Du pop corn dans la tête, d'Edith Azam (par Alain Helissen)
Par Florence Trocmé
Jacques Demarcq a beau essayer d’ausculter Edith Azam en préface de ce livre qu’il décrit comme un « solimoque », le manque d’effort de cette dernière semble compromettre tout espoir de guérison. « L’important, précise le préfacier, est dans les miettes de langage. » Vas-y voir, toi, quand t’as comme qui dirait un « embrassadeur » qui te farfouille de la langue dans ta bouche alors que t’essaies juste de ne pas faire le moindre effort susceptible de rajouter à ta fatigue. Et puis, en plus, y’a Kopan-Bretan qui pousse pour que je fasse de « l’XXXZZZRRRcice, des mots pareils c’est la torture c’est bon pour se défigurer… » Pas sûr qu’il soit vraiment méchant « mais j’ai b’soin d’ça pour faire mon livre. » J’ai besoin de jargoniser aussi parce que « jargoniser c’est inventer des mots pour tromper la mort » si tu veux l’savoir. Et puis, comme si ça suffisait pas, y’a une mouche qui m’empêche de popcorner en paix. « Ça m’stresse le langage, ça m’stresse », surtout que le jour numéro 2 « l’embrassadeur l’a bouffé Mouche. » Même qu’après, le jour numéro 3, « il a les poumons en feu et moi vais faire une dépressipice nerveuse… » Pris par la dramaturgie du texte, j’allais oublier les illustrations, pourtant très nombreuses, qui mettent en scène un « élastikanimal » dans une suite de contorsions désopilantes. « Tout se fracture si vite », lit-on à sa dernière apparition. Du pop corn dans la tête, comme les précédents ouvrages d’Edith Azam, semble emprunter au jeu ou à la farce une écriture dont la drôlerie apparente ne cache pas un combat solitaire contre la mort. « Je boxe contre la nuit, je boxe dans l’autre sens et c’est le jour. » La partie se joue dans la tête, à mots nus et à guichets fermés.
Alain Helissen
Du pop corn dans la tête, Edith Azam,Editions Atelier de l’Agneau. 98 pages, 15€.