitement accommodée des 35 h jusque là. Pourquoi, selon vous, prendrait-elle le risque de les remettre en question maintenant ?
Pour masquer, avant 2012, l’échec du slogan “ travailler plus pour gagner plus ”. En choisissant de subventionner massivement les heures supplémentaires, M. Sarkozy a commis une erreur économique et une faute sociale : il a empêché les embauches, encouragé les contrats précaires et le temps partiel subi, accru le chômage des jeunes et des seniors. Plutôt que de polémiquer sur les 35 h, mieux vaudrait traiter les vraies urgences : comment soutenir l’investissement des entreprises ? comment éviter que le travail dans notre pays soit concentré entre 25 et 55 ans ? comment améliorer la formation, les conditions de travail et les salaires ? comment repenser les temps de la vie ? Ces enjeux seront au cœur du projet socialiste.
La remise en question des 35h par Manuel Valls, approuvée par la droite, fait elle du tort au PS ?
Elle fait surtout du tort à Manuel Valls. On ne sert jamais la gauche en épousant les recettes les plus éculées de la droite la plus conservatrice.
Pensez-vous que les salariés sont prêts à accepter, après l’abandon de la retraite à 60 ans, un allongement de leur temps de travail quotidien en revenant aux 39h ?
Après les retraites et avant de privatiser la santé, certains à l’UMP ont les 35h dans le viseur. Ils se heurteront aux salariés car relever la durée légale du travail se traduirait aussitôt par une baisse des salaires. Mais ils risquent aussi de fragiliser les entreprises. Dans les PME, le commerce, l’artisanat, on a besoin de stabilité juridique et fiscale, de souplesse aussi comme le permet la législation actuelle, pas de changer les règles du jeu en permanence.
Article LIBERTE DIMANCHE, 9 janvier 2011