Vous vous souvenez sans doute de Lisbeth Salander,...

Publié le 10 janvier 2011 par Mmepastel

Isabel Samaras

John Jesse Jesse

John John Jesse

Matthiew Peck

Nicoletta Ceccoli

?

Benjamin Lacombe ?

Nicoletta Ceccoli

Vous vous souvenez sans doute de Lisbeth Salander, l’héroïne originale de Stieg Larsson, l’auteur du phénomène Millenium.

J’avais moi-même succombé au suspense de sa trilogie, étonnée moi-même de ma fascination pour ces histoires de hackers et de comptes gouvernementaux crypto-nazis (d’ailleurs, je me rends compte que je ne me souviens absolument pas de l’histoire), dont a priori je me fous comme d’une guigne… De plus, le style (ou la traduction ?) n’étaient pas vraiment de mon goût ; des phrases telles que : “Il se fit un café.” ou “Il descendit de l’immeuble et gagna sa voiture.”, ne m’apparaissaient ni particulièrement palpitantes, ni particulièrement poétiques…

Et pourtant… J’avais dévoré, comme tout le monde, les trois tomes. Je pense que c’était dû en large partie au personnage de Lisbeth Salander, la vraie héroïne de la trilogie, qui éclipsait le fameux journaliste un peu fadasse. Voilà une vraie création et une vraie invention à mon sens. Une héroïne qui cumulait nombre de bizarreries, de caractéristiques antipathiques et qui pourtant finissait par gagner une place de choix dans votre Panthéon mental de copines-héroïnes-de-papier.

Rappelez-vous, elle était (elle est -atemporalité d’une héroïne de roman !) toute menue, “noiraude” dirait Anouilh, constellée de tatouages et de piercings, asociale, lestée d’un lourd passé psychiatrique qui la rend opaque aux autres. Elle est bisexuelle, d’une intelligence hors-pair et dotée d’une mémoire exceptionnelle. En fait c’est un génie moderne, une boule de courage et de détermination atomique aux allures de moineau punk. J’avais adoré ce personnage.

Je me souviens que c’était un vrai plaisir de retrouver chacun de ces pavés, dans cette belle collection soignée de Actes Noirs : couverture glacée noire au liseré rouge, médaillon d’une illustration à l’esthétique accrocheuse (mettant toujours à l’honneur notre personnage féminin), pages épaisses à la police d’écriture typique d’actes Sud que j’aime tant et que je ne trouve pas -celle qui lui ressemble le plus c’est Palatino à ma connaissance, si vous avez mieux vous me le dites-.

Depuis, fleurissent dans les librairies d’autres romans policiers dans cette collection, et j’avais goûté, comme beaucoup je pense, à ce que l’on présentait comme la “cousine” de l’auteur de Millenium, aux romans de Camilla Läckberg, attirée par la ressemblance physique de l’objet-livre. J’avais été assez déçue, malgré le personnage d’Erika, mais pourtant, j’y reviens voyez-vous. Hé oui, envie de ce type de littérature, roman policier calibré, ambiance suédoise, héroïne volontaire et astucieuse. J’ai bien conscience qu’en replongeant dans ces livres (ceux de Camilla Läckberg), je tombe dans un genre de lecture-consommation : je lis quelque chose dont je connais déjà les ingrédients, je n’attends aucun choc esthétique, et je ne veux surtout pas être dérangée dans mon attente, bref, le contraire de la magie de la littérature. Hé ben, oui, je le confesse. Je vais lire un Camilla Läckberg comme j’irais, sur une pulsion légèrement régressive, manger un MacDo.

Bref, ce n’est pas vraiment de ça que je voulais parler. Je voulais aussi parler de l’univers visuel de ces livres, qui, vous vous en doutez, avait accroché chez moi cette part (assez développée) d’enfance, mâtinée d’un soupçon d’étrangeté. D’ailleurs, si on regarde les peintres-illustrateurs utilisés pour ces couvertures, j’y retrouve des noms familiers : Nicoletta Ceccoli et je crois bien reconnaître Benjamin Lacombe pour le tome 4 des aventures d’Erika (merci à Lue de me l’avoir fait remarquer). Les autres sont inconnus de moi : John John Jesse, Isabel Samaras, Matthiew Peck…

Et ça me fait réaliser, peut-être à tort, que le point commun de ces romans est de mettre la femme à l’honneur (Lisbeth et Erika), et d’être suédois ; ce qui laisse à penser que là-bas, ils ont un round d’avance sur nous. Voilà le renouveau du genre policier, une héroïne féminine moderne (eh oui, j’aime beaucoup Miss Marple, mais il faut vivre avec son temps). Et concernant les éditeurs, jouer la carte de l’esthétique macabre et gothique (mais légèrement girly) a été extrêmement astucieux.

Pour lire un article très pointu sur les illustrateurs choisis pour Millenium et la politique discutable (selon cet article) éditoriale de ce graphisme, vous pouvez aller là (site intéressant de toutes façons).